Défense : le Canada près de lancer un appel d'offre pour remplacer ses avions de combat

Par Michel Cabirol  |   |  623  mots
Le F-35 de Lockheed Martin Copyright Reuters
Ottawa va demander à cinq constructeurs américains et européens d'avions de combat de lui faire des propositions pour remplacer ses vieux CF-18. Le ministère des Travaux publics a écrit à Lockheed Martin, Boeing, Dassault Aviation (Rafale), EADS (Eurofighter) et Saab (Gripen).

Le Canada va-t-il vraiment abandonner l'avion de combat américain F-35 ? Cette décision si elle se confirmait, serait un énorme coup porté à Lockheed Martin, qui fabrique le F-35, et aux Etats-Unis. Selon la presse canadienne, le gouvernement fédéral canadien va demander à cinq constructeurs américains et européens d'avions de combat de lui faire des propositions pour renouveler sa flotte de vieux CF-18, qui doivent être remplacés depuis 2003 mais ont été prolongés jusqu'à 2017-2020. Le ministère des Travaux publics a écrit à Lockheed Martin, Boeing, Dassault Aviation (Rafale), EADS (Eurofighter) et Saab (Gripen) pour leur annoncer que le gouvernement canadien allait prochainement les approcher. Mais le fait de s'ouvrir à d'autres propositions n'interdit pas au Canada de maintenir éventuellement sa préférence pour le F-35. La décision à venir dépendra des besoins futurs de l'armée de l'air qui n'ont pas encore été définis, selon des responsables d'Ottawa.

Une facture salée

Le gouvernement Harper avait jeté son dévolu sur le chasseur F-35 de Lockheed Martin sans évaluer d'autres appareils. Il a cependant été très critiqué dans un rapport du vérificateur général publié au printemps 2012, sur la base d'un audit réalisé par KPMG, pour un processus d'achat sans appel d'offres. Les dépassements de coûts sur les projections initiales ont finalement forcé Ottawa à rectifier le tir. Le coût des F-35 est passé de 25 milliards de dollars à près de 46 milliards de dollars pour 65 avions. Le gouvernement aurait dû payer cette facture pendant 42 ans. Soit deux fois plus qu'initialement envisagé pour une période de 20 ans. Lorsque le gouvernement a annoncé son intention d'acheter 65 chasseurs F-35 en 2010, le coût d'achat était évalué à 9 milliards de dollars, en plus de 16 milliards de dollars en frais d'entretien. L'estimation de 46 milliards comprend 11.700 heures de vol par an - soit 20 % de moins que le temps de vol des CF-18 - et comprend la formation des pilotes.

"Un réexamen complet de nos options"

Mi-décembre, le Canada avait rouvert la porte à la possibilité de choisir pour son armée de l'air des chasseurs autres que les appareils furtifs F-35 américains, en raison de l'accroissement marqué du coût de ces derniers. Cependant, Ottawa n'a pas précisé quels autres appareils pourraient remplacer sa flotte vieillissante de chasseurs CF-18, ni quand il prendrait la décision finale. Le projet de contrat avec Lockheed-Martin - le plus important achat militaire dans l'histoire du Canada - a été critiqué par l'opposition parlementaire tant pour son coût que pour son manque de transparence et le fait qu'il a été adopté par le gouvernement conservateur sans appel d'offres. "La prochaine étape sera un réexamen complet de nos options", a dit simplement la ministre des Relations intergouvernementales Rona Ambrose.

Le ministre de la Défense défend le F-35

En décembre, le ministre de la Défense Peter MacKay a répondu sur les coûts en répétant qu'il s'agissait en fait de ne pas confondre les coûts d'acquisition et ceux d'exploitation de l'appareil, et soulignant que les coûts d'exploitation, supportés actuellement pour les CF-18, dépendaient du budget de fonctionnement des forces armées. Il a réaffirmé que l'achat seul des 65 F-35 représenterait toujours 9 milliards de dollars, sans changement. Soixante-douze entreprises canadiennes sont impliquées dans le développement du F-35 auquel elles fournissent différents équipements, et ces contrats représentent pour elles au total 438 millions de dollars. En dehors des Etats-Unis et du Canada, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, le Danemark, l'Australie, la Turquie, l'Italie et la Norvège sont impliqués dans le développement de l'appareil furtif. Le Japon compte en acquérir 42 exemplaires.