Le Rafale atterrira-t-il un jour en Egypte ? Pas impossible

Par Michel Cabirol  |   |  770  mots
L'Egypte est intéressée par 24 Rafale
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi doit venir en France le 26 et 27 novembre. D'importants contrats d'armements sont en train d'être négociés entre la France et l'Egypte.

La visite à Paris du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi le 26 et 27 novembre sera-t-elle l'occasion d'annonces de nouveaux contrats pour l'industrie de l'armement française ? Possible mais pas certain. En tout cas, industriels et hauts responsables étatiques français font tout leur possible pour que l'ex-chef d'Etat-major de l'armée égyptienne puisse être en position de faire de telles annonces. Et les enjeux sont colossaux. Qui aurait pu prévoir il y a encore un peu plus d'un an une telle proximité entre Paris et Le Caire...

L'un des dossiers les plus chauds entre les deux pays est la concrétisation par DCNS d'une nouvelle commande de deux nouvelles corvettes de 2.400 tonnes (500 millions d'euros hors armement), qui ont été budgétées par les Égyptiens. Elles étaient en option lors du contrat signé cet été entre DCNS et Le Caire et qui portait sur la vente de quatre corvettes identiques (1 milliard d'euros). Le groupe naval, qui est revenu à la table des négociations à l'issue des fêtes de l'Aïd, semble aujourd'hui raisonnablement confiant dans une issue positive de cette négociation, selon nos information. D'autant que DCNS aurait récemment franchi une étape importante.

Enfin, DCNS négocie un lot de torpilles (150 à 200 millions d'euros) pour armer les quatre premières corvettes. De son côté, MBDA qui a déjà signé un petit contrat portant sur l'installation de tirs sur les quatre premières corvettes de ses missiles Exocet MM40 et VL-Mica (50 millions d'euros). Surtout le missilier négocie actuellement avec Le Caire un lot de missiles (entre 300 et 400 millions d'euros) et attend une commande en 2015.

Et pourquoi pas le Rafale ?

L'Egypte est intéressée par l'avion de combat de Dassault Aviation. Par 24 appareils. Le Caire a exprimé cet intérêt lors de la visite mi-septembre de Jean-Yves Le Drian. Une demande qui n'est pas nouvelle. Car déjà au début de l'été 2011, les militaires égyptiens avaient déjà envoyé à Paris une "expression d'intérêt" pour 12 à 20 Rafale. Paris était alors très embarrassé et Dassault Aviation pas intéressé. Pour autant, Paris avait commencé à discuter avec Le Caire pour comprendre le besoin des militaires égyptiens. Des pilotes égyptiens essaieront même le Rafale. Mais cela n'ira pas plus loin. Aujourd'hui, la demande des Égyptiens sera étudiée de façon plus approfondie.

Pour autant, ce dossier n'est pas encore mûr. Plutôt un dossier "de moyen terme", précise une source proche du dossier. D'autant que les Égyptiens pourraient demander à la France lors de la visite d'Abdel Fattah al-Sissi un financement, via la Coface, pour pouvoir s'offrir les 24 Rafale. Ce qui pourrait compliquer un peu plus ce dossier, qui sera difficile à concrétiser. Mais pas impossible.

Modernisation des Mirage 2000

"C'est possible", assure en revanche une source proche du dossier. Possible mais là aussi compliqué car les militaires égyptiens sont encore très partagés entre les programmes de modernisation de leur flotte et/ou l'achat d'appareils neufs. En attendant, le dossier sur la modernisation des 20 Mirage 2000 EM/BM que Le Caire avait commandé en décembre 1981 et qui ont été livrés entre 1986 et 1988, n'avance pas faute d'accord sur le prix.

Si Le Caire reste "très intéressé" par cette opération, les Égyptiens la trouvent "trop chère et trop longue", explique-t-on à La Tribune. Dassault Aviation et Thales proposent une modernisation de type Inde, sans la dimension air-sol, pour en limiter les coûts. Une proposition que les deux industriels ont également fait au Pérou (12 Mirage). En Egypte, la facture s'élèverait à 900 millions d'euros, voire au-dessus du milliard, selon les différentes sources. De son côté, MBDA propose un lot de missiles air-air Mica pour armer les Mirage 2000 égyptiens. Ce que le missilier européen avait déjà fait en Inde (493 missiles Mica IR/EM pour 959 millions d'euros).

Un dossier explosif sur la défense aérienne

Enfin, MBDA propose au Caire des solutions en vue de rééquiper l'armée égyptienne dans le domaine de la défense aérienne (Air defence) de courte et moyenne portée. Tout comme l'Arabie Saoudite, l'Egypte dispose actuellement de missiles Crotale (Thales). Un dossier qui pourrait être très, très explosif entre les deux groupes... d'autant que le PDG de MBDA Antoine Bouvier est très intéressé par la succession de jean-Bernard Lévy à la tête de Thales.

Un dossier d'actualité car la Libye qui concentre actuellement toutes les difficultés de la région (guerre civile, trafic d'armes, immigration clandestine, radicalisme islamiste et défaillance de l'État), dispose de frontières poreuses avec l'Égypte.