La néobanque N26 ne contrôlerait pas assez l'identité des clients

Par Delphine Cuny  |   |  494  mots
L'envoi d'une photo de la pièce d'identité "n'est pas une méthode sécurisée de détermination de l'identité" selon la BaFin. (Crédits : N26)
Le gendarme financier allemand, la Bafin, estime que la procédure d'authentification par simple photo d'une pièce d'identité n'est pas conforme aux exigences anti-blanchiment.

[Article mis à jour à 17h55 avec réaction de N26]

"Un compte courant en 8 minutes" promet N26 sur son site, "garanti sans paperasse". C'est l'une des clés du succès de cette banque mobile allemande, qui revendique plus de 1,5 million de clients en Europe, dont 200.000 en France. Mais sa méthode d'authentification ne plaît guère à l'Autorité fédérale de supervision financière allemande, la BaFin. La néobanque berlinoise, qui dispose d'une licence bancaire auprès de la Bundesbank et est reconnue comme institution financière par la BCE, risque de devoir revoir le processus d'"enrôlement" des clients : elle propose d'ouvrir un compte en envoyant simplement une photo de sa pièce d'identité depuis un smartphone ou un ordinateur. Or, des tests effectués par le magazine économique "Wirtschaftswoche" ont montré qu'il est possible d'ouvrir un compte sur N26 avec des faux papiers d'identité.

Cette procédure de contrôle d'identification n'est "pas conforme aux exigences de la loi sur le blanchiment d'argent", considère la Bafin, citée par l'hebdomadaire allemand. "Ce n'est pas une méthode sécurisée de détermination de l'identité."

Le régulateur aurait pris les "mesures de surveillance nécessaires".

Contrôle physique ou chat vidéo

En Allemagne, les cartes d'identité doivent être vérifiées avant l'ouverture d'un compte, soit dans une agence, soit dans un bureau de poste via le service Postident de la Deutsche Post, soit via un entretien vidéo. N26 suivrait bien cette procédure (avec vidéo chat) en Allemagne, mais pas dans d'autres pays européens, notamment au Royaume-Uni et au Portugal. Or, le régulateur portugais ne pourrait intervenir contre cet acteur supervisé en Allemagne.

"La sécurité est la priorité de N26" assure la néobanque dans un message. "D'après nos analyses, la méthode de vérification d'identité par photo n'entraîne pas d'augmentation du risque de fraude en comparaison avec les autres méthodes de vérification d'identité par appel vidéo ou Post-Ident" affirme-t-elle.

La startup berlinoise insiste sur le fait que, "une fois que l'identité du client a été vérifiée, nous procédons à la surveillance continue des transactions effectuées." En revanche, elle conteste les griefs de l'hebdomadaire allemand.

"Contrairement aux déclarations de Wirtschaftswoche, le recours à la méthode de vérification d'identité par photo, comme le fait N26, est bien légalement autorisé. N26 travaille avec un prestataire de services de paiement réglementé, SafeNed, à cet égard."

En France, la Société Générale a lancé en début d'année la possibilité de s'authentifier par un simple selfie, en s'appuyant sur la technologie de reconnaissance faciale et le contrôle par algorithme des pièces d'identité (avec la société française Idemia). Les banques en ligne françaises demandent un premier versement pour valider la demande d'ouverture de compte après téléchargement des pièces d'identité scannées.