Comment le CNES souhaite embarquer des startups dans l'exploration lunaire

Le CNES et l'incubateur toulousain Nubbo vont signer mardi un partenariat pour lancer TechTheMoon, le premier incubateur au monde dédié à l'économie lunaire.
Michel Cabirol
Tous ces sujets non-spatiaux sont des sources d'idées et d'inspirations pour développer l'exploration spatiale mais également pour tisser un lien économique entre le spatial et le non-spatial. C'est l'objet de notre partenariat avec Nubbo, fait valoir le directeur général délégué du CNES, Lionel Suchet.
"Tous ces sujets non-spatiaux sont des sources d'idées et d'inspirations pour développer l'exploration spatiale mais également pour tisser un lien économique entre le spatial et le non-spatial. C'est l'objet de notre partenariat avec Nubbo", fait valoir le directeur général délégué du CNES, Lionel Suchet. (Crédits : ESA)

Three, two, one, ignition... Le directeur général délégué du CNES, Lionel Suchet, et le président de Nubbo, Guillaume Costecalde, vont signer mardi un partenariat pour lancer TechTheMoon, le premier incubateur au monde dédié à l'économie lunaire. Le CNES se pose en tant qu'architecte afin de mettre en ordre de bataille les entreprises françaises, qu'elles soient présentes ou pas dans le spatial, désireuses de participer à l'aventure de l'exploration spatiale, notamment lunaire dans le cadre du programme Artemis lancé par la NASA et dont l'objectif est de poser une femme sur la Lune en 2024. Et plus particulièrement, le Centre national d'études spatiales souhaite faire monter à bord de ce projet des startups dans le cadre de son partenariat avec Nubbo, cet incubateur, créé en septembre 2000 dans l'ex-région Midi Pyrénées.

"Tout l'intérêt du montage des grands projets internationaux d'exploration spatiale n'est pas de contribuer financièrement aux projets mais de payer avec des technologies développées chez nous", souligne le directeur général délégué du CNES, Lionel Suchet.

Le CNES et Nubbo sont donc à la recherche de quelques pépites (startups ou projets de startups), qui contribueront à des solutions pour développer des ressources lunaires, au bon fonctionnement des infrastructures et au support vie des hommes et des femmes travaillant dans une base lunaire. "Faire vivre des femmes et des hommes sur une base lunaire, c'est bien évidemment assurer leur quotidien. Ce n'est pas un industriel spécialisé dans les techniques spatiales, qui sera le mieux placé pour développer des solutions dans le domaine de la télémédecine, de la purification de l'eau ou du support vie etc...", explique Lionel Suchet. Des domaines très vastes qui vont effectivement de la purification de l'air et de l'eau à l'internet des objets, l'habitat, la santé (télémédecine), la nutrition (produits frais), l'énergie en passant par l'élimination des déchets ou encore la logistique.

"Tous ces sujets non-spatiaux sont des sources d'idées et d'inspirations pour développer l'exploration spatiale mais également pour tisser un lien économique entre le spatial et le non-spatial. C'est l'objet de notre partenariat avec Nubbo", fait valoir le directeur général délégué du CNES.

Appel à candidatures

Dans le cadre de l'appel à candidatures lancé à partir ce mardi et prendra fin le 18 juillet, Nubbo a pour objectif de détecter cinq startups au niveau national capables à la fois de développer une solution viable pour la Lune en 12 mois et de présenter une hypothèse de modèle économique de cette solution sur Terre en 12 mois également. Le CNES et Nubbo demande une disponibilité à temps plein du porteur de projet principal et une installation de la startup en Occitanie. "Nous sommes dans une phase de tests sur cette première année avec un financement de 50.000 euros par projets pour cinq startups sélectionnées", confie à La Tribune la directrice de Nubbo, Anne-Laure Charbonnier.

Les startups sélectionnées auront un accompagnement d'un an de la part de Nubbo, qui va "accompagner ces startups en les soutenant dans leur business développement, leur support marketing ou de communication", précise-t-elle. Et après ? "Les startup les plus prometteuses et qui perceront, pourront bénéficier d'un appui du CNES en matière d'accélération, de financements ou de support pour trouver des investisseurs à la suite de ce partenariat avec Nubbo, indique Lionel Suchet. Nous les accompagnerons dans la durée : ce n'est pas juste un "one shot", c'est-à-dire 50.000 euros de financement et quelques heures d'expertise offertes par le CNES, et puis après, débrouillez-vous". Enfin, les startups pourront également être accompagnées en termes de financement par le réseau régional et national développé par Nubbo.

Startups versus grands groupes ?

Que peuvent apporter des startups face à des grands groupes, qui travaillent déjà dans certains domaines du support vie (élimination des déchets, santé...) ? Pour Anne-Laure Charbonnier, "il y a de la place pour toutes les startups, qui ont une capacité de réactivité supérieure à celles des grands groupes". Car, selon elle, "des solutions technologiques développées par des startups sur des sujets support vie, santé ou agriculture, seront beaucoup plus rapidement et potentiellement transférables dans des milieux binaires, qui sont très spécifiques, voire contraints. Il faudra qu'elles adaptent leurs solutions terrestres pour qu'elles soient fonctionnelles sur la Lune. Ces entreprises ont une vélocité et une capacité d'adapter leurs solutions aux contraintes lunaires que n'ont peut-être pas les grands groupes dans certains domaines".

"Aujourd'hui, les grands groupes s'appuient de plus en plus sur des startups dans le cadre de partenariats pour développer leurs innovations et faire travailler leur inspiration", note Lionel Suchet

Susciter des envies

Le partenariat entre Nubbo et le CNES est une nouvelle étage de la fusée pour créer un écosystème le plus complet possible, dédié exclusivement à l'économie lunaire. Il a déjà créé le "Moonshot Institute », un forum d'acteurs publics et privés - du spatial et du non-spatial - autour du développement technologique et économique d'entreprenariat pour et par la Lune. Puis, le 23 mars dernier, le CNES et l'ANRT (Association Nationale de la Recherche et de la Technologie) ont conclu un accord de collaboration. A travers ce partenariat, l'objectif du CNES est de susciter des projets de grandes, moyennes et petites entreprises de rallier l'aventure de l'exploration spatiale en adaptant leurs produits à des conditions extrêmes, l'espace.

Michel Cabirol

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Commentaires 3
à écrit le 07/06/2021 à 21:13
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"L'économie lunaire" avec des licornes et des bitcoins ! C'est l'effet "elon musk" ,l'homme qui s'approprie l'espace au vu et au nez de nos élites . C'est clair que les imbéciles dans leur ministère vont sûrement en balancer de l'argent publique da...

à écrit le 07/06/2021 à 20:06
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Les ponctionnaires du CNES veulent des subventions publiques pour leurs micro-entreprises afin de s'octroyer de généreuses rémunérations...

à écrit le 07/06/2021 à 17:12
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Premier au monde... ça commence mal... Ils encore rien fait, ils sont premier au monde, premier en organisation sur le papier, en administration, en paperasse, en prétention ! Le fameux "en ordre de bataille", pfff c'est signé, c'est de l'énarc...

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