Dissuasion nucléaire : le nouveau patron du CEA-DAM est Vincenzo Salvetti

Par Michel Cabirol  |   |  614  mots
Le CEA-DAM, qui développe et fabrique les têtes des armes nucléaires, les réacteurs nucléaires de propulsion navale et lutte contre la prolifération nucléaire, a un nouveau patron. (Crédits : Naval Group)
Le nouveau patron de la direction des applications nucléaires, Vincenzo Salvetti, vient de l'interne. Il était jusqu'ici directeur des armes nucléaires au sein de la DAM.

La bataille en coulisse a été très féroce depuis plusieurs mois pour la succession de François Geleznikoff, directeur des applications militaires du commissariat à l'énergie atomique (CEA-DAM), l'un des postes les plus sensibles en France. Selon des sources concordantes, c'est finalement le directeur des armes nucléaires au sein de la DAM, Vincenzo Salvetti, qui a été désigné il y a une dizaine de jours face au PDG de l'ONERA, Bruno Sainjon, pourtant longtemps favori. Mais il semblerait que les réseaux aient joué un rôle décisif pour porter Vincenzo Salvetti à la tête du CEA-DAM, créé par le général de Gaulle en 1958 et qui emploie 4.600 personnes environ en France. Vincenzo Salvetti, qui avait rejoint le CEA en décembre 2005 à la Direction des applications militaires (DAM), prendra ses fonctions à compter du 1er janvier 2020.

"La Direction des applications militaires, c'est donc bien plus que les concepteurs de notre dissuasion. C'est un cœur stratégique. C'est l'épicentre de l'innovation, de l'expertise et de la sécurité. C'est l'acteur indispensable, sur le long terme, de notre souveraineté", avait expliqué la ministre des Armées, Florence Parly en novembre 2018 pour les 60 ans de la DAM.

Des missions éminemment stratégiques

S'agissant de ses missions, le CEA-DAM doit répondre aux enjeux stratégiques dont ceux de la dissuasion nucléaire : fabrication des têtes des armes nucléaires, qui équipent les forces nucléaires aéroportée et océanique, fabrication des réacteurs nucléaires de propulsion navale et lutte contre la prolifération nucléaire. Pour cette dernière, il dispose d'un réseau de 24 stations à travers le monde, dont 16 sur des territoires français (trois en Polynésie, une en Martinique, une en Guyane, une en Terre Adélie, une autre sur l'Ile du Crozet en terre australe...),  qui lui permettent de détecter le départ d'un missile balistique. En principe, 25 minutes après un essai nucléaire dans le monde, le CEA-DAM est capable de transmettre un message d'alerte aux autorités, puis trois heures plus tard, il leur envoie une analyse préliminaire (date, heure, coordonnées, magnitude et énergie de l'événement).

"La naissance de la DAM correspond à celle de la Ve République. Ce n'est pas un hasard. La Ve République nous a donné la stabilité, la capacité à agir et nous défendre. La DAM a donné à la France son assurance vie", avait rappelé Florence Parly en novembre 2018.

Le CEA-DAM a pour mission également de surveiller, analyser et intervenir pour le compte du ministère des Armées sur des dossiers de lutte contre le terrorisme, d'alerte aux tsunamis et de soutien à la défense conventionnelle. Il doit par ailleurs contribuer à l'excellence de la recherche et à la compétitivité de l'industrie nucléaire. Enfin, grâce au programme simulation lancé en 1996 à la fin des essais nucléaires, la DAM dispose d'une expertise d'exception reconnue au plus haut niveau mondial notamment dans les domaines des supercalculateurs et des lasers de puissance (laser Mégajoule).

Renouvellement des deux composantes de la dissuasion

Ainsi que l'a souhaité Emmanuel Macron, la loi de programmation militaire (LPM) prévoit de renouveler les deux composantes de notre dissuasion (aéroportée et océanique). Entre 2019 et 2023, ce sont donc 25 milliards d'euros qui seront investis pour la dissuasion. "Cet investissement majeur va nous permettre de maintenir la cohérence de notre dissuasion. Il nous permettra de disposer des meilleures capacités, des plus sûres, des plus innovantes. Cette rénovation enverra aussi un message : la dissuasion française est crédible et elle le restera", avait martelé la ministre des Armées en novembre 2018.