Les renouvelables tirent les investissements verts non cotés

Par Dominique Pialot  |   |  491  mots
Les énergies renouvelables représentent 47% des investissements réalisés dans les actifs verts non cotes en Europe. (Crédits : Christian Hartmann)
Les projets d’éolien et de solaire représentent la moitié des 60 milliards d’euros investis dans les actifs verts non cotés en Europe. Ce montant, encore loin des 180 milliards nécessaires pour la transition énergétique, pourrait évoluer si ces investissements n’attirent plus seulement pour leurs rendements mais aussi pour leur caractère environnemental.

Les projets d'énergies renouvelables présentent des retours sur investissements intéressants : 8,9% pour les parcs en fonctionnement, et jusqu'à 13,3% pour les projets en développement. De quoi séduire les investisseurs, y compris ceux qui ne sont pas particulièrement intéressés par le caractère environnemental vertueux de leurs placements. Rien d'étonnant à ce que l'éolien et le solaire représentent une part importante (47%) des investissements dans les actifs verts non cotés. Ce sont d'ailleurs les fonds infrastructures qui représentent les trois-quarts des fonds verts. Le Royaume-Uni est de loin l'État membre le plus dynamique, devant l'Allemagne et la France.

Poches d'investissements verts chez les investisseurs institutionnels

Selon l'étude réalisée sur le sujet par le centre de recherche de Novethic en partenariat avec l'Ademe, 223 fonds européens ont investi au total près de 60 milliards dans ces actifs. Ce montant, pourtant en progression depuis 2016 et le tournant de la COP21, ne représente que 6,5% des encours non cotés européens, une proportion déjà moins anecdotique que celle des fonds verts cotés, qui ne pèsent que 1% des encours européens.

Quoi qu'il en soit, même en additionnant ces deux compartiments, on reste loin des montants évalués par la Commission européenne dans le cadre de son plan sur la finance durable pour atteindre les objectifs de la transition énergétique, qui s'élèveraient à 180 milliards d'euros par an d'ici à 2030.

Mais plusieurs signes tendent à montrer que le marché évolue. Les investisseurs institutionnels sont de plus en plus nombreux à créer des poches spécifiquement dédiées aux investissements verts, sans doute en réponse à la prise de conscience qui gagne à la fois l'opinion publique, les pouvoirs publics et les entreprises. En outre, grâce à l'innovation technologique, de plus en plus de projets cumulent rendements élevés et vertu environnementale, au-delà des seules énergies renouvelables.

Des dispositions françaises étendues au reste de l'Europe

Par ailleurs, si pour l'heure ces retours relativement intéressants réservent ces actifs verts non cotés à une typologie d'investisseurs peu intéressés par l'environnement, cela pourrait évoluer à l'avenir. Pour l'heure, seuls certains investisseurs institutionnels publics tels que la Banque européenne d'investissement (BEI) exigent des fonds dans lesquels elles investissent qu'ils leurs fournissent des précisions sur leur stratégie environnementale. Mais ce reporting vert pourrait s'étendre puisque le plan sur la finance durable en cours d'élaboration à la Commission européenne prévoit que l'ensemble des investisseurs institutionnels renforcent leurs exigences en matière de transparence sur le sujet.

Ce principe existe déjà en France dans le cadre de l'article 173 de la loi sur la transition énergétique et la croissance verte. Autre inspiration française qui pourrait s'étendre au reste de l'Europe : un Ecolabel destiné à flécher les fonds vers les actifs verts, à l'image du label TEEC (Transition énergétique et écologique pour le climat).