Bercy veut priver l'ex-PDG d'Air France d'une prime de 400.000 euros

Par latribune.fr (avec agences)  |   |  553  mots
Pierre-Henri Gourgeon, ancien PDG d'Air France-KLM sous le feu des projecteurs - Copyright Reuters (Crédits : Reuters)
Le gouvernement veut que soit refusé à Pierre-Henri Gourgeon, l'ancien président d'Air France KLM, une prime de non-concurrence alors que la société connaît des difficultés. Cette position formulée par Bercy mardi soir, s'inscrit dans une campagne pour limiter les très hauts salaires des dirigeants des entreprises publiques.

Nouvelle offensive du gouvernement dans son combat du moment: la limitation des revenus des grands patrons. Bercy plaide pour que l'indemnité de 400.000 euros accordée à Pierre-Henri Gourgeon, ancien patron d'Air France KLM, afin qu'il respecte la clause de non-concurrence, ne lui soit pas versée. Lors de la prochaine assemblée générale du groupe, jeudi, "le représentant de l'Etat (qui détient 15% des aprts d'Air France KLM ndlr) aura pour instruction de s'abstenir de valider" cette prime, signale le ministère de l'Economie et celui du Redressement productif dans un communiqué diffusé mardi soir.

Cette prime fait partie d'une indemnité de départ d'un montant total de 1,4 million d'euros et "validées par le précédent gouvernement", ne "s'inscrivent pas dans le sens des règles de modération salariale et de décence" promises par le président François Hollande, justifie Bercy, et ce d'autant plus "au moment où l'entreprise connaît une situation difficile". La compagnie est en effet engagée dans une profonde restructuration, avec  3000 départs volontaires prévus et un blocage des salaires pendant deux ans dans le cadre d'un plan pour économiser 2 milliards d'euros.

Une prime critiquée

Cette prime avait d'ailleurs été dénoncée la semaine dernière par le syndicat Unsa-aérien. "Qui peut concevoir que l'on demande d'un côté des efforts financiers aux salariés de la compagnie et d'autre part verser à un"ex grand patron", qui a échoué dans sa mission, une somme aussi colossale", avait fait valoir l'organisation syndicale. La dirigeante du Medef, avait, elle aussi critiqué cette prime en la jugeant "pas conforme au code" éthique de l'organisation patronnale compte tenu de la situation du groupe. Un député UMP était allé dans le même sens. De son côté, la direction d'Air France sétait défendue en arguant que la prime accordée à Pierre-Henri Gourgeon lui avait été imposée "dans l'intérêt du groupe".

Pierre-Henri Gourgeon, évincé de la tête d'Air France-KLM en octobre, avait déjà été au centre d'une polémique, au sujet de billets à tarifs très réduits en classe business pour l'île Maurice pour lui, sa femme et deux autres personnes. Il avait finalement renoncé à profiter de ces billets.

Le gouvernement exige "Un comportement exemplaire en matière de rémunération"

L'annonce de Bercy intervient en outre dans un contexte de campagne du gouvernement pour limiter l'écart de salaire entre les PDG des entreprises publiques et les plus basses rémunérations. Peu avant cette annonce, le Premier ministre Jean-Marc a ainsi affirmé que la réduction des écarts de salaires au sein des entreprises publiques, prévue dans le programme de François Hollande, serait appliquée aux "contrats en cours", ce qui n'était pas prévu à l'origine. De leur côté, Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie et Arnaud Montebour, son homologue au Redressement productif ont jusifié leur position à l'égard de la prime de Pierre-Henri Gourgeon. "L'Etat attend un comportement exemplaire en matière de rémunérations des dirigeants. Le gouvernement définira très prochainement de nouvelles règles sur la rémunération des dirigeants d'entreprise, conformément aux engagements du Président de la République", ajoutent-ils ainsi dans leur communiqué commun.