A320 Neo, A350, A400M : Airbus Group fragilisé par ses fournisseurs

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  1041  mots
L'atteinte des objectifs financiers du groupe d'aéronautique et de défense dépendra de la capacité des sous-traitants de l'A320 Neo (Pratt & Whitney), de l'A350 (Zodiac, notamment) et de l'400M (Avio) à livrer leurs moteurs ou équipements.

Année difficile en vue pour Airbus Group. Avec les difficultés observées sur l'A320 Neo, l'A350, et sur l'avion de transport militaire A400M pour lequel il n'exclut pas une nouvelle charge financière "significative", 2016 sera une année de "défis", explique le groupe.

"2016 se révèle être l'année difficile que nous avions anticipé", a en effet déclaré le patron d'Airbus Group, Tom Enders, qui table "sur une performance financière stable".

Au premier trimestre, le groupe d'aéronautique et de défense a enregistré un recul de 23% de son résultat d'exploitation avant éléments exceptionnels (Ebit), à 501 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires en légère hausse de 1%, à 12,183 milliards d'euros. Un recul qui provient de l'impact de la baisse de la production de l'A330, de la baisse des prix des A320 Ceo et des A330, mais aussi des livraisons d'A350 avec marge fortement négative.

Baisse des dépenses en Recherche et Développement

"Ce recul est en ligne avec nos prévisions mais la baisse sous-jacente est plus forte puisque le premier trimestre a finalement été aidé par une forte chute de la R&D", explique Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities.

Les dépenses de R&D ont en effet baissé de 158 millions d'euros, à 543 millions.

Le bénéfice net a quant à lui chuté de 50%, à 399 millions d'euros. Le groupe a néanmoins maintenu ses prévisions annuelles d'une stabilité de son bénéfice d'exploitation.

Mais pour Yan Derocles, "l'atteinte de ses objectifs dépend plus de certains de ses fournisseurs que d'Airbus Group. Autrement dit de la capacité du motoriste Pratt & Whitney à livrer les moteurs de l'A320 Neo, celle de Zodiac de livrer les sièges de l'A350, sans oublier celle de l'italien Avio (filiale de General Electric) pour les boites de vitesse de l'avion militaire de transport A400M".

L'objectif de livraison pour l'A350 mais est maintenu mais sera difficile à atteindre

Seize mois après la première livraison de l'A350, la montée en cadence du biréacteur long-courrier fait l'objet d'une attention renforcée en raison de goulots d'étranglement dans la chaîne d'approvisionnement, a souligné le géant aéronautique.

"Ceci est de plus en plus difficile", a reconnu Tom Enders, alors que "l'objectif d'au moins 50 livraisons d'A350 en 2016 demeure, mais paraît de plus en plus difficile à atteindre", selon Harald Wilhelm, le directeur financier d'Airbus Group.

Pointé du doigt en janvier par le Pdg d'Airbus Fabrice Brégier, l'équipementier français Zodiac rencontre toujours des difficultés à fournir des sièges d'avion.

A320 Neo, Pratt & Whitney maintient son objectif de livraison sur l'année

La préparation de la montée en cadence de l'A320, son moyen-courrier, est également confrontée à des "défis temporaires" sur la chaîne d'approvisionnement, "qui devraient être rattrapés en fin d'année", a-t-il ajouté. Airbus avait déjà reconnu des problèmes de "jeunesse mineurs" sur l'appareil.

Concernant les difficultés du motoriste Pratt & Whitney sur l'A320 Neo, qui engendre des reports de livraisons, la version remotorisée du monocouloir, Airbus explique que la livraison par de moteurs conformes aux performances annoncées devrait permettre d'effectuer cette montée en cadence au deuxième trimestre.

United Technologies, maison mère du motoriste américain, a maintenu mardi son objectif de 200 moteurs PW1100G livrés d'ici à la fin de l'année, alors qu'il n'en a livré que 14 au trimestre.

"Nous avons livré 14 moteurs au cours du trimestre, nous sommes exactement en ligne avec Airbus en termes de montée en cadence", a déclaré mardi Gregory Hayes le patron de United Technologies.

Selon lui, toutes les solutions aux problèmes rencontrés par le PW1100G seront introduites en production d'ici à juin et "les quelques moteurs que nous avons livré au premier trimestre seront "retrofités" (rénovés, NDLR) d'ici à la fin de l'année". Il a assuré que "les moteurs ont des performances meilleures que prévu" à présent avec une disponibilité de plus de 99%.

Ces problèmes avaient conduit Qatar Airways à refuser de réceptionner le premier exemplaire de l'A320neo en en décembre. C'est finalement Lufthansa qui a réceptionné le premier appareil à sa place.

Les moteurs Pratt & Whitney équipent une partie seulement des A320Neo, le reste étant équipé de moteurs Leap de CFM International, la coentreprise de General Electric et Safran, dont la certification est attendue en juin.

Charge financière significative en vue pour l'A400M

Enfin, l'avion de transport militaire A400M continue de rencontrer des difficultés, cette fois en raison des boîtes de vitesse de moteurs produites par l'italien Avio (filiale de General Electric). Ce qui pose un "sérieux défi de production et de livraisons aux clients", a reconnu Tom Enders. Seuls deux A400M ont été livrés au premier trimestre. Airbus Group n'exclut pas une charge financière liée à ce problème, en indiquant qu'elle pourrait être "significative", mais ne l'a pas chiffrée pour l'heure.

Alors que le groupe espérait jusque-là livrer une vingtaine d'A400M cette année contre onze en 2015, il avoue ne plus être en mesure aujourd'hui de fournir un nouvel objectif de livraison de l'appareil pour cette année, même si Harald Wilhelm s'est néanmoins déclaré confiant dans la capacité du motoriste italien Avio de résoudre le problème.

Les discussions sont en cours avec les pays clients sur la résolution des problèmes de moteurs des quelque 25 avions en service et sur un nouveau calendrier de livraisons des nouveaux appareils.

"Le coût issu de l'évaluation devra être adapté en conséquence, mais à ce stade nous n'avons pas de vision suffisamment mûre des conséquences techniques, commerciales et industrielles, et de leur potentiel impact sur les publications financières, qui pourraient être significatifs", précise le groupe dans son communiqué. Harald Wilhelm juge "très limités" les risques d'annulations de commandes.

Pour l'A380, Airbus s'attend désormais à 27 livraisons pour 2016, comme en 2015, et 20-25 en 2017, assurant qu'il maintiendra à ces niveaux l'équilibre financier du programme atteint l'an dernier.

A 13 heures, Airbus affichait un recul de plus de 6% en Bourse.