Rachat de Credit Suisse : UBS préfère se passer des aides de l'Etat et de la banque centrale

Par latribune.fr  |   |  714  mots
(Crédits : Reuters)
Le 19 mars, UBS avait accepté en urgence de reprendre Credit Suisse pour 3 milliards de francs suisses. Pour réaliser le sauvetage, les autorités helvétiques et la banque centrale avaient consenti des aides financières exceptionnelles de 9 milliards de francs suisses.

[Article publié le vendredi 11 août 2023 à 09h10 et mis à jour à 12h15] Finalement, le géant bancaire suisse UBS a décidé de mettre volontairement un terme aux accords de soutien de l'Etat et de la banque centrale destinées à faciliter le rachat de Credit Suisse, estimant qu'elles ne sont plus nécessaires, annonce-t-il ce vendredi.

UBS, qui a repris son ex-rivale au terme de négociations dans l'urgence avec les autorités suisses en mars pour éviter sa faillite, s'était vue accorder un soutien de 9 milliards de francs suisses (9,3 milliards d'euros) par la Confédération, assorti de prêts de liquidités de la banque centrale de 100 milliards de francs. Ces prêts permettaient de veiller à ce que les deux banques disposent de suffisamment de liquidités pour procéder au rachat. Ces aides avaient été jugées nécessaires pour protéger UBS contre les risques de pertes extrêmes dans la mesure où UBS n'avait eu qu'un temps « très limité » pour étudier les actifs de Credit Suisse lors des négociations, menées dans l'urgence le temps d'un week-end.

Une résiliation des accords prenant effet le 11 août

Après avoir examiné les actifs couverts par les mesures de soutien du gouvernement, UBS en a conclu que celles-ci n'étaient plus nécessaires. Par conséquent, UBS a demandé une « résiliation volontaire » des accords avec la Confédération, prenant effet le 11 août. UBS va verser 40 millions de francs à la Confédération à titre de compensation pour la mise en place de ces mesures. La banque a également fait savoir que Credit Suisse a entièrement remboursé les prêts d'aide supplémentaire sous forme de liquidités octroyés par la banque centrale.

Cette levée de la garantie de l'Etat est « une bonne nouvelle pour la Confédération », a déclaré la ministre des finances, Karine Keller-Sutter, lors d'un point presse. Le remboursement des liquidités est « un signal fort », selon elle, alors que le dossier Credit Suisse a apporté son lot de « nuits blanches », a-t-elle reconnu.

Les mesures de soutien octroyées par le gouvernement, la Banque nationale suisse (BNS) et la Finma, l'autorité de régulation des marchés, s'étaient « avérées nécessaires en raison de la grave crise de confiance que traversait le Credit Suisse », a souligné la BNS dans un communiqué. Compte tenu des prêts déjà accordés dans les jours précédents les négociations, les prêts octroyés par la BNS ont atteint « un montant maximum de 168 milliards de francs », précise-t-elle tout en soulignant que ces prêts avaient été « intégralement remboursés ». Le 19 mars, UBS avait accepté de reprendre Credit Suisse pour 3 milliards de francs suisses.

Lire aussiConfirmation : UBS va racheter Credit suisse, les salariés s'inquiètent pour l'emploi

« Dans cette situation d'incertitude exceptionnelle, le rachat du Credit Suisse par UBS a permis de trouver une solution afin de garantir la stabilité financière et de protéger l'économie suisse », a souligné la BNS dans son communiqué.

Calmer « le débat politique »

A 9H32 GMT, l'action UBS bondissait 5,08% à contre-tendance du SMI, l'indice phare de la Bourse suisse, en baisse de 0,17%. Le fait qu'UBS renonce à ces mesures de soutien est « positif », a réagi Michael Klien, analyste à la Banque cantonale de Zurich, dans un commentaire boursier. A ses yeux, cette décision montre que le « profil de risques » de Credit Suisse et de « la nouvelle UBS » est « meilleur » que ce que les marchés craignaient au début de la fusion.

Selon Andreas Venditti, analyste chez Vontobel, « le parcours est loin d'être terminé », mais les dirigeants d'UBS semblent avancer « à toute vapeur » dans la mise en place de leurs projets. Cette annonce va de surcroît calmer « le débat politique » alors que le rapprochement des deux plus grandes banques du pays suscite de vives inquiétudes en Suisse, concernant l'emploi, la concurrence mais aussi le poids de l'établissement par rapport à la taille de l'économie suisse.

Les analystes espèrent davantage de détails sur les projets d'UBS lors de la publication des résultats du deuxième trimestre, repoussée à fin août compte tenu de la complexité de la fusion.

(Avec AFP)