Spatial : en quête de compétitivité, ArianeGroup va supprimer 600 postes

Par latribune.fr  |   |  591  mots
ArianeGroup fait face à la féroce concurrence de l'américain SpaceX et ses lanceurs réutilisables. (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)
Les perspectives de lancement d'Ariane 6 portent finalement sur un besoin de sept tirs par an, soit 30% de moins que lors du lancement du projet 2014. "Rien ne nous fait croire que le plan de 2.500 effectifs en moins d'ici 2025 n'est plus d'actualité", a réagi Benoit Dalgalarrondo, délégué syndical CGT. La concurrence de l'Américain SpaceX devient un paramètre incontournable pour le groupe européen.

L'appétit de l'Américain SpaceX était craint par le PDG d'Arianespace qui évoquait en mai dernier le "risque de monopolisation" de l'espace. Cela se traduit désormais dans les chiffres, avec l'annonce de la suppression de 600 postes au sein du groupe européen d'aérospatial d'ici la fin 2022. Si ces 600 départs vont concerner la France et l'Allemagne, le groupe va aussi opérer le transfert de la production du moteur Vinci d'Ariane 6 de l'usine de Vernon (Eure) vers le voisin allemand, a appris jeudi l'AFP de sources syndicales.

"Tous les postes de travail sont concernés, sauf les personnels en atelier", a précisé une source syndicale. Les départs, volontaires, s'étaleront tout au long de l'année 2022. Dévoilé par Challenges, ce plan vise à redonner de la compétitivité et réduire les coûts du fabricant des fusées Ariane.

"Sachant qu'en France, on a 350 départs naturels chaque année, si on y ajoute le flux d'embauches que l'entreprise va maintenir, il faudra faire partir 150 à 200 personnes", a estimé Philippe Gery, délégué syndical central CFE-CGC.

ArianeGroup fait face à la féroce concurrence de l'américain SpaceX et ses lanceurs réutilisables. Avec sa constellation Starlink, elle possède déjà une avance sur son rival européen. Sur plus de 9.000 satellites placés en orbite depuis 1957, "Space X a déjà déployé 1.677 satellites pour Starlink, ça veut dire qu'aujourd'hui, sur tous les satellites en opération, 35% appartiennent à un homme, Elon Musk, et si vous prenez les satellites de plus de 50 kg, c'est plus de 50%", pointait le PDG d'Arianespace.

Sept tirs par an, moins que prévu

Coentreprise entre Safran et Airbus, ArianeGroup développe le lanceur lourd Ariane 6, dont le tir inaugural a été reporté au deuxième trimestre 2022 en raison de difficultés techniques aggravées par les conséquences de la crise sanitaire.

Les perspectives de lancement d'Ariane 6 portent sur un besoin de sept tirs par an, 30% de moins que lors du lancement du projet 2014, forçant l'entreprise à réduire ses coûts.

Un accord franco-allemand conclu en juillet prévoit que l'Agence spatiale européenne (ESA), dont les deux pays sont les principaux contributeurs, apporte un financement supplémentaire de 140 millions d'euros par an pour assurer la viabilité économique d'Ariane 6.

40 emplois transférés de la France à l'Allemagne

L'accord franco-allemand comprend le transfert de la production de Vinci, le moteur réallumable de l'étage supérieur du lanceur, de Vernon (Eure) vers le site d'Ottobrunn, en Allemagne.

Ce transfert représente "40.000 heures de travail annuel", avance M. Gery, soit 40 emplois environ à Vernon, d'après la direction.

"Le ver était dans le fruit, mais c'est un coup dur", a reconnu le responsable syndical, pour qui "cela va affaiblir la maîtrise française sur la technologie de projection".

D'autant que ce transfert pourrait en appeler d'autres, dit-il craindre. Comme celui du moteur Prometheus, fer de lance de la stratégie européenne pour rester dans la course à l'espace face à la compétition internationale.

Le transfert de Vinci "pourrait signer la fin de l'usine de Vernon à plus long terme", redoute Philippe Gery. Cette dernière employait 952 CDI fin décembre 2020.

"Rien ne nous fait croire que le plan de 2.500 effectifs en moins d'ici 2025 n'est plus d'actualité", a réagi Benoit Dalgalarrondo, délégué syndical CGT, même si la direction refuse de se projeter au-delà de 2022. "Pour nous, ce plan n'est pas justifié", a-t-il ajouté.

ArianeGroup emploie 7.600 salariés et a réalisé 2,5 milliards de chiffre d'affaires en 2020.

(avec AFP)