Pour les industriels de l'aéronautique, Bercy a "châtré le CICE"

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  396  mots
Marwan Lahoud, président du Gifas, demande à ce que le CICE soit élargi pour pouvoir profiter au secteur de l'aéronautique. | REUTERS
Marwan Lahoud, président du Gifas (groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) demande à ce que cet avantage fiscal s'applique pour les salaires allant jusqu'à 3,5 Smic. Dans les conditions actuelles, son apport au secteur est extêmement limité.

Pour les industriels de l'aéronautique, de la défense et de l'espace, le CICE (Crédit impôt pour la compétitivité et l'emploi), cet avantage fiscal pour les entreprises, tel qu'il existe aujourd'hui, ne leur sert pas à grand-chose, affirme le Gifas (groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales).

«Le CICE (Crédit impôt pour la compétitivité et l'emploi, ndlr), est une idée excellente mais les techniciens de Bercy en ont réduit la portée. Ils ont châtré la mesure», a déploré ce mercredi son président Marwan Lahoud, également directeur général de la stratégie et du marketing d'Airbus Group, lors de ses vœux à la presse.

Salaire moyen dans l'aéronautique : 46.000 euros

En cause, le fait qu'il ne s'applique que sur les salaires allant jusqu'à 2,5 Smic, et non 3,5 Smic comme le recommandait le rapport Gallois sur la compétitivité. Du coup, en raison du niveau de salaires dans l'aéronautique (46.000 euros brut par an en moyenne), son impact sur le secteur est extrêmement limité.

«Il est de 1 centime, autrement dit, si la parité euro/dollars passe de 1,30 à 1,31 dollar, le bénéfice du CICE est effacé », a expliqué Marwan Lahoud.

Le prix a été déterminant dans le choix d'Air Canada en faveur de Boeing

Or l'euro fort pénalise toujours l'industrie aéronautique française dont la majorité des coûts sont en euros alors que, dans le civil, les recettes sont en dollars. « Une évolution de 10 cents d'euros correspond à 2% de marge. Cela fait la différence dans une compétition », a-t-il rappelé, précisant que l'appel d'offres d'Air Canada pour l'acquisition de plus de 100 appareils qu'a perdu Airbus en décembre face à Boeing « s'est joué sur les prix ».

Relèvement du seuil

Le Gifas appelle à ce qu'on en revienne aux propositions de Louis Gallois, c'est-à-dire que le CICE s'applique sur les salaires allant « au moins » jusqu'à 3,5 Smic afin qu'il « donne toute la mesure de son efficacité ». Selon Marwan Lahoud, un relèvement du seuil à 3,5 Smic deviendrait « significatif ». Ce « soutien » contribuerait à améliorer la compétitivité de l'aéronautique française, au centre des préoccupations du Gifas, pour «être capable de faire des propositions partout dans le monde qui gagnent ». Pour l'heure, l'aéronautique française et européenne a le vent en poupe avec les ventes record d'Airbus.