Pesticides autour des habitations : le gouvernement lance une consultation

Par latribune.fr  |   |  535  mots
La zone tampon serait comprise entre cinq mètres pour les cultures "basses" comme les légumes et dix mètres pour les cultures "hautes" comme les céréales, les vignes et les arbres fruitiers. (Crédits : Reuters)
Le gouvernement va soumettre à consultation lundi un projet de décret s'appuyant sur les recommandations scientifiques de l'Agence nationale de sécurité sanitaire. Les distances proposées dans ce projet seront de cinq mètres pour les cultures dites basses comme les légumes et de dix mètres pour les cultures hautes, telles que les céréales.

Le gouvernement va lancer lundi une consultation sur la distance à respecter entre les cultures traitées aux pesticides et les habitations. Organisée conjointement par les ministères de la Santé, de l'Agriculture et de la Transition écologique, cette consultation répond au débat sur l'usage des pesticides, qui a notamment conduit des dizaines de maires à déposer des recours visant à protéger leurs administrés. Le gouvernement, qui dit se baser sur les recommandations de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), propose d'instaurer des distances minimales entre les champs d'une part et les habitations et bâtiments publics d'autre part.

La zone tampon serait comprise entre cinq mètres pour les cultures "basses" comme les légumes et dix mètres pour les cultures "hautes" comme les céréales, les vignes et les arbres fruitiers. "On va lancer une consultation de trois semaines qui se base sur ces recommandations scientifiques", a expliqué à Reuters un porte-parole du ministère de l'Agriculture, confirmant une information de Ouest France et BFMTV. "Tout citoyen, syndicat agricole ou association de défense de l'environnement pourra s'exprimer. C'est un projet qui peut être amené à évoluer".

Arbitrage définitif fin novembre

Le ministère de la Transition écologique fera la synthèse en vue d'"un arbitrage définitif fin novembre", avant la publication du décret ad hoc le 1er janvier 2020. Le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, tout comme le principal syndicat agricole français, la FNSEA, sont opposés l'instauration de zones sans pesticides dans un rayon de 150 mètres réclamée par certains maires et les organisations écologistes. La FNSEA préfère des solutions locales pour protéger les riverains des épandages de pesticides, plutôt qu'une délimitation stricte par la loi, a indiqué samedi un porte-parole du syndicat agricole. Didier Guillaume s'était opposé mercredi à l'idée d'une interdiction générale de traitement par des produits phytosanitaires dans une zone uniforme de 150 mètres autour de bâtiments habités.

"S'il devait y avoir des zones de non traitement de 150 mètres", "nous serions obligés d'acheter de l'alimentation venue d'ailleurs" tellement une telle mesure réduirait les surfaces agricoles et le potentiel de production alimentaire en France, avait souligné sur Europe 1.

Les distances minimales que souhaite fixer le gouvernement entre les habitations et les zones d'épandage de produits phytosanitaires sont "vraiment insuffisantes", ont protesté samedi France Nature Environnement, qui va participer à la consultation lancée par le gouvernement, et d'autres organisations écologistes. "Les mesures proposées sont vraiment insuffisantes, au vu de ce que dit l'Anses, au vu des études scientifiques", a déclaré à l'AFP Thibault Leroux, chargé de mission agriculture à France Nature Environnement (FNE). "C'est assez décevant de voir qu'au sein du gouvernement, c'est le ministère de l'Agriculture qu'on écoute, avant les enjeux sanitaires et environnementaux", a regretté Thibault Leroux.

"Il y a la reconnaissance par l'Etat du danger. Le problème c'est le côté anecdotique de la décision qu'ils en tirent. Parce qu'effectivement une zone tampon de cinq à dix mètres, ça a peu de sens", a déclaré samedi sur BFM TV le secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, David Cormand.