Épandage de pesticides près des habitations : l'État va imposer des "zones blanches"

La ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne a affirmé mardi partager "totalement la préoccupation du maire de Langouët" et annoncé qu'un projet de réglementation était à l'étude pour instaurer une "zone minimale entre les épandages et les habitations". La FNSEA, elle, préfèrerait une solution au cas par cas, tandis que pour le ministre de l'agriculture renverse la perspective, pour qui "ce sont les lotissements qui ont poussé et qui sont allés s'implanter au milieu des champs".
Un agriculteur français pulvérise sa récolte de blé dans son champ à Chateaubriant (commune de l'Ouest de la France, située dans le département de la Loire-Atlantique), le 29 mai 2012
Un agriculteur français pulvérise sa récolte de blé dans son champ à Chateaubriant (commune de l'Ouest de la France, située dans le département de la Loire-Atlantique), le 29 mai 2012 (Crédits : Reuters)

L'État imposera des "zones de non traitement", où l'épandage de produits phytosanitaires sur les cultures sera interdit, si riverains, élus et agriculteurs n'arrivent pas à se mettre d'accord pour établir ensemble des "chartes" territoriales d'épandage, a prévenu le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume jeudi.

"Nous mettons en place des chartes départementales, des chartes territoriales dans lesquelles les riverains, les agriculteurs, les élus, sous l'autorité du préfet, doivent se mettre d'accord pour les zones d'épandage. S'ils n'arrivent pas à se mettre d'accord, alors nous mettrons en place ce qu'on appelle des zones de non traitement. Le conseil d'Etat nous l'a demandé", a déclaré le ministre sur CNews jeudi matin.

Le ministre n'a pas indiqué quelles étaient les limites dans le temps pour cet exercice de démocratie locale.

"Si au bout d'un champ, il y a un mur ou une haie, il n'y a pas de problème pour continuer à épandre, même si (à terme) nous voulons sortir des pesticides" a-t-il indiqué, en évoquant par ailleurs, de manière très floue, la possibilité d'une zone de "deux" à "cinq" mètres autour des habitations.

La justice avait retoqué l'arrêté anti-épandage du maire de Langouët

Ces propos répondent au vif débat en cours en France sur le sujet. Le maire de Langouët (Ille-et-Vilaine), qui a tenté de prendre un arrêté interdisant l'utilisation de pesticides à moins de 150 mètres de toute construction, s'est fait retoquer par la justice administrative. D'autres élus locaux tentent de réglementer les conditions d'usage de ces produits.

Après le président Emmanuel Macron qui a déclaré le soutenir "dans ses intentions", la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne a affirmé mardi partager "totalement la préoccupation du maire de Langouët" et annoncé qu'un projet de réglementation était à l'étude pour instaurer une "zone minimale entre les épandages et les habitations".

La faute à la création de lotissements "au milieu des champs"?

Le principal syndicat agricole FNSEA s'est, lui, prononcé pour des solutions "au cas par cas" plutôt qu'une stricte délimitation imposée par l'État, qui réduirait la surface agricole utile et ainsi les revenus des agriculteurs français, déjà passablement fragilisés.

"La plupart du temps ce n'est pas l'agriculture, l'arboriculture, la viticulture qui s'est approchée des villages, ce sont les lotissements qui ont poussé et qui sont allés s'implanter au milieu des champs" a noté M. Guillaume.

Le ministre a par ailleurs salué la multiplication des conversions d'exploitations en agriculture biologique: "6.000 agriculteurs en plus cette année, nous sommes à 7,5% de la surface agricole utile en bio", a-t-il dit en rappelant l'objectif de 15%. "Nous allons y arriver".

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Commentaires 20
à écrit le 31/10/2022 à 17:52
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Bonjour, je ne suis pas d accord, avec le fait que ce sont les maisons qui sont venues dans les champs. J ai une maison qui date de 1700, je l ai achete, car autour de chez moi, c etait des patures, des haies, et une belle nature sauvage. Les agricu...

à écrit le 30/08/2019 à 14:10
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Borne ne sait donc pas qu'il existe déjà des normes strictes concernant les épandages, en matière de distance minimale et de conditions météo? Il suffirait de retoucher les décrets pour changer les paramètres. Ce qui m'interpelle est la distan...

