A400M : discours discordants entre EADS et Airbus

Le président de l'avionneur, Thomas Enders n'exclut plus un arrêt pur et simple du programme de l'avion militaire A400M. Mais de son côté, sa maison-mère EADS se dit toujours "pleinement engagé" dans le programme d'avion militaire.

Regain de tension dans les instances dirigeantes d'EADS. Hier, dimanche, le patron d'Airbus, la principale filiale du groupe européen d'aéronautique et de défense, a reconnu que le programme pourrait être un échec. Dans un entretien à la presse allemande, le patron averti que, "dans les conditions actuelles", son entreprise ne peut pas construire les avions de transport de troupes A400M, dont le retard de livraison est déjà estimé à au moins quatre ans.

Mais ce lundi matin, la maison-mère du groupe a donné une toute autre version de la situation. EADS a confirmé dans un communiqué rester "pleinement engagé à la construction de l'A400M". Le groupe européen a toutefois précisé que "le contrat signé en 2003 ne fournit pas les conditions nécessaires pour un développement réussi du programme, d'abord en raison d'un calendrier irréaliste, et deuxièmement parce que la nature commerciale du contrat n'est pas adaptée à la réalité d'un programme militaire".

La rupture entre Tom Enders, le patron d'Airbus, et Louis Gallois, le président d'EADS pourrait être réelle. Le président d'Airbus s'est même déclaré prêt à mettre un terme pur et simple au programme A400M, préférant "une fin qui provoque des cris d'orfraie, que des cris d'orfraie sans fin".

Déjà les très nombreux retards du programme ont provoqué de vives critiques. Sept pays - l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, la France, la Grande-Bretagne, le Luxembourg et la Turquie - ont passé commande pour un total de 180 A400M et nombre d'ont eux ont exprimé leur mécontentement.

Il y a dix jours, le secrétaire d'Etat allemand à la Défense Rüdiger Wolf jugeait ainsi que la résiliation des commandes de l'A400M devait être considérée comme une "option sérieuse" et qu'il n'allait pas "laisser EADS nous faire tourner en bourrique", dans une interview au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. De son côté, la France, deuxième plus gros commanditaire (50 appareils), avait laissé entendre, deux jours plus tôt, qu'elle pourrait réduire le nombre d'exemplaires achetés.

Outre ces critiques, les retards de l'A400M ont aussi coûté très cher au constructeur. Début mars, la maison-mère EADS a prévenu que de nouvelles "provisions A400M" étaient susceptibles d'affecter son résultat opérationnel au cours des prochains mois alors que les dépassements des coûts du programme atteignent déjà deux milliards d'euros. Selon certains analystes, les surcoûts pourraient totaliser trois milliards d'euros en 2009.

Avec l'arrêt du programme, EADS a évalué que l'annulation du contrat, lancé en 2003 pour un montant de 20 milliards d'euros au total, se traduirait par 5,7 milliards d'euros de remboursements d'avances.

Selon Thomas Enders, pour que son groupe puisse encore mener le programme à bien, il faudrait que les gouvernements "prennent une part de la responsabilité concernant les moteurs" et un assouplissement du cahier des charges, qui ne serait "entièrement rempli qu'après une période de transition". Le dirigeant ajoute toutefois qu'il ne fera pas de "pèlerinage à Berlin ou à Paris pour implorer une poursuite du programme dans des conditions qui ne sont pas acceptables" pour Airbus.

La France a réagi par la voix de son ministre de la défense Hervé Morin qui a souligné que Paris voulait que le programme continue.

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Commentaires 16
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Est-ce l'incompétence de l'avionneur ou des militaires qui "s'amusent' à vouloir l'irréalisable et qui achéteront sur étagère ce que proposeront les fab américains sans qu'ils puissent pouvrir la bouche. Attention de ne pas se tromper de cible les mi...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Bravo Enders. Stop. Que les politiques construisent l'avion eux-mêmes ! signé :Un actionnaire EADS.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Mais, enfin! Qu'est-ce que c'est que cette histoire d'avion sans moteur?

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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La gestion d'EADS faite par des élites comme celles décrites par Mme Parisot.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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pour ne pas changer d'option, concernant ces moteurs ? il arrive que des moteurs ne soient pas prêts à temps, et qu'un constructeur doive changer d'option. C'est impossible, ici ?

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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C'est la meilleure celle là ! On prend le marché, on ne sait pas faire, on "plante" toutes les armées et on annonce l'arrêt du programme sauf à accepter que les armées aient des avions inadaptés à leurs missions. C'est d'une légèreté choquante. Rest...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Bin,oui,j'ai un commentaire...comme disait le regretté Alain Bashung...faut savoir dire stop...surtout si nous parlons de l'argent des contribuables,même si on JURE que l'on va les rembourser......de temps en temps,et surtout en temps de grave crise....

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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et si Airbus et Boeing s'associaient pour une fois!

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Cet avion a un avenir car dans 10 ans il sera le seul sur son marché. On ne peut pas accepter de lacher des milliards pour des banques et refuser ces mêmes milliards pour un vrai projet porteur d'avenir et d'emplois. Oui, c'est difficile mais ça vau...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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@mezalor: l'industrie de la sous-traitance travaille deja pour les deux avionneurs.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Tout cela n'est pas innocent. Coup d'éclat d'Enders qui, une fois de plus, joue la crise franco-allemande pour tenter de débarquer ce qui reste (peu de choses...) du quarteron de dirigeants français en pré-retraite. Pour prendre seul, la tête d'EADS ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Il faut remettre ce projet sur les rails comme il faut remetttre le projet Hermès en selle lâchement abandonné sous Chirac.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Ce programme est né dans les traditions Airbus ( Compétences, rigueur, faisabilité, livraison aux dates, etc...). Il a dérapé au contrat, pour des causes bien connues et répétitives dans d'autres programmes militaires ( le financement militaire dont ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Bien vu Rototo;Thomas Ender,avec l'appui-en coulisse-des autorités de Berlin met la pression sur EADS pour etre le seul dirigeant.Louis Gallois devrait etre plus offensif et coriace.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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On aurait dû se douter qu'un projet entre gouvernements ne pouvait aboutir; pourtant, installer EADS au NL était une sage précaution

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Le problème de l?A400M a été majoritairement une question de motorisation depuis le début. Jamais les européens n?avaient conçu des moteurs d?une telle puissance et encore moins avec un réducteur pour inverser le sens de rotation des hélices et un FA...

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