737 MAX d'Ethiopian : les pilotes ont respecté les procédures mais le Boeing est resté incontrôlable

Par latribune.fr  |   |  724  mots
(Crédits : Joshua Roberts)
Selon le rapport d'enquête préliminaire publié ce jour, les pilotes du Boeing 737 MAX d'Ethiopian Airlines qui s'est écrasé le 10 mars ont respecté toutes les procédures d'urgence pour reprendre le contrôle de l'avion.

Le Boeing 737 MAX d'Ethiopian Airlines qui s'est écrasé le 10 mars dernier avec 157 personnes à bord étant flambant neuf, il était difficile d'imputer l'accident à une négligence de maintenance de la compagnie africaine. Il sera également compliqué de mettre en cause les pilotes comme cela se pratique souvent puisque le rapport préliminaire des autorités éthiopiennes sur l'accident publié ce jeudi a indiqué que les pilotes ont exécuté "à plusieurs reprises" les procédures d'urgence recommandées par Boeing.

"L'équipage a réalisé à plusieurs reprises toutes les procédures fournies par le constructeur, mais ils n'ont pas été en mesure de reprendre le contrôle de l'avion", a déclaré la ministre éthiopienne des Transports Dagmawit Moges, lors d'une conférence de presse.

Le MCAS dans le viseur

Dans une consigne publiée le 6 novembre dernier, après le crash en octobre d'un 737 MAX de Lion Air qui a fait 189 victimes, Boeing expliquait qu'une erreur de la sonde AOA, qui mesure l'angle d'incidence, pouvait conduire le système anti-décrochage MCAS (Maneuvering Characteristics Augmentation System), à mettre brutalement l'avion en "piqué". Pour y remédier, il recommandait aux pilotes de désactiver le système en "déconnectant les compensateurs électriques", et ce, "jusqu'à la fin du vol".

Le Wall Street Journal, citant des personnes ayant eu accès aux données des boîtes noires de l'avion, a, quant à lui, affirmé mercredi que le commandant de bord et son copilote, confrontés à une défaillance du MCAS ont respecté "initialement" la procédure d'urgence établie par le constructeur. Mais, selon le quotidien économique, l'équipage aurait toutefois réactivé le système. Pourtant, la manière dont le système a pu être réactivé n'est pas établie pour le moment, sans compter que celui-ci a pu se réactiver tout seul, a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête.

Le rapport préliminaire recommande dès lors que "le système de gestion de vol de l'avion soit revu par le fabricant" américain, a ajouté la ministre éthiopienne des Transports. Dagmawit Moges n'a pas fait référence au MCAS, soupçonné d'avoir joué un rôle clé dans l'accident, et qui avait déjà été mis en cause dans celui, en octobre, de la compagnie indonésienne Lion Air, dont un 737 MAX s'était abîmé en mer de Java dans des conditions similaires. Dans les deux cas, un avion flambant neuf s'est écrasé peu après le décollage après avoir connu des montées et des descentes irrégulières lors de la phase de montée. La ministre s'est contentée d'évoquer un mouvement de "piqué répété" de l'avion.

"Les autorités de l'aviation civile devront vérifier que la révision du système de gestion de vol de l'avion a été correctement effectuée par le fabricant", avant que la flotte des Boeing 737 MAX, clouée au sol dans le monde entier depuis l'accident, soit autorisée à voler à nouveau, a insisté la ministre.

Les 371 appareils livrés par Boeing jusqu'ici sont en effet tous cloués au sol.

Le PDG de Boeing participe à un vol d'essai de B737 MAX modifié

Boeing a indiqué qu'elle allait "examiner" le rapport. L'avionneur s'efforce pour l'heure de corriger le système MCAS. Lundi, la direction de l'aviation civile américaine, la Federal Administration Agency (FAA) a retoqué la solution apportée par Boeing.

Le directeur du Bureau éthiopien d'enquête, Amdiye Ayalew, a indiqué que le rapport complet devrait prendre entre six mois et un an à être rédigé, mais a souligné que l'enquête préliminaire n'avait montré aucun signe de "dégât causé par un objet extérieur".

Pour tenter de regagner la confiance des régulateurs et du grand public après les deux accidents de ses 737 MAX 8, Boeing a publié mercredi une photo de son PDG Dennis Muilenburg assis dans un cockpit derrière deux pilotes, participant en personne à un vol d'essai d'un 737 MAX équipé d'un système anti-décrochage MCAS modifié.