La BCE relance son programme d'achats d'actifs

Par latribune.fr  |   |  538  mots
(Crédits : Kai Pfaffenbach)
Pour soutenir l'activité économique en berne dans la zone euro, la Banque centrale européenne va relancer, à compter du 1er novembre et pour une durée indéterminée, son programme de rachats d'obligations à raison de 20 milliards d'euros par mois. Le taux de dépôt va lui passer à -0,50%.

Super Mario a tenu ses promesses. À l'occasion d'une conférence de presse très attendue, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), a sorti le grand jeu monétaire, en baissant l'un de ses taux et en relançant ses rachats nets de dette, pour stimuler une économie au ralenti en zone euro. Ces mesures ne constituent pas une surprise et étaient très attendues par les marchés depuis le 25 juillet dernier où Mario Draghi avait évoqué ouvertement la possibilité de baisser les taux d'intérêt.

Mais la mesure phare - et sans doute la plus controversée - porte sur la réactivation des rachats de dette publique et privée, à raison de 20 milliards d'euros par mois à compter de 1er novembre prochain pour une période indéterminée, financée par de la création de monnaie. Cette puissante arme anti-crise, baptisée "QE" pour "Quantitative Easing", a déjà été déployée entre mars 2015 et fin 2018. Au total, 2.600 milliards d'euros ont ainsi été déversés sur les marchés.

Un taux de dépôt à -0,50%

La BCE a aussi annoncé l'abaissement du taux de dépôt frappant les liquidités excédentaires des banques, déjà négatif depuis 2014, pour le porter de -0,40% à -0,50%. La mesure était attendue et largement plus consensuelle. L'idée est de dissuader plus fortement les banques de laisser leur excès de trésorerie au guichet de la BCE, pour les encourager plutôt à les prêter aux ménages et aux entreprises.

Par ailleurs, le taux "de refinancement", qui permet aux banques de se financer sur une semaine, a lui été maintenu à 0%, son niveau le plus bas où il campe depuis trois ans.

Comme attendu, la BCE a également annoncé une mesure pour compenser les effets négatifs sur les banques des taux de dépôts négatifs, qui revient à les taxer. Ainsi une partie des liquidités ne seront pas soumises aux taux négatifs. Par ce biais, la banque centrale cherchera à réduire la facture estimée à environ 7,5 milliards d'euros en 2018 et principalement supportée par les banques allemandes et françaises.

Prévisions de croissance et d'inflation à la baisse

Elle anticipe par ailleurs de nouvelles baisses des taux, abandonnant également dans son communiqué toute échéance pour les relever.

L'institution présidée par Mario Draghi s'était montrée déterminée lors de sa dernière réunion de juillet à redoubler d'efforts pour stimuler l'activité et les prix, alors que l'inflation demeure éloignée de son objectif "proche mais en dessous de 2%" en zone euro.

L'institution de Francfort a d'ailleurs abaissé ses prévisions d'inflation en zone euro pour 2019, 2020 et 2021. Elle s'attend pour ces trois années à voir les prix progresser respectivement de 1,2%, 1,0% et 1,5%, contre respectivement 1,3%, 1,4% et 1,6% lors de ses précédentes prévisions de juin.

La BCE a aussi abaissé ses prévisions de croissance économique de la zone euro pour 2019 et 2020. La Banque centrale mise sur une hausse du Produit intérieur brut (PIB) de 1,1% cette année (contre 1,2% prévu auparavant) et de 1,2% l'an prochain (contre 1,4%). Pour 2021, la BCE continue à miser sur une hausse de 1,4%.

(Avec AFP)