Singapour achète deux sous-marins à ThyssenKrupp Marine System

Par Michel Cabirol  |   |  575  mots
Le ministère de la Défense singapourien a finalement choisi ThyssenKrupp Marine System (TKMS) pour l'acquisition de deux sous-marins.
En dépit d'un forcing politique et commercial, DCNS perd un joli contrat à Singapour. L'Ile-Etat a choisi les Allemands, qui vont vendre deux sous-marins 218SG pour 1,8 milliard d'euros

C'est un gros coup de bambou pour Paris, qui avait beaucoup œuvré pour la réussite de DCNS à Singapour. Le ministère de la Défense de l'Ile-Etat a finalement choisi ThyssenKrupp Marine System (TKMS) pour l'acquisition de deux sous-marins, selon un communiqué publié ce lundi par le ministère de la Défense. Le chantier naval allemand a réussi à vendre deux 218SG, qui ont pris le dessus sur les Scorpène proposés par DCNS.

Les 218SG, qui seront livrés en 2020, remplaceront les vieux sous-marins suédois Challenger construits dans les années 1960 et acquis dans les années 1990. "Les sous-marins de remplacement auront des capacités significativement supérieures et seront équipés de systèmes de propulsion anaérobie" permettant des plongées prolongées, a précisé le ministère dans un communiqué.

Une compétition importante

Pour les deux compétiteurs, cette campagne était très importante. Car c'est d'abord un très joli contrat évalué à 1,8 milliard d'euros pour les deux premiers sous-marins. Au-delà, Singapour fait partie des clients de référence très recherchés par les industriels de l'armement du monde entier. Leur comité d'évaluation est en général apprécié pour le sérieux de leur choix. Enfin, la compétition entre les deux rivaux va se déplacer dans quelques années en Australie, qui reste attentif au choix de Singapour.

Politiquement, le gouvernement s'était mobilisé pour faire gagner DCNS. Notamment lors de la visite à Paris du Premier ministre, Lee Hsien Loong, qui avait rencontré le 28 octobre François Hollande. Ils avaient évoqué l'appel d'offres portant sur les sous-marins. Tout comme le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Lee Hsien Loong était donc reparti avec la conviction de l'engagement total des autorités françaises sur ce dossier. Lors de sa visite, le chef de l'État avait rappelé que Singapour était un "partenaire stratégique" de la France en Asie du Sud-Est et sur la scène internationale.

DCNS pourtant moins cher de 10 %

Depuis le début de l'été, TKMS avait la préférence du comité d'évaluation de Singapour. Après avoir déposé début 2013 une première offre, les deux compétiteurs en ont remis une deuxième au printemps, dite Best offer (BO). C'est là que Singapour a opté pour le groupe TKMS, avec lequel il négocie en exclusivité depuis plusieurs mois. Un succès pour TKMS qu'il doit au patron de TKMS international, Jonathan Kamerman, un homme qui sent pourtant le soufre. Cet ancien contre-amiral de la marine sud-africaine avait en effet choisi puis donné le feu vert dans les années 2000 en tant que chef de projet SITRON au ministère de la Défense à Pretoria, à l'acquisition controversée par la marine sud-africaine de corvettes Meko A200 fabriqués par le chantier naval allemand Blohm+Voss.

Pourtant DCNS, fortement aidé par le gouvernement, avait tenté d'inverser la tendance. La dernière offre du groupe naval français avait semble-t-il au bout du compte fait son chemin dans les esprits à Singapour. Car Paris avait mis tout son poids dans la balance pour inverser la tendance. Et le comité d'évaluation des offres, selon nos informations, avait déjà estimé que la deuxième offre française était supérieure techniquement et financièrement à celle des allemands. DCNS serait moins cher de 10 %  que TKMS.