Avions de combat : le drôle de jeu américain au Qatar

Par Michel Cabirol  |   |  483  mots
Le Rafale de Dassault Aviation
Mi-septembre, le consortium Eurofighter (Typhoon) et Dassault Aviation (Rafale) ont rendu une offre conformément au calendrier fixé par Doha. Mais pas Washington, selon des sources concordantes.

Qatar ou l'inconnue américaine... Quelle est la stratégie poursuivie par les Etats-Unis dans le cadre de l'appel d'offre des avions de combat au Qatar ? Mi-septembre, Londres, qui propose Eurofighter Typhoon, et Paris, qui soutient le Rafale (Dassault Aviation), ont rendu leur offre conformément au calendrier fixé par Doha. Mais pas Washington, selon des sources concordantes.

Du coup, les deux enveloppes contenant les offres du consortium Eurofighter (BAE Systems, EADS et l'italien Finmeccanica) et de Dassault Aviation dorment depuis plus de quinze jours au fonds d'un coffre avant d'être décachetées… une fois la réponse des Américains réceptionnée par les Qataris.

Mécontentement du Qatar

Cette situation embarrasse Doha, qui a exprimé un besoin d'acquérir 72 avions de combat. Une compétition qui sera vraisemblablement découpée en deux tranches (36 + 36) pour remplacer les douze Mirage 2000-5 de l'armée de l'air qatarie - les seuls appareils dont elle dispose à ce jour. « L'équipe en charge du dossier est réellement indisposée par l'attitude des Américains », explique-t-on à la Tribune.

Car initialement, le Qatar comptait prendre une décision rapide avant la fin de l'année pour la première tranche. Doha veut effectivement renforcer sa flotte d'avions de combat pour jouer un rôle sur la scène internationale comme elle a pu le faire dans le cadre de l'opération Harmattan en Libye aux côtés de la France, et des avions Rafale en particulier.

Les manœuvres (?), ou à défaut les indécisions, américaines pourraient troubler ce calendrier. « Ils sont à la merci du bon vouloir des Américains », confirme-t-on à La Tribune. D'autant que les Qataris pourraient choisir un avion européen dans un premier temps et mettre la pression sur les Américains sur la deuxième tranche. Pour autant, techniquement, le Qatar peut choisir. Ils ont évalué tous les avions, à l'exception du F-35.

Quel avion américain ?

Difficile de savoir quel avion de combat vont proposer les Américains ? Surtout face au Rafale, qui semble être le favori des Qataris pour la première tranche après de très bonnes évaluations, notamment par temps chaud (50 degrés) à l'été 2012. Ce qui n'a pas été le cas de l'Eurofighter qui semble-t-il a beaucoup souffert de la chaleur. Mais les Britanniques, associés aux Allemands, ont toutefois mis le paquet sur une offre globale très compétitive. Notamment en proposant des investissements aux Qataris dans l'industrie financière britannique. Les Allemands sont également ouverts à de tels investissements.

Au départ les Américains proposaient deux appareils de Boeing, le F-15 et le F-18, qui lui aussi a énormément souffert de la chaleur au point qu'il aurait été disqualifié. Puis, Washington a réfléchi à faire concourir le F-35. Mais le Pentagone et Lockheed Martin doivent d'abord obtenir l'accord du congrès. Ce qui pourrait prendre du temps.