Europe de la Défense : Barnier veut prélever 4 milliards sur le budget européen

Par Aline Robert, EurActiv  |   |  669  mots
« Si nous ne sommes pas ensemble, nous sommes foutus », a résumé Michel Barnier.
Outre les enjeux de sécurité, cela permettrait d'assurer 1 million d'emplois hautement qualifiés, a assuré le conseiller spécial du président de la Commission sur la question de la défense lors d’une conférence organisée par le think-tank Europanova, samedi 15 octobre. Un article de notre partenaire Euractiv.

« Nous avons accumulé un retard d'investissement énorme ! », a assuré l'ex-candidat à la présidence de la Commission, en assurant qu'il fallait de façon urgente utiliser tous les outils disponibles dans l'arsenal européen pour développer une vraie politique de défense. Un point de vue a priori soutenu par l'opinion publique française : 6 Français sur 10 se disent convaincus que l'Europe apporte des solutions sur la question de la sécurité.

Le premier enjeu, celui du financement, est selon lui crucial. Il prendrait la forme d'un fonds européen de défense, réalisé dans l'esprit du plan Juncker.

« On pourrait avoir un budget de 3 à 4 milliards d'euros dans le prochain paquet budgétaire. Cela permettrait d'assurer environ 1 million d'emplois hautement qualifiés.»

23 modèles d'hélicoptères européens... vous avez dit mutualisation?

Aux États-Unis, ce sont 18 milliards d'euros qui sont consacrés à la recherche en matière de défense, a rappelé le Républicain, en reconnaissant que l'Europe n'arriverait pas au même résultat, mais pourrait au moins se dire autonome sur les composants clés.

« Aujourd'hui, nous avons 6 pays européens qui construisent des frégates militaires, et 23 modèles d'hélicoptères. Il faut mutualiser les efforts budgétaires et les concentrer » assure l'ancien commissaire, qui déplore que les budgets de défense en Europe se consacrent à 55% en dépenses de ressources humaines, contre seulement un tiers aux États-Unis.

Brexit ? "Nous nous préparons sans agressivité (...) et sans naïveté"

Or, selon lui, la création de brigades communes pourrait répondre à cet éclatement des capacités militaires. La coopération structurée est un des outils disponibles pour les États qui le souhaitent, qu'il serait possible de mettre en place entre Allemands, Italiens, Français et Polonais.

     >Lire : "L'Europe n'a plus de temps à perdre sur la défense" (Jorge Domecq, Agence européenne de défense)

À propos du Brexit, l'ancien commissaire Michel Barnier, qui est aussi membre de la task-force sur le Brexit mise en place par la Commission, a indiqué que son équipe se préparait "sans agressivité, sans esprit de revanche, sans idéologie et sans naïveté ".

Les Anglais ont toujours été opposés à un QG européen

« Sur la défense, c'est à la fois grave et à la fois avec moins de conséquences que pour les autres sujets, pour eux et pour nous », estime le spécialiste, rappelant que les Anglais n'ont jamais voulu être dans des opérations communautaires, et se sont toujours opposés à l'idée d'un QG militaire européen, dont l'idée a été remise sur la table le 14 septembre dernier lors du discours sur l'État de l'Union.

     >Lire: Malgré le Brexit, « l'UE en tant que telle n'est pas en danger »

Les Britanniques sont en effet membre de l'agence de défense, qui n'est pas une agence communautaire, mais intergouvernementale.

Pour créer une armée européenne, il faudrait changer les traités

Sur la question, évoquée par Jean-Claude Juncker, de la création d'une "armée européenne", Michel Barnier a indiqué que le mot avait été prononcé pour tâter le terrain, mais que le sujet n'était pas d'actualité pour une question de souveraineté : il faudrait en effet pour cela changer les traités. En revanche, il a estimé que l'Eurocorp, à Strasbourg, qui participe régulièrement à des opérations de l'Otan, est la bonne formule.

L'ancien commissaire a clos son intervention en faisant référence à la déclaration de Saint-Malo signée par Tony Blair et Jacques Chirac en matière de défense, qui faisait référence à une stratégie « autonome et solidaire »:

« Si nous ne sommes pas ensemble, nous sommes foutus » a résumé le conseiller.

      >Lire: La France pousse la mise en place d'un QG militaire européen

Par Aline Robert, EurActiv.fr

(Article publié le 15 oct. 2016, mis à jour le 17.10 à 12:35)

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