Airbus blacklisté en Chine en raison de la taxe carbone

Par Michel Cabirol  |   |  468  mots
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Ce qui devait arriver est arrivé. En représaille à la taxe carbone européenne, la Chine bloque les achats d'Airbus par les compagnies chinoises. Enjeu : 45 long-courriers, dont 10 A380 et 35 A330. Le président d'EADS Louis Gallois a demandé à l'Europe de renoncer à cette taxe.

Et le cauchemar d'Airbus est devenu réalité. La Chine bloque des achats d'Airbus par les compagnies chinoises en représailles à la taxe carbone européenne, a révélé jeudi matin le président d'EADS, Louis Gallois. "Airbus est frappé par des mesures de représailles. Le gouvernement chinois refuse d'approuver des commandes de longs courriers des compagnies chinoises", a-t-il expliqué, en demandant à l'Union européenne de renoncer à appliquer cette taxe, face à la levée de boucliers qu'elle suscite à travers le monde.

L'enjeu est colossal pour Airbus en Chine. Ce sont les ventes de 45 appareils - 10 superjumbo A380 pour la compagnie Hong Kong Airlines et 35 longs courriers A330 - qui sont pris en otage par Pékin, a précisé le patron d'EADS. Six des A330 bloqués devaient être livrés en 2013 et 19 en 2014. Pour autant, l'Union européenne a répondu à EADS : "on ne cède pas au chantage".

La montée en cadence de l'A330 sera-t-elle impactée ?

Airbus a annoncé dans sa présentation de résultats qu'il voudrait porter la cadence de production du bi-réacteur A330 à 11 appareils par mois à partir du deuxième trimestre 2014, mais à condition que la taxe carbone "n'impacte pas les commandes d'avions". La législation européenne, entrée en vigueur le 1er janvier 2012, oblige les compagnies opérant dans l'Union européenne, quelle que soit leur nationalité, à acheter l'équivalent de 15 % de leurs émissions de CO2, soit 32 millions de tonnes, pour lutter contre le réchauffement climatique.

26 des 36 membres de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), dont la Chine, les Etats-Unis et la Russie, contestent la mesure. C'était la grande crainte chez Airbus :  le conflit entre l'Union européenne et des pays tiers, en particulier la Chine, sur la mise en place en janvier de cette taxe risquait de lui faire perdre des prises de commandes d'avions. En effet, Pékin, hostile à cette mesure qui renchérit les prix des billets d'avions menace Airbus de rétorsions commerciales.

Mercredi, le PDG de la branche aviation commerciale de Boeing, Jim Albaugh, a déclaré qu'il s'attendait à recevoir en 2012 des commandes des compagnies chinoises portant sur plus de 200 Boeing 737 Max, la version remotorisée du best-seller de l'américain. « Compte tenu de l'ampleur de nos investissements, nous serons effectivement déçus si la Chine passait cette commande », explique-t-on chez Airbus. Néanmoins, même si Airbus a construit en Chine une usine d'assemblage (en activité depuis 2008), Pékin n'a pas pour autant arrêté ses commandes à Boeing.

L'Inde et les Etats-Unis vent debout contre cette taxe

"Les Indiens envisagent de ne plus accueillir les avions européens" en représaille à cette taxe, explique également Louis Gallois. "Tout ce que les compagnies américaines paieront, Les Etats-Unis demanderont aux transporteurs européens de leur rembourser", indique-t-on dans le groupe.