L'accès des PME au crédit est-il bloqué ?

Lors de la première des deux «Journées de l'Association française des trésoriers d'entreprises», la Banque de France a présenté des statistiques rassurantes sur ce point. Elle reste néanmoins vigilante sur les crédits de court terme qui permettent de financer la trésorerie.
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Chiffres à l'appui, Jacques Fournier, le directeur général du service statistiques de la Banque de France est catégorique: l'accès au crédit des PME reste fluide. «Après la crise de 2008-2009, le credit crunch a été évité. Plus de 1.000 milliards d'euros ont été injectés dans l'économie européenne et tous les outils disponibles ont été mis en place simultanément pour ne pas bloquer l'activité», assure-t-il. Trois ans plus tard, pourtant, cette question est régulièrement soulevée par les entreprises et leurs représentants qui estiment que les banques ont durci l'accès au crédit bancaire qui reste leur principale source de financement.

Selon la banque centrale, l'endettement bancaire progresse moins vite actuellement (+4,6% fin septembre 2012 contre +5,7% fin septembre 2011) mais il reste dynamique. Avec l'Allemagne (+2%), la France est l'un des seuls pays à afficher une croissance des crédits bancaires (+0,6% en septembre sur un an) quand celui recule de 1,9% en zone euro (hors France), de 3,1% au Royaume-Uni, de 3,5% en Italie et chute de 5,8% en Espagne.

Moins de dossiers à la médiation du crédit

Pour démontrer que cet accès au crédit ne se resserre pas, Jacques Fournier présente également les dernières statistiques de la médiation du crédit. Selon la banque centrale qui jouer le rôle de secrétariat de la médiation, 300 dossiers sont actuellement déposés chaque mois sur son bureau par les entreprises. La médiation en dénombrait 500 l'année dernière à la même époque.

Un point de vigilance est toutefois à souligner: le prêt à court terme. Selon la prochaine enquête de la Banque de France réalisée auprès de 4.000 chefs d'entreprises qui sera dévoilée à la fin de l'année, un quart d'entre eux se voient refuser leurs demandes de prêts à court terme qui permettraient de soulager leur trésorerie. En revanche, 80% des demandes de prêts à moyen long terme qui financent leurs investissements sont satisfaites.

L'impact de Bâle III

Le dynamisme relevé par la Banque de France peut-il s'essouffler avec la mise en place des règles prudentielles de Bâle III qui contraint les établissements bancaires à respecter des normes sévères en matière de solvabilité et de liquidité? Jacques Fournier n'en est pas vraiment certain même si le ratio de liquidité imposé par cette réglementation peut effectivement peser sur la politique de distribution de crédits des banques, entraînant notamment une hausse de leur coût.  Ses arguments? Les banques françaises n'ont pas de problème à respecter les ratios de liquidité. Dans certains pays, comme l'Allemagne, le changement du modèle de transformation financière qui implique l'utilisation de ressources à court terme afin de financer des investissements ou des crédits à long terme, n'a pas entraîné de baisse de la distribution globale de crédits. «Si la contrainte était si forte, nous devrions observer des tensions sur le crédit à moyen long terme et non sur le crédit à court terme», explique Jacques Fournier qui assure que le ratio de liquidité serait de toutes façons recalibré avant la mise en place progressive de Bâle III entre 2013 et 2019 pour desserrer les contraintes initialement prévues.

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