Coup de tonnerre : en contentieux sur l'A350, Qatar Airways attaque Airbus en justice

Qatar Airways a annoncé lundi avoir entamé auprès d'un tribunal britannique une procédure contre Airbus pour tenter de résoudre un contentieux concernant 'une dégradation de la surface des fuselages des A350. Explications.
(Crédits : AXEL SCHMIDT)

Coup de tonnerre. La compagnie aérienne Qatar Airways, qui a cloué au sol des A350 en raison d'une dégradation de la surface des fuselages, a annoncé lundi avoir entamé des poursuites contre Airbus devant la justice britannique pour régler leur contentieux sur ce sujet.

"Nous avons malheureusement échoué dans toutes nos tentatives pour parvenir à une solution constructive avec Airbus concernant" la "dégradation accélérée de la surface (des fuselages) qui a un impact négatif sur l'Airbus A350", a écrit la compagnie du Golfe dans un communiqué, assurant n'avoir "pas d'autre choix que de rechercher un règlement rapide de ce litige par le biais des tribunaux".

Airbus a confirmé avoir reçu une plainte judiciaire formelle. L'avionneur a exprimé dans un communiqué sa volonté de "défendre vigoureusement sa position".

Airbus réfléchissait à un arbitrage indépendant

Cette décision intervient après alors que les tensions entre l'avionneur et le transporteur ont été étalées au grand jour il y a une dizaine de jours. Le 9 décembre, Airbus a annoncé à recourir à un arbitrage indépendant pour tenter de résoudre son contentieux avec Qatar Airways. Dénonçant une "mauvaise interprétation" de la part de son client et même une "menace sur les protocoles internationaux de sécurité" aérienne, l'avionneur européen a indiqué dans un communiqué avoir décidé de se préparer "à une évaluation juridique indépendante".

Il s'agit de "résoudre le contentieux, ce que les deux parties ont été incapables de faire lors des discussions directes et ouvertes", avait ajouté le groupe aéronautique, dans ce texte au ton inhabituellement ferme visant un de ses gros clients, deuxième compagnie du Moyen-Orient après Emirates.

Une telle mesure, qu'Airbus avait dit "regretter devoir prendre", est devenue "nécessaire pour défendre sa position et sa réputation", selon la même source.

La forme de la procédure qu'Airbus pourrait entamer n'avait pas été précisée.

Interrogé à ce sujet lors d'une conférence de presse téléphonique, le vice-président exécutif des programmes et des services de l'avionneur, Philippe Mhun, avait souligné que les contrats commerciaux entre Airbus et Qatar Airways prévoyaient une telle éventualité, sans en dire davantage.

Avions cloués au sol

Début août, Qatar Airways avait annoncé avoir reçu l'ordre du régulateur de son pays de maintenir au sol 13 de ses Airbus A350 en raison de la dégradation rapide des surfaces des fuselages.

La flotte de la compagnie comporte 34 A350-900 et 19 A350-1000, selon un document d'Airbus. Or, selon Airbus, qui reconnaît une dégradation de la peinture pouvant exposer un filet métallique intégré, destiné à protéger l'avion en cas de frappe d'éclair sur son fuselage en matériaux composites, cette situation n'a pas de conséquences sur la sécurité en vol.

Dans ses discussions avec Airbus, Qatar Airways affirme le contraire, selon le groupe européen, qui reproche aussi à la compagnie d'avoir "rejeté (...) sans justification légitime" les solutions correctives qu'il a proposé.

Airbus a décidé de prendre cette mesure, et de la rendre publique, car Qatar Airways a déjà de son côté "franchi la première étape d'une procédure judiciaire", a justifié Philippe Mhun.

L'AESA soutient Airbus

Contacté le 13 décembre par La Tribune, l'AESA, le régulateur européen, garant de la sécurité du transport aérien sur le Vieux continent mais aussi autorité de certification primaire de l'A350, a corroboré les affirmations d'Airbus. Une porte-parole a ainsi déclaré que « l'AESA est consciente de la dégradation de la peinture et de la protection et a enquêté sur le problème, à la fois avec Airbus et la compagnie aérienne concernée, pour déterminer s'il existe un risque pour la navigabilité du type d'avion. » L'Agence a ainsi analysé les données fournies par les deux parties, mais a aussi inspecté directement certains avions concernés.

Ses conclusions sont sans appel : « Rien n'indique que la dégradation de la peinture et de la protection (ECF) affecte la structure de l'avion ou introduit d'autres risques. » Elle n'envisage ainsi pas de prendre des mesures à ce sujet pour le moment : « La dégradation de la peinture est un problème de vieillissement en service et de détérioration environnementale qui affecte la finition de surface et les feuilles de cuivre expansé sur le fuselage et l'empennage vertical de l'A350. [...] L'AESA ne prévoit donc pas d'émettre une consigne de navigabilité. » Autrement dit, elle ne va pas imposer de changement de conception, que ce soit par l'utilisation de nouveaux matériaux ou de nouveaux processus.

Lire aussi 5 mnConflit Qatar Airways-Airbus sur l'A350 : l'AESA donne sa version des faits

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Commentaires 5
à écrit le 21/12/2021 à 15:41
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C'est une affaire très bizarre car il n'y a pas de problèmes de cette ampleur sur les A350 des voisins d'Emirates ou Etihad navigants aux mêmes endroits du globe ???... Cependant rien ne justifie que les avions soient cloué au sol par les Qataris a m...

le 21/12/2021 à 21:50
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C'est compliqué un peu comme quand on est contre le vaccin quoi !

à écrit le 21/12/2021 à 14:14
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Pas content le Benureau Quatari. Faut dire qu'avec la pandémie, le business du transport aérien c'est pas terrible 😃.

à écrit le 21/12/2021 à 12:12
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Intéressant mais auprès de quelle justice ou de quel tribunal ? la justice internationale mais qui est aux intérêts de qui ?

à écrit le 21/12/2021 à 10:08
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In croyable , cette monarchie se croit tout permis , il ne faut rien lâcher , c'est une diversion ils veulent surement se rabibocher avec les cow boys , et faire oublier leur rôle trouble dans le soutien aux groupe terroristes

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