Airbus Helicopters : chronique d'une trahison de la Pologne annoncée

Par MC avec agences  |   |  618  mots
Les chances du Caracal d'Airbus Helicopters d'atterrir en Pologne se réduisent
La Pologne fait un pas de plus vers la rupture des négociations avec Airbus Helicopters pour la vente de 50 Caracal aux forces armées polonaises.

Le nouveau gouvernement polonais prépare-t-il encore et encore les esprits à une rupture des négociations, ou est-ce une simple manœuvre de discussions pour obtenir un peu plus de la part d'Airbus Helicopters? Toujours est-il que les pourparlers sur l'acquisition par la Pologne de 50 hélicoptères multi-rôles européens Caracal risquent un échec "très probable", compte tenu des "grandes divergences" entre les négociateurs sur le programme d'investissements compensatoires (offset), a déclaré mardi un vice-ministre polonais de la Défense.

"Étant donné l'ampleur des divergences, il est très probable que l'accord n'aura pas lieu", a déclaré Bartosz Kownacki, cité par le quotidien Rzeczpospolita.

Selon lui, les positions d'Airbus Helicopters et du gouvernement ont toujours été "presque totalement divergentes" sur l'offset accompagnant le contrat estimé par la presse à environ 13 milliards de zlotys (2,9 milliards d'euros). Les négociations doivent s'achever d'ici au 10 février, précise Rzeczpospolita. Si d'aventure la Pologne remettait en question cette opération, cette rupture laisserait des traces profondes entre la Pologne et la France, qui a n'a pas livré les deux Bâtiments de projection et de commandement (BPC), de type Mistral, à la Russie en raison notamment du lobbying intense de Varsovie.

"Nous ne sommes pas allergiques aux Français mais au fait de ne pas utiliser la capacité de l'industrie polonaise, a précisé Bartosz Kownacki. Nous devons faire avancer autant que possible la partie française pour que ce contrat nous soit profitable."

Airbus Helicopters fait le job

Mi-janvier, le PDG d'Airbus Helicopters Guillaume Faury soulignait toutefois dans un entretien avec l'AFP la "bonne convergence" des intérêts d'Airbus et de la Pologne en la matière, mais s'abstenait de commenter une éventuelle différence d'approche de l'actuel gouvernement conservateur par rapport à celui libéral qui avait opté pour les Caracal en avril dernier. Guillaume Faury a affiché le même ton sur une possible signature de ce contrat en 2016, en présentant lundi le bilan commercial annuel de son groupe.

Pourtant le choix d'Airbus est depuis longtemps violemment critiqué par les conservateurs, alors dans l'opposition, au nom de la défense des usines polonaises de ses concurrents, l'américain Lockheed Martin et l'italo-britannique Agusta-Westland, situées d'ailleurs pour la plupart dans les circonscriptions des députés conservateurs. Ce qui justifierait surtout cette remise en question. Fin novembre, le nouveau ministre polonais de la Défense, Antoni Macierewicz, avait remis en question le choix des missiles Patriot américains et des hélicoptères Caracal pour équiper les forces armées du pays.

Un nouvel appel d'offre?

Concernant les Caracal, "le ministère de la Défense va tendre vers une relance de l'appel d'offres si les résultats des négociations d'offset (par le ministère du Développement, NDLR) rendent impossible la signature du contrat", avait déclaré Antoni Macierewicz. "Le dernier mot sur l'ensemble du contrat reviendra toujours au ministère de la Défense", a précisé son porte-parole Bartlomiej Misiewicz, interrogé mardi par l'AFP. Pour autant, les négociations actuelles sur les offset se déroulent entre le ministère de l'Economie et le constructeur de Marignane.

Selon le quotidien polonais DGP (centre), la décision finale sera prise à la mi-février, après une réunion de travail des ministres de la Défense de l'Otan consacrée aux préparatifs du prochain sommet de l'Alliance où les conservateurs polonais souhaitent obtenir un renforcement de la présence de l'Otan sur son territoire. "Le blocage de cette initiative par Paris signifierait que dans les années qui viennent personne au bord de la Vistule n'achètera d'armements fabriqués au bord de la Seine", a estimé le journal.