Coronavirus : les usines d'Airbus redémarrent en France et en Espagne (progressivement)

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  999  mots
(Crédits : Joseph Campbell)
Après quatre jours de suspension le temps de mettre en conformité les postes de travail avec les nouvelles mesures de santé et de sécurité en matière d'hygiène, mais aussi de nettoyage et d'auto-distanciation, la production d'Airbus en France et en Espagne redémarre comme prévu ce lundi de manière progressive. Par ailleurs, Airbus a annoncé une série de mesures pour renforcer ses liquidités. Le groupe dispose de 30 milliards d'euros de liquidités.

Après quatre jours de suspension le temps de mettre en conformité les postes de travail avec les nouvelles mesures de santé et de sécurité en matière d'hygiène, mais aussi de nettoyage et d'auto-distanciation, la production d'Airbus en France et en Espagne redémarre comme prévu ce lundi, de manière partielle.

"Airbus a effectué avec le soutien de ses partenaires sociaux d'importants travaux visant à garantir la santé et la sécurité de ses employés, tout en assurant la continuité de ses activités", a indiqué le directeur général d'Airbus, Guillaume Faury, lors d'une conférence téléphonique.

Ne seront ouverts que les postes de travail en totale conformité avec les nouvelles exigences précise Airbus.

"Si un poste de travail n'est pas conforme, il n'ouvrira pas", a indiqué Guillaume Faury.

Des salariés ont été contaminés par le coronavirus, notamment à Toulouse.

L'usine chinoise complètement opérationnelle

Airbus emploie 48.000 salariés en France et 2.700 personnes en Espagne.

"Des mesures similaires sont appliquées à tous les autres sites du groupe dans le monde (Royaume-Uni, Allemagne, Etats-Unis) sans interruption totale des activités", a poursuivi l'avionneur.

Après avoir été suspendue, la chaîne d'assemblage final de Tianjin en Chine a repris ses activités en février et est "désormais parfaitement opérationnelle".

La semaine dernière, les syndicats français demandaient de suspendre  complètement la production.

"C'est une reprise très partielle de 5 à 10% des salariés, uniquement avec des volontaires", a indiqué à l'AFP Jean-François Knepper, dirigeant de FO, premier syndicat au sein du groupe. "On n'a pas eu le choix, la direction a décidé de reprendre, on a essayé d'encadrer tout ça le mieux possible. On aurait préféré un confinement total", a-t-il ajouté.

Pour la chaîne de fournisseurs, cette reprise d'activité est en revanche un signal fort.

"Le redémarrage du système va sécuriser la production à moyen terme. L'aéronautique est une industrie complexe. On ne peut pas l'arrêter comme ça et la refaire repartir en appuyant sur un bouton", indique-t-on en interne chez Airbus.

Guillaume Faury n'a pas souhaité donner d'objectifs de production. L'objectif de cette reprise d'activité est en effet de stabiliser ce système de production adapté.

"On veut reprendre l'activité pour soutenir les efforts de crise, les clients, les fournisseurs et la reprise de l'économie mondiale quand elle reviendra", a-t-il déclaré. Et d'ajouter : "le point aujourd'hui n'est pas le niveau ou le rythme de production, mais d'apprendre à travailler dans un nouvel environnement. Nous n'avons pas défini d'objectifs".

Report et annulations de commandes

Il n'empêche, si des compagnies prennent encore livraison des avions qui viennent d'être construits, les demandes de reports de livraisons, voire d'annulations de commandes se multiplient. Surtout sur les gros-porteurs. Si pendant la crise de 2008-2009, Airbus avait pu remplacer les livraisons reportées par certaines compagnies en anticipant celles des compagnies (se situant dans des zones moins touchées par la crise) qui souhaitaient au contraire recevoir leurs avions plus tôt, l'avionneur doit aujourd'hui faire face à des clients touchés durement à l'échelle de la planète. De fortes baisses de cadences de production sont ainsi attendues par les experts au deuxième semestre sur les avions long-courriers. Sur les avions court et moyen-courriers, les prévisions de livraisons seront forcément réduites et toucheront également 2021 estiment certains d'entre eux. Pour autant, Airbus a fait du "surbooking" sur les créneaux de livraisons des A320 et A321 et ce procédé peut lui permettre d'absorber en partie le choc en 2020 et 2021.

"Si on regarde les crises passées, il y a eu une reprise quelques mois après et la croissance a continué. Mais je ne suis pas sûr que l'on peut dire que cette crise est comme les autres. Nous discutions avec toutes les compagnies, nous regardons la situation cas par cas, et nous partageons nos points de vue pour établir des scénarios pour le reste de l'année et pour l'année suivante. Nous nous adapterons dès que nous aurons une meilleure visibilité. C'est important de regarder la situation en Chine. Le trafic a chuté très fortement et rapidement, et commence à reprendre", a-t-il indiqué.

Après avoir dégringolé de 85%, le trafic aérien chinois a repris et affiche une baisse de 70% par rapport à son niveau d'avant-crise.

Face à ces incertitudes, Airbus a suspendu ses prévisions financières.

Trente milliards d'euros de liquidités

Pour naviguer dans cette crise, l'avionneur européen a annoncé lundi une série de mesures pour renforcer ses liquidités et son bilan : une nouvelle facilité de crédit de 15 milliards d'euros en plus de la facilité de crédit renouvelable existante ; le retrait de la proposition de dividende 2019 de 1,80 euro par action soit une valeur totale d'environ 1,4 milliard d'euros ; et la suspension du financement volontaire des retraites complémentaires.

"Grâce à ces décisions, l'entreprise dispose de liquidités suffisantes pour faire face aux besoins de trésorerie supplémentaires liés au Covid-19", a déclaré Airbus, qui indique disposer d'environ 30 milliards d'euros de liquidités.

Appel aux gouvernements de supporter les compagnies et les fournisseurs

Avec ces mesures, Guillaume Faury ne demande pas d'aides directes aux Etats mais appelle les  gouvernements à soutenir fortement "tout l'écosystème", les compagnies aériennes en priorité, mais aussi la chaîne des fournisseurs.

Don de masques

Par ailleurs, Airbus a "fait don de plusieurs milliers de masques aux hôpitaux et aux services publics européens et a commencé à utiliser ses avions test pour acheminer de plus grandes quantités de Chine", selon la même source.

"En outre, un A330-800 d'essai a transporté ce week-end environ 2 millions de masques médicaux de Tianjin vers l'Europe dont une large majorité sera donnée aux gouvernements espagnols et français", a-t-il précisé, ajoutant que "d'autres vols sont prévus dans les prochains jours".