Armement : la France s'est bien fait rouler dans la farine par la Bulgarie

Par Michel Cabirol  |   |  373  mots
La Bulgarie a écarté Naval Group au profit d'un chantier local MTG Dolphin
Naval Group semblait être le favori en proposant deux OPV Gowind à Sofia. Le groupe naval s'est fait doubler par le chantier bulgare MTG Dolphin, qui a proposé un patrouilleur modulaire à la marine pour 420 millions d'euros environ.

Un succès peut cacher un échec. Si la France a convaincu les Émirats arabes unis (EAU) d'acquérir au moins deux corvettes Gowind fabriquées par Naval Group, elle s'est faite en revanche rouler dans la farine par le Premier ministre Boïko Borissov... Un pays où pourtant Emmanuel Macron avait pris soin d'achever en août sa mini-tournée (Autriche, Roumanie et Bulgarie) en atterrissant à Varna, la station balnéaire bulgare chic pour y rencontrer le président bulgare Roumen Radev et Boiko Borissov.

Alors que Naval Group semblait être le favori en proposant deux OPV Gowind à Sofia, il s'est fait doubler par le chantier naval bulgare MTG Dolphin, qui a proposé un patrouilleur modulaire à la marine bulgare (420 millions d'euros environ). En dépit de la mauvaise farce faite à Naval Group, l'électronicien Thales et le missilier MBDA ont pu monter à bord de ce programme. Tout comme les allemands Diehl Defence et Rheinmetal (missiles) ainsi que l'italien Leonardo.

Un vieux projet pour lequel Naval Group avait gagné

Ce programme d'achat de deux patrouilleurs est un très vieux projet de la Bulgarie. Dix ans après avoir choisi Naval Group (ex-DCNS), puis annulé cet accord pour des raisons budgétaires, Sofia avait récemment lancé un nouvel appel d'offres pour acquérir deux patrouilleurs. Les deux bâtiments doivent être construits par le chantier naval sélectionné par Sofia, qui souhaite associer son industrie à ce contrat, via des transferts de technologies. Détenu par un oligarque, MTG Dolphin est d'ailleurs implanté à Varna. Naval Group proposait des OPV Gowind, armés par des missiles de MBDA (Aster et/ou VL-Mica?) et déjà vendus à la Malaisie et l'Égypte.

Boïko Borissov avait déjà rencontré Emmanuel Macron en juin dernier à Paris, où les deux hommes avaient évoqué l'Europe de la défense. "En matière de défense, nous avons évoqué nos perspectives communes, et alors que je veux renforcer justement une Europe de la défense, que plusieurs autres pays membres ont manifesté leur souhait d'aller dans cette direction, la Bulgarie aura toute sa place à jouer dans ce contexte", avait expliqué dans une déclaration commune Emmanuel Macron lors de la visite de Boïko Borissov en juin dernier à Paris.