Défense : le Vladivostok, le Mistral russe, se met à l'eau en catimini

Par Michel Cabirol  |   |  616  mots
Le Dixmude, un Batiment de projection et de commandement, dont deux exemplaires ont été vendus à la marine russe
Sans tambour, ni trompette, DCNS et STX France vont procéder ce mardi à la mise à flot du Vladivostok, le premier Bâtiment de projection et de commandement, de type Mistral destiné à la marine russe. Une cérémonie zappée par le gouvernement français en raison des relations glaciales entre la France et la Russie.

C'est presque en catimini que les industriels (DCNS - maître d'œuvre - et STX France) vont mettre à flot ce mardi en fin de matinée à Saint-Nazaire, le Vladivostok, le premier des deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) commandés en novembre 2011 par la marine russe pour 950 millions d'euros, l'un des très rares gros contrats signés lors de la présidence de Nicolas Sarkozy. Difficile toutefois de cacher la mise à l'eau d'un tel bâtiment tant ces BPC, de type Mistral, long de près de 200 mètres environ, ne passent vraiment pas inaperçus.

Mais, compte tenu des relation plutôt fraiches actuellement entre Paris et Moscou en raison de leurs divergences de vue sur le dossier syrien, le gouvernement Ayrault a décidé d'assurer pour la cérémonie prévue à Saint-Nazaire un service minimum. A priori, seules les autorités militaires - le chef d'état major de la Marine, l'amiral Bernard Rogel, et son homologue russe - ainsi que les industriels français et russes assisteront à cette cérémonie. Quelques politiques devraient être présents.

Quelle suite pour le BPC en Russie

Au-delà des relations diplomatique actuelles entre les deux pays, la Russie, qui détient une option d'achat pour deux autres BPC fabriqués cette fois-ci sur le sol russe, ne l'a pas pour le moment annulée. Avant de prendre une décision, Moscou veut au préalable tester un, voire les deux BPC en opération. Le Vladivostok devrait être remis fin 2014 à la marine russe à l'issue des essais en mer. "Ils sont toujours dans cet état d'esprit", explique-t-on à La Tribune. Pour les militaires russes, il faut déterminer le rôle et la place de ces navires dans leur flotte. Et, d'ici là, les relations entre les deux pays se seront peut-être apaisées. 

Ce qui pourrait ouvrir une nouvelle coopération dans le domaine militaire entre les deux pays. Selon nos informations, la Russie et la France étaient très intéressées il y a peu de temps encore pour le co-développement d'un pétrolier ravitailleur. Les deux pays ont besoin de renouveler leur flotte. Mais aucun crédit n'a été inscrit en France dans la loi de programmation militaire (2014-2019). Fin 2012, la Direction générale de l'armement (DGA) avait pourtant confié à DCNS un contrat de levée de risque d'environ cinq millions d'euros en vue de préparer le lancement d'un appel d'offre sur la construction de quatre pétroliers ravitailleurs pour la marine nationale. Un projet qui à terme était estimé à près de 1 milliard d'euros, dont STX serait le grand bénéficiaire en cas de succès du chantier naval militaire.

Les industriels russes déjà impliqués dans la construction du Vladivostok

Alors que la construction du premier BPC a débuté en février 2012, le chantier russe de Saint-Pétersbourg OSK a participé à la construction du Vladivostok en tant que sous-traitant de STX France. Il a notamment assemblé la partie arrière du BPC avant qu'elle ne soit acheminée vers Saint-Nazaire.

Lancé en 2000, le programme BPC est un peu aujourd'hui le "couteau suisse" de la marine française, qui en a reçu trois exemplaires (Mistral, Tonnerre et Dixmude). Il peut aussi bien servir de porte-hélicoptères (6.400 mètres carrés de pont d'envol), de transport de matériels (jusqu'à 59 blindés, dont 13 chars Leclerc), de bateau de commandement grâce à son système de communication performant (Thales), de navire hôpital ainsi que d'évacuation de personnes. Lors de l'opération Baliste lors du conflit entre le Liban et Israël en 2006, 4.753 personnes avaient pu être ainsi évacuées.