Ukraine : la Russie menace de remettre en cause la coopération spatiale avec les États-Unis

Par latribune.fr  |   |  404  mots
Le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine, en charge du secteur de l'espace et des armements, veut arrêter l'exploitation de la Station spatiale internationale en 2020.
Le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine, en charge du secteur de l'espace et des armements, a annoncé notamment que la Russie n'avait pas l'intention de poursuivre l'exploitation de la Station spatiale internationale (ISS) au-delà de 2020.

La crise entre les États-Unis et la Russie s'envenime. Piquée au vif par les sanctions à son encontre dans la crise ukrainienne, la Russie menace de remettre en cause la coopération spatiale avec les États-Unis. Le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine, en charge du secteur de l'espace et des armements, a annoncé mardi que la Russie n'avait pas l'intention de poursuivre l'exploitation de la Station spatiale internationale (ISS) au-delà de 2020. La décision de la Nasa de suspendre ses contacts avec la Russie, à l'exception de la collaboration portant sur l'ISS, avait soulevé des interrogations dans la presse américaine, qui avait accusé l'administration Obama d'utiliser la crise ukrainienne pour justifier de coupes budgétaires pour l'agence spatiale.

En avril, Dmitri Rogozine avait déjà frappé les esprits en écrivant sur Twitter que les spationautes américains pourraient désormais avoir besoin d'un "trampoline" pour rejoindre l'ISS. Les vaisseaux russes Soyuz sont en effet, depuis l'arrêt des navettes spatiales américaines, le seul moyen d'acheminer et de rapatrier les équipages de l'ISS. Sans la Russie, les États-Unis ne peuvent accéder à l'ISS. Pour autant, Soyouz a encore ramené à terre mercredi un Américain, Rick Mastracchio, avec un Japonais et un Russe.

Rogozine dans le collimateur des États-Unis

Connu pour sa rhétorique anti-occidentale, Dmitri Rogozine est lui-même visé par des sanctions occidentales. Il avait estimé que les États-Unis n'hésitaient pas à "exposer" leurs astronautes de l'ISS. Un terme suffisamment ambigu, dans un contexte d'escalade verbale entre les deux anciens ennemis de la Guerre froide, pour susciter l'inquiétude.

Dmitri Rogozine "oublie que s'il met fin au lancement de satellites par des lanceurs russes pour le compte des États-Unis, le programme de lancements sera réduit de moitié, et cela occasionnera un énorme préjudice" financier et industriel à la Russie, observe l'expert russe indépendant Vadim Loukachevitch. Moscou perdrait également beaucoup à ne plus fournir aux États-Unis les moteurs de fusées NK-33 et RD-180, fabriqués en Russie et qui permettent principalement de lancer des satellites destinés aux programmes de défense américains, comme l'a annoncé le directeur de Roskosmos, Oleg Ostapenko. "Nous sommes prêts à fournir ces moteurs aux Etats-Unis, mais à condition qu'ils ne soient pas utilisés pour lancer des engins spatiaux militaires", a-t-il déclaré mardi.

Par ailleurs, seule, la Russie ne peut explorer ni la Lune ni d'autres planètes, son objectif affiché à horizon 2030-2050, remarque l'expert.