Défense de l'Europe : des Patriot américains pour la Pologne

Par latribune.fr  |   |  657  mots
Le montant des offset proposés par Raytheon et Lockheed Martin s'élève à 225 millions d'euros
La Pologne va acheter en deux phases le système de défense anti-aérienne américain Patriot. Selon l'Agence américaine de coopération pour la défense et la sécurité, cette opération s’élèverait à 10,5 milliards de dollars.

Une fois de plus l'Europe de la défense vole en éclat. C'était la chronique d'une opération annoncée depuis des années. La Pologne a signé avec les États-Unis un accord portant sur l'offset - les investissements compensatoires - dans le cadre de l'achat en deux phases de systèmes américains de défense antimissile Patriot, a annoncé vendredi le ministre de la Défense Mariusz Blaszczak sur son compte Twitter. Il s'agit de la dernière étape avant la conclusion de la première des deux phases du contrat pour l'achat de ce système, attendue avant la fin du mois. Selon les médias polonais proches du gouvernement, la signature du contrat devrait intervenir en Pologne le mercredi 28 mars.

"Les accords d'offset pour le programme Wisla sont signés. Le transfert des technologies (...) renforcera les capacités de l'industrie polonaise de défense. C'est le dernier pas avant la signature du contrat pour la livraison du système Patriot", a écrit Mariusz Blaszczak.

Les documents ont été signés par le secrétaire d'État au ministère polonais de la Défense, Sebastian Chwalek, et par de hauts responsables de deux sociétés américaines, Raytheon International et Lockheed Martin Global, Bruce Skilling et Jay Pitman. Les Polonais avaient choisi en 2015 le système américain à celui (système SAMP/T) proposé par le consortium européen Eurosam (MBDA et Thales). Selon la télévision publique TVP Info, ce contrat porterait sur deux batteries et 208 missiles sol-air et son prix se situerait entre 1 et 1,3 milliard d'euros. Toutefois, l'Agence américaine de coopération pour la défense et la sécurité (DSCA) a estimé en novembre 2017 que l'ensemble de cette opération s'élèverait au total à 10,5 milliards de dollars.

Des offset très (trop) raisonnables

L'accord d'offset avec Raytheon, d'une valeur de 53 millions d'euros, comprend 31 engagements portant sur une période de dix ans. Il prévoit notamment que la Pologne pourra acquérir des capacités de commandement et de guidage avec le système IBCS, de production et d'entretien de batteries et de véhicules de transport et de chargement, et enfin de production et d'entretien de canons de 30 mm Bushmaster.

Celui conclu avec Lockheed Martin Global, d'une valeur de 172 millions d'euros, s'inscrit dans 15 engagements sur dix ans et porte sur la production et l'entretien des missiles sol-air PAC-3 MSE, la création d'un laboratoire d'étude de missiles et l'entretien des avions F-16.

Livraison en 2022

En juillet, les ministères polonais et américains de la Défense ont signé un mémorandum d'intention non contraignant, qui prévoyait que les matériels compris dans la première phase du contrat commenceraient à être livrés en 2022 et deviendraient opérationnels en 2023.

Dans ce document, les États-Unis ont accepté par ailleurs d'intégrer au système polonais le missile israélo-américain SkyCeptor, en cours de mise au point, moins coûteux que les missiles GEM-T, Pac-3 et Pac-3 MSE. Il devrait être fourni dans la deuxième phase du contrat. Celle-ci devrait apporter également à l'armée polonaise un radar à 360°, celui livré dans la première tranche étant de type sectoriel.

Retard pour le bouclier antimissile américain en Europe de l'Est

Des difficultés techniques vont entraîner un report de deux ans de l'entrée en fonction de la partie polonaise du bouclier antimissile américain que l'Otan entend installer en Europe de l'Est, a annoncé jeudi le ministère polonais de la Défense. Selon Varsovie, ce retard est imputable à un sous-traitant.

L'Otan a expliqué que ce dispositif, qui devra à terme protéger l'ensemble du continent européen, avait été rendu nécessaire par la menace que constituent certains Etats, dont l'Iran, ou groupe terroristes, tels qu'Al Qaïda. La Russie estime de son côté qu'il s'agit d'une menace contre sa propre sécurité et y voit une provocation de l'Occident.