L'annonce de la Réserve fédérale américaine mercredi aurait du avoir l'effet d'une bombe pour les boursicoteurs de cryptomonnaies. Or, il n'en a rien été : le relèvement plus tôt que prévu des taux directeurs de la Fed, venant durcir l'accès aux liquidités pour les banques, n'a pour l'instant pas profité au bitcoin, la star des cryptomonnaies.
Au contraire, le cours du bitcoin et des autres cryptos ont sérieusement dévissé ce jeudi, avec des baisses de 8% à 15%. Le statut des cryptos était pourtant bien différent quand le bitcoin est apparu en 2021 comme une valeur refuge, face aux torrents de liquidités déversés pour les plans de relance post-Covid, et face à la flambée de l'inflation. Par une sorte de nouvelle corrélation, cette purge sur les cryptos ressemble de près à celle en cours sur les valeurs du Nasdaq, très affecté par les anticipations de hausse des taux. Par construction, les valeurs de croissance sont très dépendantes des niveaux des taux, leur valorisation étant basée sur une actualisation de leurs revenus futurs.
Fin de partie pour l'or numérique?
Qualifié par certain comme le nouvel "or numérique", par comparaison à l'étalon qui, avant la fin des accords de Bretton Woods en 1973, était l'indice de référence sur lequel reposait l'économie mondiale, le bitcoin - très volatil - n'a pas capitalisé sur l'angoisse des taux d'intérêt de la Fed. En pleine pandémie, il a connu deux pics à plus de 64.000 dollars l'unité.
Pour autant, cette tendance à la baisse, après avoir pris jusqu'à +450% sur un an en pleine pandémie, est amorcée depuis un mois (-12,8% selon Bitstamp), soit avant les annonces de la Fed.
A contre courant des interrogations du marché, la banque d'investissement Goldman Sachs vient, avec la fougue des jeunes convertis, de publier mercredi une note sur ses prévisions de 2022 en plaçant le bitcoin très haut dans ses anticipations : le bitcoin pourrait atteindre cette année le pallier symbolique des 100.000 dollars avec le soutien d'investisseurs de plus en plus nombreux en quête de diversification.
Rappelant la capitalisation actuelle du bitcoin à 700 milliards de dollars, la banque américaine la compare ainsi aux 2.600 milliards de dollars investis, sous une forme ou une autre, dans l'or. Goldman Sachs estime que bitcoin pèse 20% du marché des réserves de valeur (métaux, devises). Or, s'il atteint les 50% sur ce marché, son prix dépassera les 100.000 dollars l'unité, selon la banque qui fait le pari des nouveaux usages liés à l'essor des nouvelles monnaies privées qui s'échangent de pair à pair.
Il faut dire qu'aux États-Unis, le bitcoin connaît une période faste. Sa notoriété est exponentielle auprès des investisseurs particuliers et la ville de New York compte même y adosser une nouvelle monnaie locale pour développer des services financiers.
A la tête de la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme de la Bourse de New York, Gary Gensler, un fin connaisseur des cryptomonnaies, a aussi pu rassurer sur les intentions du régulateur sur le sujet de la réglementation. Rappelons que Gary Gensler est également un ancien banquier de Goldman Sachs.
Goldman Sachs n'a d'ailleurs pas toujours embrassé la technologie et le protocole Bitcoin. En 2018, en raison des incertitudes réglementaires, la banque d'affaires avait finalement reporté son projet de plateformes d'échanges. Trois ans plus tard, il revenait se positionner avec la création d'un tableau de bord des actifs numériques. Surtout, après de nombreuses réticences, l'année 2021 aura été marqué par une forme d'adoubement de la finance traditionnelle sur cet actif autrefois controversé.
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