à écrit le 30/08/2019 à 11:50
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Il a raison le gros rouge d'empêcher que la parole de la femme , après tout ce n'est qu'une femme ! Il a raison également de brailler, une bêtise dite haut et fort a plus de poids qu'une vérité, tous les lobbyistes le "save-nt" !!

à écrit le 30/08/2019 à 2:11
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S'agissant de problèmes de santé locaux, si seulement le gouvernement et ce parlement croupion pouvaient éviter d'y mettre le nez! En dehors de l'interminable délai de l'accouchement réglementaire ou législatif, nous pouvons déjà prévoir un mouton à ...

à écrit le 29/08/2019 à 23:12
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Pourquoi les maires ruraux ont-ils créé des zones constructibles au milieu des champs? Pour satisfaire l'agriculteur qui ainsi pouvait vendre sa terre, devenue constructible, au moins 10 fois plus chère . Corruption?

le 30/08/2019 à 12:06
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Les "maires" oui mais aussi et surtout les conseils municipaux, les maires ne sont pas (ou ne devraient pas être) des monarques absolus.

à écrit le 29/08/2019 à 18:15
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Un budget a été prévu pour compenser les pertes d’exploitation liées aux terres laissées en friches à proximité des habitations ?

le 30/08/2019 à 0:40
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Les mathématiques sont un outil merveilleux. Il existe un mot magique la péréquation, qui signifie qu'il est possible de calculer comment faire pour que le paysan qui a vendu ses terres au prix du m² constructible pour faire construire un nouveau lot...

à écrit le 29/08/2019 à 17:00
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En l’absence de solutions alternatives proposées, l’Etat doit compenser auprès des agriculteurs les pertes de rendement occasionnées par cette interdiction des pesticides, car moins de rendements, ce sont moins de revenus !!!

à écrit le 29/08/2019 à 15:50
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"Le principal syndicat agricole FNSEA s'est, lui, prononcé pour des solutions "au cas par cas" plutôt qu'une stricte délimitation imposée par l'État, qui réduirait la surface agricole utile et ainsi les revenus des agriculteurs français" C'était d...

à écrit le 29/08/2019 à 15:02
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il sont marrant a la FNSEA. ils se plaignent d avoir des lotissement aux milieu des champs. Mais qui a fait la culbute en vendant des terres agricole comme terrain a batir ? c ets pas un paysan ?

à écrit le 29/08/2019 à 14:04
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Tout cela se résume a vouloir faire du profit sur la santé de ses compatriotes!

à écrit le 29/08/2019 à 14:02
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Que toutes ces agitations paraitront vaines quand devant un problème sanitaire de grande ampleur, nous serons obligés de revenir sur ce qui est l'erreur fondamentale des défenseurs de l'environnement: le Bio. Le Bio porte en lui ce qui le rendra ring...

à écrit le 29/08/2019 à 12:54
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Les zones habitées se sont toujours arrêtées au bord des champs, depuis l'invention de l'agriculture. Le fait que les villes se soient étendues n'y change rien: cela déplace juste la limite. En plus, quand des lotissements se construisent dans les ch...

à écrit le 29/08/2019 à 12:39
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Une "zone de 2 à 5 mètres" autour des habitations ! Du foutage de gueule quand les atomiseurs pulvérisent largement au delà de ces limites, sans compter le vent.

à écrit le 29/08/2019 à 11:50
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Donc un écolo fait un coup de force et on lui céde. Que dire de plus? Nous sommes en train de vouloir tomber dans le tout est parfait qui est la pire des dictature. Nous en sortirons détruits.

le 29/08/2019 à 12:55
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Les pesticides nous détruisent déjà.

à écrit le 29/08/2019 à 11:36
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le glyphosate est interdit de vente ( et donc d'utilisation ) pour les particuliers ; cette interdiction décidée par l'Etat a été motivée par la dangerosité potentielle du produit pour la santé des personnes . autoriser l'épandage de ce produit et d...

à écrit le 29/08/2019 à 10:55
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"la surface agricole utile" Donc seules les surfaces agricoles arrosées par les produits chimiques industriels seraient "utiles", aveu profondément désespérant de ce syndicat tout aussi profondément désespérant, mais aveu quand même. "tandis q...

à écrit le 29/08/2019 à 10:51
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Tout cela se résume a vouloir faire du profit sur la santé de ses compatriotes!

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