Aéronautique : la grande soufflerie S1 de Modane bientôt sauvée d'un effondrement

Par Michel Cabirol  |   |  547  mots
"L'affaissement de la soufflerie S1 de Modane-Avrieux impliquerait une remise en état estimée à 300 millions d'euros ; s'il venait à s'effondrer, sa valeur à reconstruction est estimée à 700 millions d'euros", selon la députée PS de l'Indre, Isabelle Bruneau,
Le ministère de la Défense devrait très rapidement dégager des ressources financières d'urgence pour lancer le plan de rénovation destiné à la grande soufflerie S1 de Modane, qui menace de s'effondrer.

C'est une très bonne nouvelle pour l'aéronautique civile et militaire française. Une fois les modalités pratiques réglées notamment le montant précis de la facture, le ministère de la Défense se dit prêt à prendre très rapidement les mesures financières pour lancer un plan d'urgence de rénovation qui mettra à l'abri d'un effondrement la grande soufflerie S1 de Modane-Avrieux (S1MA) de l'ONERA, assure-t-on dans l'entourage du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Le président du centre de recherche aérospatiale français (ONERA), Bruno Sainjon, a d'ailleurs été reçu la semaine dernière au ministère. Des assurances lui ont été données en ce sens, selon la même source.

Il était temps car si le sol s'affaissait de cinq petits millimètres de plus sous la soufflerie S1, où sont apparues de nombreuses fissures inquiétantes, la France perdait un de ses bijoux technologiques, qui fait envie au monde entier. Selon la députée PS de l'Indre, Isabelle Bruneau, "l'affaissement du bâtiment impliquerait une remise en état estimée à 300 millions d'euros ; s'il venait à s'effondrer, sa valeur à reconstruction est estimée à 700 millions d'euros". Si le ministère a pris son temps avant de réagir, c'est qu'il voulait impliquer les industriels de l'aéronautique et la DGAC (direction générale de l'aviation civile), utilisateurs des souffleries. Mais ils se sont tour à tour défilés au grand dam de l'hôtel de Brienne.

Le 21 octobre dernier, interrogé par Isabelle Bruneau à l'Assemblée nationale sur les difficultés de la soufflerie S1, Jean-Yves Le Drian avait répondu qu'il était "très sensible au sort de l'ONERA, et notamment aux questions qui touchent à la soufflerie de Modane, dont je suis directement informé". Le 27 octobre, il s'est montré un peu plus précis en expliquant que "le ministère de la défense ne laissera pas tomber l'ONERA".

Environ 20 millions d'euros de travaux

Le montant des travaux de renforcement du sous-sol est estimé... à 20 millions d'euros. Le plan de rénovation élaboré par l'industriel Spie Fondations est déjà prêt. Pour éviter toute catastrophe, il faudrait que le chantier commence en mars ou avril. L'ONERA a déjà autofinancé 2 millions d'euros pour des travaux exploratoires et de premier renforcement, mais faute d'argent, l'ONERA ne peut pas payer ces travaux. D'autant que le centre de recherche devrait afficher en 2015 une perte inférieure à 4 millions d'euros, autour de 3,7 millions (contre 16 millions en 2014).

Cette aide d'urgence dédiée à la grande soufflerie S1MA n'exemptera pas pour autant l'ONERA de faire un gros travail de structuration de son fonctionnement et de sa stratégie. La nouvelle direction y travaille, notamment sur le contrat d'objectifs et de performance (COP), exigé par l'État. Il sera prêt en mars ou avril. Le plan stratégique scientifique (PSS) devrait être quant à lui prêt fin janvier. Une fois tout ce travail accompli, le ministère de la Défense prendra les décisions sur le rôle et les missions de l'ONERA à l'avenir. Ce travail de structuration permettra également d'engager le plan de soutien pour huit grandes souffleries (plan ATP) élaboré par la direction, dont le montant s'élève à 218 millions d'euros sur onze ans.