Retrait d'espèces en magasin : le cash-back débarque en France

Par Delphine Cuny  |   |  573  mots
Un décret d'application viendra fixer le montant maximal du retrait d'argent liquide autorisé auprès d'un commerçant lors du règlement d'un achat par carte. (Crédits : Eric Gaillard)
Dans le cadre de la transposition de la nouvelle directive européenne sur les paiements DSP2, un amendement à l'Assemblée nationale encadre cette pratique donnant la possibilité de récupérer de la monnaie en payant par carte chez un commerçant. Répandue dans certains pays comme l'Allemagne, la pratique se fera sur la base du volontariat des commerçants.

La France va se mettre au cash-back, cette pratique répandue dans certains pays européens, notamment l'Allemagne, qui permet de retirer de l'argent liquide chez un commerçant lors d'un paiement. La commission des finances de l'Assemblée nationale a examiné ce jeudi des amendements au projet de loi ratifiant l'ordonnance du 9 août 2017 qui transpose la nouvelle directive européenne sur les services de paiement (DSP2). Parmi ces amendements, l'un prévoit l'encadrement du cash-back, déjà autorisé en théorie mais encore peu pratiqué en France.

La pratique se fera sur la base du volontariat des commerçants et un décret d'application viendra fixer le montant maximal du retrait.

Les commerçants "pourront ainsi proposer un nouveau service à leurs clients" et "attirer davantage de clientèle en magasin", a fait valoir la secrétaire d'Etat à l'Economie, Delphine Gény-Stéphann. La mesure est présentée comme un moyen "de répondre à l'isolement des territoires les plus reculés, dont les relais d'accès aux espèces sont souvent trop limités ou reculés".

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Plus de 57.000 distributeurs automatiques

La France dispose de plus de 57.000 distributeurs automatiques de billets (DAB), selon le Groupement Cartes Bancaires, soit environ 850 par million d'habitants, mais pas forcément bien répartis sur tout le territoire. Cela se situe plutôt dans la fourchette haute en Europe, où le parc de DAB oscille entre plus de 1.000 par million d'habitants en Espagne, au Luxembourg, en Autriche et au Portugal, et environ 400 en Lituanie, aux Pays-Bas et en Finlande, selon les statistiques de la Banque centrale européenne (BCE).

Ce qui n'empêche pas que certains villages ou petites villes de l'Hexagone manquent cruellement de points de retrait, à mesure que les banques accélèrent les fermetures d'agences, dont la fréquentation baisse.

Les Français ont tendance à retirer moins souvent d'argent liquide mais davantage. Ils ne sont que 3% à juger "difficile" l'accès à un distributeur selon l'enquête de la BCE.

[L'accès à un distributeur jugé facile en Europe. Crédits : BCE]

Avec le cash-back, il sera "possible pour un client de payer par carte de paiement un bien chez un commerçant plus cher que sa valeur initiale, afin que ce dernier lui rende la monnaie en espèces", a expliqué la rapporteure Nadia Hai (députée LREM des Yvelines), ancienne cadre bancaire chez HSBC et la Barclays, citée par l'AFP.

La porte ouverte aux néobanques sans agence ?

Le député LR de Moselle Fabien Di Filippo a mis en garde contre les "dangers" de la généralisation de cette pratique qui pourrait selon lui "accélérer" la disparition des agences bancaires mais aussi poser des problèmes de sécurité pour les petits commerçants, qui seraient amenés à conserver plus d'argent liquide à disposition dans leurs caisses.

Répandu outre-Rhin, en Belgique, en Irlande, en Italie et en Espagne, le cash-back représente cependant une faible part des montants retirés en Europe, moins de 2% selon la BCE, et en moyenne de l'ordre de 15 euros.

Ce système peut aussi servir de marche-pied aux nouveaux entrants de la Fintech. En Allemagne, la néobanque mobile sans agence N26 s'est alliée au réseau de supermarchés Rewe pour permettre à ses clients de retirer de l'argent sans frais. Indispensable dans un pays gros consommateur de cash comme l'Allemagne.