Armement : l'Arabie Saoudite et la France vont-elles naviguer ensemble ?

Par Michel Cabirol  |   |  564  mots
Les frégates multi-missions FREMM pourraient à terme équiper la marine saoudienne
La France et l'Arabie Saoudite pourraient signer une lettre d'intention dans le domaine naval. En outre, Paris a décidé d'évoquer à nouveau la proposition de Thales pour le programme saoudien Mark 3. Enfin, OCEA pourrait obtenir prochainement une belle commande.

La France et l'Arabie Saoudite continuent leur difficile pas de deux dans la défense. C'est dans ce cadre que le Prince Salman Ben Sultan, vice-ministre de la Défense du Royaume d'Arabie saoudite est ce lundi et mardi à Paris. Il est probable que les deux pays signent un document de type lettre d'intention (letter of intent) dans le naval, qui évoquera les besoins saoudiens dans ce domaine en adéquation avec les propositions françaises (frégates multi-missions FREMM de DCNS, patrouilleurs d'OCEA, des avions de patrouille maritime...). "Ce serait un signe très positif", explique-t-on à La Tribune.

En outre, les autorités françaises évoqueront à nouveau la proposition à base de Crotale NG de Thales sur le programme saoudien de défense aérienne Mark III. Un dossier sur lequel l'Élysée est resté sur sa faim en janvier dernier lors de la visite de François Hollande en Arabie Saoudite. Car la France tient plus que jamais à ce dossier. "La partie française est décidée de continuer de marquer vis-à-vis des Saoudiens l'importance que revêt la conclusion prochaine de ce dossier", explique-t-on au sein du groupe Thales. A suivre... D'autant que son rival MBDA n'a pas abdiqué sur ce projet.

Vers une commande pour le chantier OCEA

Cela avait été un petit sujet d'incompréhension entre le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian et ses interlocuteurs saoudiens quand il était allé en Arabie Saoudite à l'automne préparer la visite présidentielle de François Hollande. Les responsables saoudiens lui avaient part de leur vif intérêt pour des bâtiments français. Pensant aux FREMM, le ministre était ravi. Sauf que les Saoudiens pensaient plus à des patrouilleurs du chantier naval des Sables d'Olonne OCEA qu'aux frégates de DCNS dans le cadre du programme Sawari 3. C'est l'ex-patron d'ODAS, proche de celui d'OCEA, qui avait proposé ces navires aux Saoudiens sans en avertir Paris...

Du coup, OCEA pourrait un obtenir une commande de 600 millions de dollars environ en Arabie Saoudite pour des patrouilleurs, qui pourrait être équipés du système Simbad-RC (MBDA), destinés à la marine. Voire aussi à la Garde Royale, la SANG, qui a un besoin de patrouilleurs pour protéger les côtes du royaume. Les FREMM, équipées de 10 NH90 navals (NFH) d'Airbus Helicopters et du nouveau missile de croisière MDCN (MBDA), attendront encore un peu (2015, comme on l'espère chez DCNS) même si la France a besoin d'une commande rapide.

Car l'exportation des FREMM est une des clés de la bonne marche de la loi de programmation militaire (LPM) et bien sûr de DCNS. L'idée est de re-router les futures frégates 4, 5 et 6 destinées à la Royale vers la marine saoudienne sans affecter le plan de charge de DCNS et de son site de Lorient, cher à Jean-Yves Le Drian.

Et les Allemands engrangent

Pendant ce temps, les Allemands engrangent des commandes en Arabie saoudite. Au début de l'année, Berlin a apporté via Hermes (l'équivalent de la Coface) sa garantie pour l'exportation de 146 patrouilleurs fabriqués à Brême par le chantier naval Lürssen et destinés aux forces du ministère de l'Intérieur. Un contrat estimé à 1,4 milliard d'euros. D'ici là que Lürssen double avec la garde royale et la marine… il y a un pas que certains en France craignent.