Au Paris Air Forum, Thierry Breton annonce une « Alliance pour l’Aviation Zéro Émission »

Par latribune.fr  |   |  681  mots
Pour le commissaire européen Thierry Breton, qui s'est exprimé au Paris Air Forum lundi 21 juin, "l'avion de demain et sa compétitivité seront jugés sur son impact climatique.
Cette initiative annoncée par le commissaire européen Thierry Breton rassemblera l'ensemble des acteurs du futur écosystème de l'avion propre notamment pour "promouvoir les investissements nécessaires". Elle devrait voir le jour d'ici la fin de l'année 2021.

Le commissaire européen Thierry Breton, en charge du marché intérieur, a annoncé ce lundi 21 juin au Paris Air Forum organisé par La Tribune, la création d'une "Alliance pour l'Aviation Zéro Émission". Le responsable européen, dont l'une des missions est d'élaborer une stratégie globale à long terme pour aider l'industrie européenne à mener la transition verte et numérique, a expliqué les contours de cette nouvelle initiative :

L'Alliance rassemblera l'ensemble des acteurs du futur écosystème de
l'avion propre pour identifier très en amont toutes barrières, émettre
des recommandations sur la manière de les surmonter et promouvoir
les investissements nécessaires.

L'alliance, qui s'inscrit dans la mise à jour de la stratégie industrielle adoptée en mai dernier, sera lancée d'ici la fin de l'année, a précisé le commissaire.

Objectif : neutralité carbone d'ici 2050

Cette annonce intervient quelques semaines après la publication du rapport « Destination 2050 », dont le but est de faire chuter l'empreinte carbone de l'industrie aéronautique. Ce document ambitionne de réduire de 45 % les émissions de CO2 de tous les vols domestiques et au départ de l'UE d'ici à 2030, avec l'objectif d'atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050. Il a reçu l'aval de la majeure partie des associations aéronautiques européennes, notamment ACI EUROPE, A4E, ASD EUROPE, CANSO et ERA.

Toutefois, les vols ne seront pas 100% "zéro-émission", mais le CO2 qui restera émis sera absorbé de l'atmosphère grâce aux puits de carbone tels que les forêts ou toute autre technologie de capture et stockage créée à cet effet. C'est par exemple dans ce but que l'aéroport de Lyon a annoncé la création de son premier puits de carbone.

"L'avion de demain et sa compétitivité seront jugés sur son impact
climatique. C'est une opportunité unique pour l'industrie
aéronautique européenne d'établir un avantage compétitif décisif de
« first mover » sur le marché mondial", a expliqué le commissaire européen.

Pour atteindre ces objectifs, il souligne l'importance de l'innovation et des technologies de rupture, citant la "nécessité" d'introduire massivement les carburants durables. Et également d'envisager des changements radicaux grâce à la propulsion électrique ou hydrogène afin de mettre "sur le marché d'ici 2035 une nouvelle génération d'avions à zéro émission de CO2."

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Le lancement de cette alliance a vocation a fédérer toutes ces initiatives. "En envoyant un signal clair sur la détermination européenne à virer en tête et à accompagner cette nouvelle révolution technologique et industrielle, l'Alliance apportera la confiance nécessaire pour inciter l'ensemble des acteurs à prendre des décisions d'avenir."

Le commissaire a également annoncé les contours du financement : "la Commission mettra de l'argent, les Etats membres également, comme les entreprises. C'est un partenariat public-privé".

L'alliance pourrait s'ouvrir à des partenaires étrangers, mais à certaines conditions. "Ma philosophie est tranchée : nous sommes ouverts, mais à nos propres conditions. Nous déterminons nos objectifs et ensuite nous regarderons les conditions éventuelles pour intégrer des partenaires non continentaux".

"Amélioration de la gestion du trafic"

Face à ces défis, le commissaire européen ne sous-estime toutefois pas les moyens nécessaires pour assurer cette transition. "Les investissements à mobiliser sont toutefois extrêmement importants", rappelle-t-il. "Pusieurs Etats membres ont décidé de s'engager à travers leur plan national de relance et de résilience, parfois de manière très importante comme c'est le cas pour la France." En juin 2020, le gouvernement s'était engagé à consacrer 1,5 milliard d'euros d'ici à 2022 pour "parvenir à un avion neutre en carbone en 2035".

L'exécutif européen compte bien aussi jouer un rôle majeur, avance le commissaire. "La Commission soutiendra ces efforts à travers le programme Horizon Europe. L'entreprise commune « Clean Aviation » devrait permettre la démonstration de différentes solutions", annonce-t-il, avant d'affirmer que l'institution proposera des mesures coordonnées pour décarboner l'avion : "mesures économiques, amélioration de la gestion du trafic aérien et renforcement des développements technologiques".