Bousculé par la Fed, bitcoin fait une incursion sous les 40.000 dollars

Par latribune.fr  |   |  620  mots
(Crédits : Dado Ruvic)
Star des marchés mais aussi auprès d'acteurs institutionnels en 2021, la cryptomonnaie semble désormais adopter les codes de la finance traditionnelle : elle devient victime de l'aversion au risque des investisseurs. Ceux-ci tablent en effet sur un durcissement de la politique monétaire aux Etats-Unis. A cela s'ajoute la crise économique qui agite le Kazakhstan, l'une des terres promises du "minage" de l'actif numérique.

Les années se suivent et ne se ressemblent guère en matière de cours du bitcoin. Tandis que l'an passé à la même période, la doyenne des cryptomonnaies démarrait les premiers jours de l'année en trombe, portée par les incertitudes sur les marchés liés à la crise Covid-19, bitcoin semble cette fois-ci emberlificoté dans les mêmes inquiétudes que les Bourses sur la remontée des taux directeurs de la Réserve fédérale (Fed) aux Etats-Unis. Cet actif, s'échangeant de pair à pair sans le contrôle d'une autorité centrale, et que l'on croyait décorrélé des soubresauts monétaires, est brièvement passé sous les 40.000 dollars lundi, un plus bas depuis fin septembre.

Aussi, depuis le début de l'année, le bitcoin a perdu près de 12% de sa valeur. La semaine dernière, le bitcoin confirmait cette tendance à la baisse. Mais très volatil, il est aussi coutumier des trous d'air, avant de repartir vers les sommets pour réaffirmer sa résilience treize ans après sa création.

En 2021, l'actif, développé via la technologie de la blockchain, a connu une forme de consécration. Et d'en payer aujourd'hui, dans une certaine mesure, les conséquences. De fait, avec l'adoubement de plusieurs fonds institutionnels et bancaires, ces investisseurs plus traditionnels se caractérisent par une aversion au risque, inquiets de voir la Fed resserrer sa politique monétaire.

Autre facteur évoqué, les troubles et la flambée des prix de l'énergie qui agitent actuellement le Kazakhstan, pays d'Asie centrale qui a récupéré une grande partie des fermes de "minage" (de production) du bitcoin, suite à l'interdiction du voisin chinois en 2021 (soit la deuxième nation avec le taux de "hachage" le plus élevé derrière les Etats-Unis, selon la carte du minage de l'Université de Cambridge en août 2021). Pour effectuer les transactions sur la blockchain, le besoin en électricité du bitcoin est en effet pour l'heure considérable.

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La pression sur les valeurs technologiques

Lundi vers 15H10 GMT (16H10 à Paris), le prix de la cryptomonnaie cédait 3,3% à environ 40.900 dollars, une demi-heure après avoir touché un plus bas depuis septembre à 39.663,18 dollars.

La première cryptomonnaie avait profité fin 2020 et en 2021 du flot de liquidités qui abreuvait les marchés en raison de la politique monétaire ultra-souple de la Réserve fédérale américaine.

La perspective d'un durcissement de cette dernière, pour contrer l'inflation, pèse au contraire sur le bitcoin, comme sur les Bourses mondiales.

"Les actions des groupes technologiques, qui sont particulièrement sensibles aux perspectives de hausse des taux, sont sous pression", note Fiona Cincotta, analyste chez City Index. Par construction, les valeurs de croissance sont très dépendantes des niveaux des taux, leur valorisation étant basée sur une actualisation de leurs revenus futurs.

Certains investisseurs considèrent par ailleurs qu'une qualité du bitcoin, son offre limitée à 31 millions d'unités par l'algorithme qui régule son émission, en fait une valeur refuge contre l'inflation, une sorte d'or numérique, qui serait donc moins attractif si la Fed agit.

Prochain rendez-vous pour le marché: les chiffres de l'inflation américaine vendredi.

"Si les données publiées dépassent les attentes du marché, on peut s'attendre à encore plus de ventes de bitcoin car les investisseurs calculent que plus l'inflation est forte, plus la Fed devra agir vite", résume Marcus Sotiriou, analyste chez le courtier de cryptomonnaie GlobalBlock.

(Avec AFP)

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