Près de neuf mois mois après la rencontre en décembre 2020 entre les ministres de l'Économie français et allemand Bruno Le Maire et Peter Altmaier pour sauver le soldat Ariane 6, l'Agence spatiale européenne (ESA) a mis en musique la volonté de la France soutenue par l'Allemagne, qui a certainement obtenu des contreparties. L'ESA a donc défini et stabilisé les conditions des trois premières années d'exploitation des futurs lanceurs européens Ariane 6 et Vega-C en Guyane (Centre spatial guyanais). Cet accord des pays membres de l'ESA permet à ArianeGroup et à l'industriel italien Avio d'obtenir une visibilité industrielle minimale. En attendant plus...
Poussés par les besoins de lancement de l'Europe et compte tenu du contexte volatil du marché mondial des services de lancement, les États membres de l'ESA "ont convergé vers une base stable et sûre pour l'exploitation de ces nouveaux lanceurs" afin de garantir un accès souverain à l'espace pour l'Union européenne dans le années à venir, a précisé l'ESA. Les conditions négociées"garantissent une base stable pour une exploitation réussie d'Ariane 6 et de Vega-C afin de répondre aux besoins institutionnels européens et au marché commercial", a estimé le directeur des transports spatiaux de l'ESA, Daniel Neuenschwander.
Ariane 6 et Vega-C sur le marché commercial
Selon un communiqué publié vendredi, le modèle d'exploitation révisé repose sur une demande de services de lancement institutionnel européen d'au moins quatre Ariane 6 (trois Ariane 62 et une Ariane 64, qui propose des lancements doubles) et deux lanceurs italiens Vega-C par an en moyenne. Outre l'ESA, les clients institutionnels européens devront également "s'engager à lancer sur des lanceurs développés" par l'Agence spatiale européenne. "Les conditions tarifaires du service de lancement standard associé ont également été convenues", a souligné l'ESA. Les décisions financières devraient être prises à l'occasion de la réunion du Conseil ministériel de l'ESA prévu fin 2022.
A l'image du modèle américain, les pays européens et l'ESA devraient payer le prix fort pour permettre à Arianespace d'être compétitif sur le marché commercial, explique-t-on à La Tribune. Les États membres ont également anticipé le maintien des capacités industrielles stratégiques permettant de répondre soit à des lancements institutionnels supplémentaires, soit à une demande commerciale plus élevée. L'outil industriel d'Ariane 6 prévoit par exemple la fabrication de 12 Ariane 6 par an. A cet égard, la première Ariane 6 est sur le point de s'envoler vers Kourou pour une campagne d'essais en Guyane.
Une ouverture pour les petits lanceurs.
Les États membres de l'ESA ont demandé à l'ESA de proposer une feuille de route pour des solutions de transport spatial nouvelles et innovantes pour la prochaine décennie et un cadre pour les démonstrations à cycle court associées, notamment dans le cadre des études sur l'initiative "Nouvelles solutions européennes de transport spatial" (NESTS) de l' ESA. Dans ce cadre, le Conseil de l'ESA a demandé au directeur général de l'ESA de convenir avec l'Union européenne d'une initiative européenne de "billet d'avion" pour démontrer et valider régulièrement des missions en orbite de moins de 200 kg sur des services de lancement sélectionnés sur une base concurrentielle avec des capacités éprouvées.
"Nous travaillerons, avec l'Union européenne, pour favoriser des opportunités régulières de lancement de petites missions sur des lanceurs européens éprouvés en vol, sélectionnés sur une base compétitive", a fait valoir Daniel Neuenschwander.
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