Le Pérou s'offre un satellite espion fabriqué par Airbus Space Systems

Par Michel Cabirol  |   |  515  mots
Après le Chili, le Pérou s'offre un satellite d'observation français
Lima achète un satellite d'observation de haute résolution dual à la France. Un contrat qui doit beaucoup à l'Etat français, qui s'est beaucoup investi.

C'est une très jolie commande pour Airbus Space Systems. Elle était attendue depuis plusieurs semaines. Le contrat, estimé à environ 200 millions de dollars a été signé ce matin vers 10h00 à Lima (17h00 heure française). Après le Chili en Amérique du Sud, c'est donc au tour du Pérou de s'offrir un satellite d'observation de haute résolution dual fabriqué par Airbus Space Systems, qui avait été sélectionné à la fin 2013. Un succès qui vient après celui du Maroc, qui a acheté à la France (Thales Alenia Space et Airbus Space Systems) deux satellites espions en 2013, et bientôt celui des Emirats Arabes Unis (EAU).

Les négociations étaient terminées depuis plusieurs semaines mais l'accord inter-gouvernemental entre la France et le Pérou devait être encore affiné et finalisé. Lima tenait beaucoup à un tel accord afin d'obtenir la garantie de la France. Ce qui est désormais le cas et ouvre ainsi la voie à une signature. Les visites du secrétaire d'Etat à la défense, Kader Arif, puis celle du ministre, Jean-Yves Le Drian, en novembre 2013, ont permis de faire avancer un dossier difficile. A l'occasion de la venue de Jean-Yves Le Drian, plusieurs accords en matière de sécurité et de défense ont d'ailleurs été signés entre la France et le Pérou. 

Airbus Space Systems face... à sa filiale SSTL

Pour remporter cette commande, Airbus Space Systems a dû affronter les israéliens d'Israel Aircraft Industries (IAI) et... sa filiale britannique Surrey Satellite Technology Ltd (SSTL). Détenue à 99 % par Airbus Space Systems, SSTL a été autorisé à faire une offre concurrente, ces offres étant souvent complémentaires à celles de sa maison mère. "On laisse SSTL vivre sa vie", explique-t-on dans le groupe.

La visite de Jean-Yves Le Drian avait été jugée "très positive", explique-t-on du côté des industriels, d'autant qu'elle coïncidait avec la remise des offres définitives. Airbus Space Systems avait ainsi réactualisé son offre. A l'image de Thales Alenia Space, le constructeur européen est également en piste en Colombie et en Bolivie, qui souhaitent également s'équiper de satellites d'observation.

Pourquoi le Pérou a besoin d'un satellite espion ?

Le Pérou, qui partage ses frontières avec cinq pays (Colombie, Équateur, Brésil, Bolivie et Chili) a besoin d'un satellite d'observation pour mieux surveiller l'intégrité de son territoire. Dans son collimateur : l'Équateur, avec lequel un conflit a éclaté en 1995 dans la haute vallée de la Cenepa, et le Chili, avec qui il a quelques litiges.

Ce satellite permettra également de surveiller des zones difficilement accessibles comme la Cordillère des Andes et la forêt amazonienne où des orpailleurs illégaux pullulent. La France a dit qu'elle apporterait son soutien au Pérou dans le cadre de la lutte contre les exploitations minières sauvages.

Enfin, ce satellite permettra de mieux combattre les narcotrafiquants, qui entretiennent des plantations de coca au Pérou, devenu le premier producteur mondial de cocaïne devant la Colombie, et enfin de mieux lutter contre le terrorisme du Sentier Lumineux.