Arabie Saoudite : Couach en pole position pour les patrouilleurs

Par Michel Cabirol  |   |  522  mots
Un patrouilleur fabriqué pour le Yémen par le chantier naval Couach basé à Arcachon.
Le petit chantier naval d'Arachon Couach serait proche d'obtenir une commande de Ryad pour livrer 34 patrouilleurs rapides. Soit un contrat estimé à 600 millions de dollars.

C'est un dossier très, très compliqué, qui au pire sent le soufre. Selon nos informations, ODAS, la société qui représente en Arabie Saoudite l'Etat français, aurait signé la semaine dernière pour le compte du chantier naval Couach avec le Foreign procurement department (service achat) du ministère de la Défense saoudien un contrat pour livrer 34 patrouilleurs de 30 mètres. Soit un contrat estimé à 600 millions de dollars. Ce document paraphé doit encore être avalisé par le ministre de la Défense, le prince Mohamed Bin Salman Bin Abdul Aziz Al Saoud, également vice-prince héritier du Royaume, qui était venu fin juin à Paris, puis le ministère des Finances.

En tout cas, le prince Salman avait confirmé lors de sa visite à Paris "l'engagement" de l'Arabie Saoudite à acquérir des patrouilleurs rapides pour sa marine, qui vont "venir compléter les capacités des gardes-côtes saoudiens, aujourd'hui confrontés à des menaces croissantes". Et de préciser que les discussions portaient actuellement sur "le prix" des bâtiments.

Un choix qui ne fait pas l'unanimité

Pour autant, ce contrat ne fait pas l'unanimité ni en Arabie Saoudite, notamment dans l'entourage du ministre de la Défense, ni en France où l'hôtel de Brienne et la direction générale de l'armement privilégiaient plutôt le ticket Piriou/DCNS, via la société commune Kership, voire Ocea. Le réseau mis en place pour ce dossier agace également beaucoup, semble-t-il, Paris. Chez ODAS, on justifie le choix de Couach par la volonté du patron de la marine saoudienne, le vice-amiral d'escadre Abdallah Bin Sultan Al Sultan, de signer avec le chantier naval basé à Arcachon (Gironde), qui conçoit sous la marque Plascoa des patrouilleurs militaires et des vedettes de surveillance en matériaux composite.

Le choix de Couach, un petit chantier naval méconnu dans le domaine militaire, par le chef d'état-major de la marine saoudien peut surprendre. Il a de quoi. "Couach a-t-il la capacité à exécuter une telle commande et à en assumer les risques financiers?", s'interrogeait il y a quelque temps un industriel du secteur. Il semblerait que ODAS ait dû apporter des garanties financières dans le cadre de cette signature.

Livraison de patrouilleurs au Yémen

Créé en 1897, Couach était jusqu'ici plus connu pour ses yachts même si à partir des années 70, le chantier développe une gamme de vedettes de surveillance, puis de patrouilleurs, qui équipent les marines et administrations de plus de vingt pays dans le monde, selon la société. La société Nepteam, une holding qui a été créée notamment par l'ancien dirigeant de Converteam, Florent Battistella, et détenue par des investisseurs industriels girondins, est propriétaire de Couach.

Ironie du sort, en juillet 2014, Couach avait livré deux patrouilleurs de 22 mètres, Plascoa 2200 Fast Patrol au Yémen pour équiper les gardes-côtes (Coast Guards) soucieux d'assurer des missions de surveillance côtières. Un modèle qui avait également déjà fait ses preuves auprès des douanes françaises. Couach avait auparavant déjà livré à Sanaa quatre patrouilleurs Plascoa de 15 mètres.