Collision à l'aéroport de Tokyo : les pilotes de l'A350 assurent ne pas avoir vu l'autre avion au sol

Par latribune.fr  |   |  855  mots
L'ensemble des passagers et membres d'équipage de l'A350 de Japan Airlines ont tous pu évacuer à l'aide de toboggans gonflables avant que l'appareil ne s'embrase complètement. (Crédits : KYODO)
Les pilotes d'un avion de Japan Airlines (JAL), un A350 transportant 379 personnes, n'ont pas pu voir, selon la compagnie, l'appareil avec lequel ils sont entrés en collision mardi en atterrissant à l'aéroport de Tokyo-Haneda. La discipline des passagers lors de l'évacuation de l'appareil de la JAL a sans doute évité que le bilan - cinq morts parmi les six occupants de l'avion des garde-côtes qui s'apprêtait à décoller - soit plus lourd.

Japan Airlines (JAL) semble d'ores et déjà vouloir dédouaner ses pilotes de toute responsabilité après la collision à l'aéroport de Tokyo-Haneda entre l'un de ses A350 et un Bombardier Dash 8, occupé par six personnes dont cinq ont perdu la vie. Mardi, alors que la nuit était tombée sur la capitale japonaise, le JAL516 en provenance de Sapporo, dans le nord de l'archipel, a percuté à l'atterrissage un appareil des garde-côtes qui s'apprêtait à décoller vers la péninsule de Noto (centre) où s'est produit un terrible séisme lundi.

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Des enquêteurs de plusieurs nationalités mobilisés

« Nous ne pouvions pas avoir de contact visuel (avec l'avion des garde-côtes), nous ont relaté les pilotes. Ils disent que c'est au moment même où les roues touchaient le sol ou étaient sur le point de toucher le sol qu'ils ont senti un impact », a déclaré un porte-parole de la JAL, interrogé au sujet de l'accident.

« L'un des trois pilotes nous a dit avoir vu un objet juste avant l'impact », a-t-il ajouté.

Une équipe d'experts du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) français pour l'aviation civile devait arriver mercredi au Japon pour participer à l'enquête sur cet accident, étant donné que l'avion de JAL était un Airbus A350-900, produit à Toulouse. Airbus a aussi annoncé de son côté qu'il allait envoyer une équipe de spécialistes pour apporter une « assistance technique » au Bureau japonais de la sécurité des Transports (JTSB), chargé de l'enquête. Ainsi, des enquêteurs japonais, français, britanniques et canadiens sont mobilisés afin d'éclaircir les circonstances de cet accident. Les causes de la collision sont encore inexpliquées pour le moment, mais une « erreur humaine » y a probablement contribué, avancent deux experts en aviation interrogés par l'AFP.

La discipline des passagers évacués saluée

L'Airbus A350-900 a immédiatement pris feu, s'immobilisant quelques centaines de mètres plus loin sur le côté de la piste. L'ensemble des passagers et membres d'équipage ont tous pu évacuer à l'aide de toboggans gonflables, avant que l'appareil ne s'embrase complètement. Quatorze personnes qui étaient à bord ont été légèrement blessées, selon les pompiers. Terence Fan, un expert en aviation de l'Université de management de Singapour (SMU), interrogé par l'AFP, s'est dit « quelque peu surpris » par l'évacuation totalement réussie du vol, « étant donné que certaines portes (de l'avion) ne pouvaient pas être utilisées » à cause des flammes qui progressaient de l'arrière.

« Cela a été possible parce que les passagers semblent avoir suivi les instructions de manière exemplaire, ce qui leur a permis à tous, ainsi qu'à l'équipage, de sortir de l'avion en peu de temps, avant que l'avion ne soit entièrement englouti par les flammes », a ajouté l'expert.

« Les compagnies aériennes doivent être capables d'évacuer tous les occupants d'un avion en 90 secondes », selon des règles fixées par l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), a renchéri Doug Drury, un autre expert en aviation de l'Université de Central Queensland, en Australie. Les fabricants doivent concevoir leurs avions de façon à pouvoir théoriquement tenir ce délai, et le personnel de cabine s'entraîne régulièrement dans ce but via des simulations, a ajouté le spécialiste, qui a jugé « irréprochable » la procédure d'évacuation du JAL516.

L'avion avait-il l'autorisation d'atterrir ?

Il faudra répondre à cette question : l'avion de la JAL avait-il la permission d'atterrir ? Interrogé mardi soir sur ce point lors d'un point presse, un responsable de la compagnie a répondu : « D'après ce que nous avons compris, elle avait été donnée ». Les échanges radio de la tour de contrôle de Tokyo-Haneda, que l'AFP a consultés sur le site LiveATC.net, semblent étayer cette version.

« Japan 516, continuez votre approche », a déclaré mardi un contrôleur aérien à 17H43 heure locale (08H43 GMT), soit quatre minutes avant la collision. Le commandant de bord du JA722A, Genki Miyamoto, seul survivant de la collision, a déclaré immédiatement après l'accident qu'il avait reçu l'autorisation de décoller, a rapporté la chaîne de télévision publique NHK. Japan Airlines, le ministère nippon des Transports et les garde-côtes avaient alors refusé de faire davantage de commentaires sur l'affaire, invoquant l'enquête officielle en cours.

Les enquêteurs n'ont pas encore livré leurs conclusions alors que les enregistreurs de voix et de données de l'avion des garde-côtes sont en cours d'examen, tandis que ceux de l'avion de ligne n'ont pas encore été récupérés. « Nous devons attendre la fin de l'enquête approfondie sur l'accident pour savoir exactement ce qui s'est passé  » a déclaré à l'AFP Guido Carim Junior, expert en aviation de l'université Griffith. « En général, les accidents comme celui-ci sont toujours le résultat de multiples facteurs qui s'influencent mutuellement et ne peuvent être réduits à une erreur humaine ou à un dysfonctionnement technologique ».

(Avec AFP)