Contentieux sur les A350 : Qatar Airways calme le jeu face à Airbus

Par latribune.fr  |   |  827  mots
Akbar al Baker, le PDG de Qatar Airways (Crédits : Reuters)
Après avoir porté son différend qui l'oppose à Airbus sur des défauts de ses A350 devant la justice britannique, Qatar Airways espère désormais que ce conflit soit résolu hors des tribunaux.

Akbar al Baker baisse d'un ton. Après avoir porté en justice son différend qui l'oppose à Airbus sur des défauts de ses A350, le PDG de Qatar Airways espère désormais que ce conflit soit résolu hors des tribunaux.

"Chaque partenariat connaît des différends et j'espère simplement que ce différend puisse être résolu hors des tribunaux", a-t-il déclaré ce jeudi, lors d'une conférence de presse à Doha.

La perte du premier round judiciaire en avril l'a peut-être convaincu de chercher un terrain d'entente avec l'avionneur. La justice britannique a, en effet, donné raison à Airbus sur l'annulation d'un contrat de 50 A321 NEO, décidée en décembre dernier par le constructeur en réaction aux accusations de la compagnie du Golfe à l'encontre de l'A350. Un contrat évalué à 4,6 milliards de dollars aux prix catalogue. Alors que la cour doit fixer le calendrier pour le règlement du litige principal portant sur la dégradation des peintures et l'érosion d'une couche de protection des A350, Qatar Airways calme le jeu et préfère jouer la négociation plutôt que l'affrontement.

Airbus veut lui aussi privilégier une solution  à l'amiable

"L'affaire peut maintenant avancer rapidement pour se concentrer sur le sujet principal, à savoir les fausses déclarations de Qatar Airways sur la sécurité et la navigabilité de l'A350, que nous continuerons à défendre", a déclaré de son côté Airbus dans un communiqué, assurant "privilégier une solution à l'amiable".

L'été dernier, Qatar Airways avait annoncé avoir reçu l'ordre de l'Autorité de l'aviation civile qatarie (QCAA) de maintenir au sol 13 de ses Airbus A350 en raison du craquèlement de la peinture sur certaines zones du fuselage et de l'empennage vertical, ainsi que la détérioration des feuilles de cuivre expansé (ECF, treillis de fils de cuivre qui recouvre les parties en carbone du fuselage pour offrir une protection contre la foudre en formant une cage de Faraday). Depuis, d'autres avions de la compagnie qatarie ont été cloués au sol et la situation n'a cessé de s'envenimer. Si l'avionneur reconnaît qu'une dégradation de la peinture peut exposer un filet métallique intégré destiné à protéger l'avion en cas de frappe d'éclair sur son fuselage en matériaux composites, cette situation n'a pas de conséquence sur la navigabilité de l'appareil.  Un diagnostic confirmé par l'Agence européenne de la sécurité aérienne, l'AESA qui n'a pas dissuadé, jusqu'ici, Qatar Airways d'engager une procédure sur le terrain judiciaire, puis de réclamer une indemnité de 618 millions de dollars (546 millions d'euros).

Dans son mémoire en défense, Airbus a accusé le transporteur du Golfe  d'agir de mauvaise foi.

"Il est actuellement dans l'intérêt économique de QTR (Qatar Airways, ndlr) --notamment en raison de l'impact de la pandémie de Covid-19 sur ses activités-- que les avions soient immobilisés au sol et qu'il cherche à obtenir une compensation d'Airbus (...) plutôt que de maintenir ces avions en vol", a-t-il écrit.

Le trafic long courrier est le plus touché par les restrictions de circulation et ne devrait retrouver son niveau d'avant la pandémie qu'en 2025, avance-t-on dans le secteur.

L'avionneur européen s'est interrogé également sur une éventuelle collusion entre la compagnie et le régulateur "dans le but de tenter d'améliorer la position commerciale de QTR face à Airbus". D'autres A350 de Qatar Airways ou d'autres compagnies présentant des dégradations de fuselage similaires continuent de voler dans le ciel qatari, sans que le régulateur national n'ait retiré leur autorisation de voler, avait-il fait remarqué.

----------

Près de 200.000 passagers aériens par jour attendus pour la Coupe du monde

Le Qatar s'attend à recevoir jusqu'à 200.000 voyageurs par avion chaque jour pendant la Coupe du monde de football, les compagnies aériennes du Golfe organisant des dizaines de navettes quotidiennes, a déclaré jeudi Akbar al-Baker, PDG de Qatar Airways. L'aéroport international Hamad et l'ancien aéroport international de Doha verront leur capacité doublée. Afin d'augmenter les liaisons aériennes avec les 31 pays qualifiés (en plus du Qatar), celles vers les nations ne participant pas au tournoi seront interrompues ou réduites, a ajouté Akbar al-Baker, également président de l'Autorité du tourisme du Qatar. L'émirat s'attend à accueillir entre 1,2 et 1,4 million de supporters attendus entre le 21 novembre et le 18 décembre. Les compagnies aériennes Saudia, Kuwait Airways, Flydubai et Oman Air organiseront plus de 160 allers-retours sur la journée à partir du 20 novembre, a-t-il précisé. Les autorités estiment que plus de 20.000 fans pourraient venir des pays voisins du Golfe chaque jour pour assister au premier mondial se déroulant au Moyen-Orient. Près de 70% des vols réguliers de Qatar Airways verront leurs horaires modifiés pour programmer des vols supplémentaires.

(avec AFP)