Échec du spatial russe : Luna-25 s'est écrasé sur la Lune

Par latribune.fr  |   |  605  mots
(Crédits : DR)
L'atterrisseur lunaire russe Luna-25 serait entré en collision avec la surface de la Lune et aurait « cessé d'exister » après qu'une faille découverte hier ait provoqué l'écrasement de l'atterrisseur près du pôle Sud ; il s'agissait de la première mission lunaire de l'agence spatiale russe Roscosmos en plus de 47 ans.

Échec ! Près de 50 ans après le dernier succès de la mission lunaire de Moscou, la sonde Luna-25 s'est écrasée sur la Lune, mettant en évidence les problèmes de l'industrie russe, affaiblie par la corruption, le manque d'innovation et de partenariats, au milieu d'une compétition internationale dans le domaine spatial.

La sonde Luna-25 a heurté la surface lunaire suite à un incident survenu samedi lors d'une manœuvre avant son alunissage, a rapporté l'agence spatiale russe dimanche.

« La communication avec Luna-25 a été coupée. les mesures prises les 19 et 20 août pour localiser l'appareil et établir le contact n'ont pas abouti », a regretté l'agence spatiale Roscosmos.

« Selon les premiers résultats de l'enquête, l'appareil a cessé d'exister à la suite d'une collision avec la surface lunaire ».

Un échec personnel pour Poutine

Cet échec survient au moment où le président russe Vladimir Poutine s'était engagé à poursuivre le programme spatial russe malgré les problèmes de financement, les scandales de corruption et l'isolement résultant du conflit en Ukraine. Une « commission interministérielle » sera formée pour élucider les raisons de l'incident ayant entraîné la perte de Luna-25, a également annoncé Roscosmos, sans spécifier les causes possibles du problème technique.

Samedi, le communiqué de Roscosmos concernant l'incident laissait peu de place à l'ambiguïté.

« Une situation d'urgence s'est produite à bord de la station (lunaire) automatique, empêchant l'exécution de la manœuvre selon les paramètres spécifiés », avait déclaré l'agence spatiale russe.

Roscosmos n'avait fourni aucun détail supplémentaire sur les circonstances de l'incident, laissant présager le pire pour Luna-25, un engin de près de 800 kilos.

« 70% de réussite » : quand Roscosmos annoncé déjà la couleur

La mission Luna-25, destinée à revitaliser le secteur spatial russe, avait été qualifiée de risquée par le chef de Roscosmos, Iouri Borissov lui-même.

Devant Vladimir Poutine en juin dernier, il avait déclaré : « La probabilité de succès de telles missions est estimée à environ 70% ».

Luna-25 avait été mise en orbite lunaire avec succès mercredi, après avoir décollé de l'Extrême-Orient russe dans la nuit du 10 au 11 août. Son atterrissage était prévu pour lundi sur le pôle Sud lunaire, une première, car jusqu'à présent, les engins avaient atterri dans la zone équatoriale.

La mission Luna-25 sur la Lune, initialement conçue pour durer un an, avait pour objectif de collecter et d'analyser des échantillons de sol.

Le spatial russe est-il encore à la hauteur ?

Son échec rappelle que les difficultés du secteur spatial russe se sont accumulées ces dernières années, avec une corruption endémique, des problèmes de financement récurrents, un manque d'innovation et l'utilisation de technologies de conception soviétique.

Et les conséquences de l'offensive militaire en Ukraine n'ont fait qu'aggraver ses problèmes. Après le déclenchement de l'offensive par Vladimir Poutine en février 2022, l'Agence spatiale européenne (ESA) avait décidé de ne pas collaborer avec Moscou sur le lancement de Luna-25 et sur les futures missions 26 et 27.

Le président russe avait toutefois juré que Moscou ferait tout son possible pour rester compétitif dans l'espace, où la concurrence s'intensifie, en prenant pour exemple l'envoi par l'URSS du premier homme dans l'espace en 1961, en pleine escalade des tensions Est-Ouest.

Au cours des dernières années, une nouvelle course vers la Lune s'est engagée, avec les États-Unis, la Chine, l'Inde et la Corée du Sud qui affichent de grandes ambitions, tout comme plusieurs entreprises privées.

(avec Reuters et l'AFP)