Le Rafale dans la dernière ligne droite pour décrocher le marché indien

Par Michel Cabirol  |   |  439  mots
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New Delhi va disposer la semaine prochaine de tous les éléments pour choisir qui, de l'avion français ou de l'Eurofighter, équipera son Air Force. En jeu : l'acquisition de 126 avions de combat.

A partir de la semaine prochaine, le calendrier de l'appel d'offres portant sur la vente de 126 avions de combat (projet M-MRCA) pour un montant estimé initialement à 12 milliards de dollars va s'accélérer. Débuté le 4 novembre 2011 après l'ouverture des enveloppes contenant les offres commerciales de Dassault Aviation et du consortium Eurofighter (EADS, BAE Systems et l'italien Finmeccanica), le long et fastidieux travail de synthèse de l'armée de l'air indienne (Air Force) sur les deux offres remises, devrait être achevé la semaine prochaine. L'Inde n'achète pas seulement un avion de combat mais aussi le MCO (maintien en condition opérationnelle) et le support des appareils. Le coût de possession - en clair ce que coûteront les avions de combat tout au long de leur vie, y compris en terme de carburant - devrait être déterminant pour ce contrat aujourd'hui évalué à 20 milliards de dollars et baptisé "la mère de toutes les affaires" ("mother of all deals"). Un rapport devrait être transmis dans la foulée au ministre de la Défense indienne, qui fera suivre au Premier ministre, Manmohan Singh.

Un pays contre quatre

Aux responsables politiques de décider en fonction du volet opérationnel des deux appareils et de la proposition commerciale présentée par les deux constructeurs... ou pas.

"Le Rafale est supporté par un pays, l'Eurofighter par quatre", rappelle ainsi une source proche du dossier. A cet égard, la chancelière allemande, Angela Merkel, a écrit le mois dernier au nom des quatre pays européens partenaires du consortium Eurofighter (Allemagne, Grande-Bretagne, Italie et Espagne) le mois dernier au Premier ministre indien pour l'encourager à choisir l'Eurofighter, qui vient pourtant de subir deux échecs, l'un à Oman (face au F-16 de Lockheed Martin) et l'autre en Suisse où le Gripen l'a emporté (le Rafale était en lice aussi). Il rencontre aussi des difficultés en Arabie saoudite, Riyad se montrant peu satisfait des appareils livrés.

Pour l'heure, il semblerait que le Rafale garde un avantage opérationnel par rapport à l'Eurofighter, l'Air Force ayant placé l'appareil tricolore devant son rival européen. En revanche, c'est la bouteille à l'encre s'agissant des offres commerciales. En bonne logique, le Rafale devrait être moins cher car, dans les précédents appels d'offres, son prix était en moyenne entre 10% à 15% meilleur marché que celui de l'Eurofighter. A moins, comme le suggèrent certains industriels partenaires du Rafale, que leurs concurrents du programme Eurofighter aient consenti de gros efforts sur le prix des avions à l'unité pour rester compétitifs. Car selon des règles indiennes, le soumissionnaire le moins-disant est considéré comme le gagnant.