La bataille judiciaire entre Airbus et Qatar Airways autour de l'A350 a débuté ce matin sous l'autorité de la Haute cour de justice de Londres. Et le constructeur européen a gagné la première manche. La justice britannique vient en effet de lui donner raison sur l'annulation d'un contrat d'A321 NEO, décidée par Airbus en réaction aux accusations de la compagnie du Golfe à l'encontre de l'A350. Il s'agit certes d'une affaire sous-jacente, mais le contrat pour 50 appareils était tout de même évalué à 4,6 milliards de dollars aux prix catalogue lors de sa signature il y a dix ans. La cour doit désormais fixer le calendrier pour le règlement du litige principal portant sur la dégradation des peintures et l'érosion d'une couche de protection des A350.
Ce contrat, pourtant mirifique, d'A321 NEO a été annulé en janvier dernier par le constructeur. Un acte rarissime, les annulations étant très majoritairement le fait des compagnies aériennes en raison de difficultés financières, d'un changement de marché ou d'une insatisfaction du produit. Avec cette décision, Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, a ainsi marqué fermement son mécontentement face à l'attitude de Qatar Airways concernant l'A350. La compagnie et son emblématique patron Akbar Al Baker avaient réagi en portant l'affaire en justice pour dénoncer cette annulation unilatérale. Ils ont donc été déboutés.
Airbus satisfait, les compagnies inquiètes
Airbus s'est naturellement félicité de cette décision, estimant que la cour avait "reconnu (sa) position selon laquelle une coopération transparente et confiante est essentielle dans notre industrie".
En revanche, l'inquiétude semble plutôt de mise chez les compagnies. Comme le rapporte Reuters, certains cadres du secteur s'inquiètent que le litige sur l'A321neo puisse faire jurisprudence et ouvre ainsi la voie à des litiges qui se répercuteraient d'un contrat à l'autre, avec pour effet de renforcer la mainmise d'Airbus et de son concurrent américain Boeing.
Le plus dur reste à faire
Le gros morceau est encore à venir avec le règlement du litige principal concernant l'A350. Début août, Qatar Airways avait annoncé avoir reçu l'ordre de l'Autorité de l'aviation civile qatarie (QCAA) de maintenir au sol 13 de ses Airbus A350 en raison du craquèlement de la peinture sur certaines zones du fuselage et de l'empennage vertical, ainsi que la détérioration des feuilles de cuivre expansé (ECF, treillis de fils de cuivre qui recouvre les parties en carbone du fuselage pour offrir protection contre la foudre en formant une cage de Faraday).
Depuis, d'autres avions de la compagnie qatarie ont été cloués au sol et la situation n'a cessé de s'envenimer. Malgré l'affirmation d'Airbus que ces problèmes de peinture n'ont « aucun impact sur la navigabilité de la flotte d'A350 », diagnostic confirmé par l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA), Qatar Airways a décidé d'engager une procédure sur le terrain judiciaire fin 2021, puis de réclamer une indemnité de 618 millions de dollars (546 millions d'euros).
Airbus ferme sur ses positions
A l'occasion de ce premier round, Airbus a réaffirmé qu'il s'agissait de "fausses déclarations concernant la sécurité et la navigabilité de l'A350, (qu'il continuerait) à défendre, tout comme la réputation de ses exploitants et les règles régissant la sécurité aérienne face à des réclamations injustifiées."
La décision de la Haute cour de justice de Londres concernant le calendrier de règlement du litige sur l'A350 est attendue dans la journée.
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