Comment la Pologne se prépare à planter un coup de poignard à Airbus

Par MC  |   |  448  mots
Selon le ministre de la Défense polonais Antoni Macierewicz, le choix de cet appareil avait été fait "en dépit de nombreux défauts visibles déjà à l'étape des analyses et surtout à celle des vérifications techniques de l'hélicoptère"
Le nouveau gouvernement polonais va remettre en cause le choix des hélicoptères Caracal d'Airbus Helicopters pour équiper ses forces armées. Raytheon est également dans le viseur du ministre de la Défense Antoni Macierewicz.

Ça se gâte très sérieusement pour Airbus Helicopters et Raytheon en Pologne. Le nouveau ministre polonais de la Défense, le conservateur Antoni Macierewicz, a remis mercredi en question le choix effectué en avril dernier par l'ancien gouvernement libéral centriste de missiles Patriot américains et d'hélicoptères Caracal pour équiper ses forces armées.

Inquiète des ambitions de la Russie voisine, la Pologne avait opté pour l'achat de 50 hélicoptères multirôle européens Caracal d'Airbus (3,1 milliards d'euros), et des missiles sol-air Patriot de l'américain Raytheon, une commande évaluée à plus de 5 milliards d'euros. Les contrats définitifs n'ont pas été signés et les négociations se poursuivent avec les deux fabricants.

Nouveaux espoirs pour Sikorsky et AgustaWestland

Sur le projet d'achat des Caracal, "le ministère de la Défense va tendre vers une relance de l'appel d'offres si les résultats des négociations d'offset (investissements compensatoires d'Airbus en Pologne, ndlr) rendent impossible la signature du contrat", a déclaré Antoni Macierewicz devant la commission parlementaire de la défense, dont la réunion était transmise par la télévision publique. Selon lui, le choix de cet appareil avait été fait "en dépit de nombreux défauts visibles déjà à l'étape des analyses et surtout à celle des vérifications techniques de l'hélicoptère".

Antoni Macierewicz a exprimé l'espoir que l'américain Sikorsky et l'italo-britannique AgustaWestland, qui disposent d'usines en Pologne et qui ont vivement protesté contre le choix d'Airbus, participeraient à un nouvel appel d'offres éventuel.

Raytheon également dans le viseur du ministre polonais

Les conditions du "contrat potentiel" d'acquisition des missiles américains "ont beaucoup changé depuis son annonce publique", a également souligné le ministre. "Le prix est incomparablement plus élevé, les délais de livraison incomparablement plus longs et les conditions intermédiaires restent inconnues", a précisé Antoni Macierewicz. "Bref, ce contrat est en fait inexistant", a-t-il conclu.

Optant pour les Patriot de Raytheon, la Pologne avait renoncé à une offre du consortium européen Eurosam réunissant MBDA France, MBDA Italie et Thales, également en lice. La Pologne comptait obtenir huit batteries de missiles d'ici à 2025 mais voulait en acquérir deux en trois ans à partir de la signature du contrat "afin d'assurer provisoirement la défense antimissile et anti-aérienne", selon un communiqué officiel publié en avril.

Le président de Raytheon Dan Crowley avait indiqué en février que les premiers Patriot - si Varsovie finalise l'achat - pourraient être fournis en 2018. Une batterie américaine de ces missiles a déjà été déployée fin mars en Pologne pour l'entraînement d'une unité de l'armée polonaise.