Livret A : la décollecte reprend

Par Mathias Thépot  |   |  552  mots
En 2015, la décollecte du livret A a atteint 9,29 milliards d'euros
Après un mois de décembre 2015 dans le vert, les encours du livret A ont repris leur marche en arrière en janvier. Le taux du produit d'épargne préféré des Français a été maintenu à 0,75 % en février.

Après une année 2015 où la collecte du livret A fut négative durant chaque mois à l'exception de mars et de décembre, pour atteindre - 9,29 milliards d'euros, l'année 2016 repart sur les mêmes bases pour le livret d'épargne préféré des Français. La décollecte du livret A a ainsi atteint 810 millions d'euros en janvier. En parallèle, la collecte de l'autre livret d'épargne réglementé phare en France, le livret de développement durable (LDD),dont le taux est le même que celui du livret A, a baissé de 320 millions d'euros en janvier, après une décollecte de 1,72 milliard d'euros en 2015.

Taux maintenu à 0,75 %

Les deux livrets, dont la grande majorité des encours est centralisée à la Caisse des dépôts (CDC) pour financer le logement social, souffrent de leur faible rémunération annuelle. Celle-ci a même été maintenue récemment à 0,75 %, alors que, selon la formule de calcul en vigueur, elle aurait dû baisser à partir du 1er février 2016 à 0,5 %. Mais le nouveau gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a proposé au ministère des Finances de maintenir le taux du livret A. Ce que Michel Sapin a accepté.

Une hausse de l'inflation prévue

"Le Gouvernement a décidé de maintenir le taux du Livret A inchangé à 0,75 %. Il sera ainsi dérogé à l'application mécanique de la formule de calcul du taux du Livret A, qui aurait, en l'absence de correctif, conduit à un taux du Livret A de seulement 0,50 %", expliquait mi-janvier Bercy dans un communiqué. La Banque de France arguant de son côté que "compte tenu des perspectives d'une légère augmentation de l'inflation en 2016 (...) il est justifié de déroger à la stricte application de la formule de calcul en vigueur, ainsi que le règlement en prévoit la possibilité".

Un niveau de rémunération élevé ?

De son côté, le directeur général de la CDC Pierre-René Lemas s'est aussi prononcé en faveur du maintien du taux. Pourtant, son institution voit d'un bon œil la décollecte progressive sur les livrets d'épargne réglementés. En effet, pour les Fonds d'épargne de la CDC - l'entité qui centralise les encours de livret A pour le compte de l'institution - un taux de 0.75 % à rémunérer chaque année aux ménages, dans le contexte actuel de taux historiquement bas, reste relativement élevé. En effet, il vient s'ajouter à cela la commission payée aux banques de 0,4%, aux frais de fonctionnement et aux frais de dossiers.

Une baisse des encours bienvenue

Or, en ce moment, les activités de prêts aux HLM et aux collectivités de la CDC, qui sont soumises à la concurrence, ainsi que les activités de placements financiers, se font à des taux très bas. Certes la maturité du portefeuille financier des Fonds d'épargne, placé de fait à des taux plus haut, leur permet de voir venir. Mais la filiale de la Caisse des dépôts pourrait se retrouver en difficulté au fur et à mesure que les titres financiers qu'elle détient arrivent à échéance. Pour la Caisse, une baisse des encours du livret A et du LDD, qui s'établissent désormais en cumulé à 356,1 milliards d'euros, n'est donc pas si mal venue.