Thales dans le viseur de la gauche

Par Michel Cabirol  |   |  462  mots
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Thales pourrait vivre des heures agitées dans les prochains mois. François Hollande pourrait remettre en cause la recomposition de l'industrie de défense française, dont le pivot était jusqu'ici le groupe d'électronique. Luc Vigneron préparerait en outre un plan de suppression de postes.

Avec l'arrivée de François Hollande au pouvoir, Thales s'apprête à nouveau à vivre des heures tourmentées dans les mois à venir. La recomposition de l'industrie de défense, qui était promise à Dassault Aviation, via le groupe d'électronique dont l'avionneur détient 25,89 % du capital, pourrait finalement lui échapper avec les nouvelles orientations de la nouvelle équipe de François Hollande.

Bref, les cartes vont être probablement rebattues par le prochain ministre de la Défense, qui sera, sauf énorme surprise, Jean-Yves Le Drian. Chez DCNS, le soulagement est perceptible tant la mainmise de Thales notamment sur la stratégie et le commerce du groupe naval est très mal vécue. Car la détention de 35 % confère un contrôle conjoint à Thales sur DCNS, comme l'évoque le document de référence de Thales. Chez Dassault Aviation, on se dit serein sur l'avenir.

1.500 postes menacés

En interne, l'ambiance reste également mauvaise. Et ce d'autant que la direction prépare un plan de suppression d'emplois sur les recommandations d'un cabinet de consultants Boston Consulting Group (BCG), comme l'a révélé le « Canard Enchaîné » dans sa dernière édition. Un projet, baptisé « Socle Project », qui a été confirmé à "latribune.fr" par des sources concordantes.

Objectif pour la direction de Thales, simplifier la chaîne hiérarchique du groupe. BCG considère qu'il faut en règle générale un manager pour sept à douze personnes. Or, chez Thales, plus de la moitié des managers ont sous leur responsabilité entre une et six personnes. Trop peu pour BCG, qui ne prend visiblement pas en compte toutes les spécificités du groupe, comme on l'estime en interne, mais dont les conclusions semblent avoir été reprises par la direction de Thales. Du coup, 1.500 personnes seraient menacées par "Socle Project".

Chez les cadres dirigeants, c'est aussi la soupe à la grimace. Les bonus seraient très mauvais au titre de 2011, laisse-t-on entendre à « latribune.fr ». Et Luc Vigneron, qui est dans le collimateur de la gauche, continue de faire le ménage chez les hauts managers en débarquant Olivier Badard qui avait été nommé directeur de la Région Moyen-Orient en février 2009.

Des résultats en demi-teinte

Enfin, Thales, qui a présenté son chiffre d'affaires au premier trimestre, a confirmé jeudi "ses objectifs pour 2012", c'est-à-dire une marge opérationnelle de 6 %, relativement décevante par rapport aux très fortes critiques de l'actuelle direction, en place maintenant depuis deux exercices pleins, sur l'incapacité de l'ancienne équipe à générer des marges (6,9 % en 2008 et 7 % en 2007). Sur les trois premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires s'est établi, hors DCNS, à 2,48 milliards d'euros (2,51 milliards au premier trimestre 2011). En revanche, les prises de commandes ont fait un bond spectaculaire de 35 %, à 2.6 milliards d'euros.