La CGC tire à boulet rouge sur le PDG de Thales

Par Michel Cabirol  |   |  497  mots
Michel Cabirol
Le syndicat des cadres a publié un tract incendiaire contre la direction de Thales. Il y dénonce une démotivation générale et critique durement le plan de réorganisation du PDG de Thales Luc Vigneron.

Ambiance, ambiance chez Thales. Même la CGC d'ordinaire modérée, tire à boulet rouge sur la direction du groupe d'électronique, en publiant un tract très critique vis-à-vis de la situation du groupe. Selon le syndicat des cadres, "les anciens n'y retrouvent plus l'excellence collective technique et industrielle qui les avaient stimulés et motivés durant des années. Les plus jeunes n'imaginent plus leur avenir dans ce groupe sans stratégie lisible".

Un constat qui pousse le personnel à la "démotivation". Cette dernière "gagne toutes les couches du personnel, de l'ouvrier aux cadres, y compris aux dirigeants, toutes les tranches d'âge, du plus jeune au plus vieux". Et la CGC s'inquiète sur les perspectives. " Plus inquiétant, plus grave encore, la démotivation naissante s'étend pour la première fois, jusqu'aux cadres dirigeants. Il suffit de constater les départs précipités du jour au lendemain, et, pour d'autres, des responsabilités réduites au minimum". Dans ce contexte très noir, la CGC, estimant que le PDG "a décidé de brimer au travers de mesures vexatoires, comme les voitures de fonction, et ce sans réelles économies", pose un certain nombre de questions qui traduisent le désarroi des cadres: "Comme le laisse entendre la rumeur, compte-t-il trouver 1,3 milliard d'économies par la limitation des forfaits des téléphones portables, par la diminution de la participation de la direction au restaurant d'entreprise, par le rabais des subventions au CE, par une baisse des revenus variables obtenus au travers d'objectifs inatteignables, par une politique salariale insignifiante, par des suppressions d'emploi, par des délocalisations?". Et de conclure, "la direction souhaite-t-elle faire partir ses forces vives?".

La CGC est également vent debout contre le plan de réorganisation de Thales. "Force est de constater, fait-elle valoir, que le groupe semble être complètement désorganisé, nageant dans un flou et une confusion jamais connues à ce jour". Le syndicat critique "la logique dite pays", qui transfère certaines prérogatives des divisions vers les pays responsables du compte d'exploitation (pertes et profits). En clair, explique-t-elle, "ce projet ne nous semble pas abouti, et soulève beaucoup de questions auxquelles nos dirigeants ne sont pas en capacité de répondre". Et de se demander "quel est le projet de notre PDG pour le groupe: un management basé sur la peur et le stress qui risque de nous entraîner vers un syndrome à la France Télécom?"

Enfin dernières questions adressées à l'actionnaire industriel de référence, Dassault Aviation et a l'Etat: "quelle feuille de route l'Etat et le groupe Dassault ont-il données à notre président? Cash et dividende, ou avenir industriel: quelle est sa priorité?".

La CGC ouvre la porte au PDG Luc Vigneron qui doit être "convaincant s'il veut gagner l'adhésion des cadres et du groupe a son organisation, à son projet tant qu'il est encore temps". La balle est dans son camp.