Les patrons de PME s'estiment insuffisamment considérés par leur banque

Par Christine Lejoux  |   |  447  mots
Avec un revenu annuel de plus de 100.000 euros pour 66% d'entre eux, les patrons de PME constituent un vivier de clients pour les activités de gestion de patrimoine des banques. Copyright Reuters
Les dirigeants de PME éprouvent une satisfaction mitigée à l'égard de leur banque, selon une étude d'Exton Consulting. Ils regrettent notamment un manque de considération et une connaissance insuffisante de leur métier par les banquiers.

A l'heure où les bulletins de fin d'année scolaire approchent, ceux décernés à leurs banques par les PME françaises pourraient comporter la mention : « Peut mieux faire. » En effet, les patrons d'entreprises réalisant un chiffre d'affaires compris entre 3 millions et 50 millions d'euros n'éprouvent qu'une satisfaction « moyenne, mitigée » à l'égard de leur banque, selon une étude publiée lundi par le cabinet de conseil en stratégie Exton Consulting.

Les chefs de petites et moyennes entreprises jugent-ils les services de leur banque trop onéreux ? Non. S'estiment-ils mal conseillés ? Pas davantage. Ce que les patrons de PME reprochent à leur banquier revêt un caractère plus intangible : ils regrettent un manque de considération. « Un tiers des dirigeants n'a pas le sentiment d'appartenir à une catégorie privilégiée par leur banque, contrairement à ce que peuvent ressentir les clients particuliers, pour lesquels les banques ont développé des offres « premium » », décrypte Jean-Marc Breitwiller, associé chez Exton.

Une méconnaissance des métiers des PME

Les patrons de PME pointent également du doigt la connaissance insuffisante que leur banquier a de leur secteur d'activité. Or certains métiers sont plus gourmands en capitaux que d'autres, plus cycliques, plus internationaux, etc. Des spécificités que les banques devraient avoir davantage à l'esprit avant de refuser un crédit, par exemple.


« Deux dimensions doivent être travaillées par les banques : renforcer leur expertise sectorielle et mieux considérer les dirigeants », résume Exton Consulting. L'enjeu est d'importance. Pas seulement parce les PME, avec un chiffre d'affaires global de 836 milliards d'euros, représentent le quart de la clientèle entreprises des banques. Mais également parce qu'elles constituent un vivier pour l'activité de gestion de patrimoine des banques.

Un quart des patrons de PME sont des personnes fortunées

De fait, les deux tiers des 500 dirigeants de PME interrogées sont des personnes aisées, dont le revenu annuel dépasse les 100.000 euros. Un quart d'entre eux dispose même d'un patrimoine financier de plus de 500.000 euros, ce qui les rend éligibles à la banque privée (gestion de fortune), l'une des activités les plus lucratives des banques.

Il serait d'autant plus dommage pour celles-ci de ne pas dorloter les patrons de PME que ces derniers sont des clients fidèles : les trois quarts d'entre eux n'ont jamais changé de banque. « Mais les établissements bancaires doivent rester vigilants. S'ils ne déçoivent pas leurs clients, ceux-ci leur resteront fidèles, quitte à faire pression sur les tarifs bancaires. En revanche, une dégradation de la relation ou de la qualité de service constitue le premier motif pour changer de banque », prévient Fabien Gayno-Amedro, directeur chez Exton.