F-35 : la mirobolante commande du Pentagone (30 milliards de dollars) remet d'aplomb Lockheed Martin

Par latribune.fr  |   |  799  mots
Photo d'illustration: le 6 janvier dernier, des F-35A, chasseurs furtifs de 5e génération, dévolus aux 388e et 428e escadrons de chasse de l'US Air Force, se mettent en formation lors d'un exercice à la base aérienne de Hill, dans l'Utah (États-Unis), le 6 janvier 2020. (Crédits : Reuters)
Le ministère américain de la Défense a conclu un accord avec Lockheed Martin Corp pour la construction de plusieurs centaines d'avions de combat du type F-35, un chasseur furtif de 5e génération parmi les plus performants au monde. Une bonne nouvelle pour le constructeur aéronautique américain en difficulté mais qui témoigne aussi de la forte hausse de l'insécurité géopolitique globale qui encourage le réarmement dans maints pays.

Il y a trois jours, mardi 19 juillet, le groupe de défense américain Lockheed Martin était contraint d'abaisser ses prévisions annuelles après avoir fait part de résultats affectés au deuxième trimestre par une production moins importante que prévu de F-35 et d'importantes charges. Or la commande passée quasi au même moment par le Pentagone est venue changer complètement le paysage pour le constructeur aéronautique.

En effet, d'avril à juin, le chiffre d'affaires de Lockheed Martin a reculé de 9% à 15,4 milliards de dollars, à cause notamment des ventes tirées de sa division aéronautique (la plus importante de l'entreprise) qui ont reculé de 12%.

Supply chain défaillante, contrats à la traine, le F-35 plombe les comptes

Et cela à cause des chasseurs F-35, dont le volume de fabrication ne suivait pas le rythme de production attendu. Le groupe s'était justifié par des retards liés à des difficultés dans la chaîne d'approvisionnement, ainsi que par les délais pour l'approbation et le financement de nouvelles tranches de son contrat avec le ministère américain de la Défense.

Lockheed Martin avait souligné avoir à cet égard conclu un accord de principe avec le Pentagone, mais, les détails étant encore en discussions, cela ne pouvait pas changer les choses sur le bilan comptable.

Pluie de dollars pour le constructeur américain

Au final, cette période chahutée se conclut par un beau jackpot pour Lockheed avec une remontée du cours de Bourse à la clé sur le NYSE. En effet, le ministère américain de la Défense a enfin pris une décision positive, annonçant, par un communiqué des deux parties publié le 19 juillet, la conclusion d'un accord "poignée de mains" avec Lockheed Martin Corp pour la construction d'environ 375 avions de combat F-35 sur trois ans.

"Nous sommes heureux d'annoncer que le ministère et Lockheed Martin ont conclu un accord de poignée de mains pour le prochain achat de lot de F-35 sur une base de 375 appareils", a déclaré William LaPlante, direction des achats d'armement au Pentagone.

Plus tôt dans la journée de lundi, Reuters avait rapporté que le contrat, d'une valeur d'environ 30 milliards de dollars, était sur le point d'être conclu.

Prix fermes et contrats définitifs seront ajustés en fonction du Congrès

Cet accord est intervenu alors que l'industrie aéronautique se réunissait à Farnborough (18-22 juillet), en Angleterre, avec le retour du second salon aéronautique le plus important au monde après Le Bourget, après deux années d'absence à cause de la pandémie de Covid-19.

La finalisation du prix et de l'attribution du contrat ne seront probablement pas verrouillés avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. La valeur finale de l'accord - et le détail du prix de chaque variante d'appareil - restera incertaine un certain temps.

D'autant que, dans cet accord, même le nombre définitif d'avions reste dépendant de tout « ajustement effectué par le Congrès américain dans le budget de l'année fiscale 2023 et de toute commande demandée par les partenaires internationaux », a déclaré le Département de la Défense (DoD).

Un prix à 79 millions de dollars l'unité, contre 221 millions en 2007

Le premier appareil de cette version a coûté 221 millions de dollars lorsqu'il est sorti de la chaîne de production en 2007. Depuis lors, les quantités produites et le savoir-faire ont augmenté, ce qui a permis de faire baisser le prix de ce chasseur furtif de cinquième génération à 79 millions de dollars l'unité, à mesure qu'il gagnait des acheteurs. La version la plus courante est le F-35A, qui vole de manière conventionnelle à partir de pistes d'atterrissage terrestre.

Le constructeur affirme que cette performance sur le prix de vente est due aux mesures d'anticipation industrielles qu'il a prises dès le milieu de la pandémie, et qui permettent de contenir l'effet de très forte inflation qui sévit aux Etats-Unis (l'accélération, évaluée la semaine dernière, aboutit à un taux annuel de +9,1% en juin).

Récents succès dans les appels d'offres internationaux

Selon le lieutenant-général Mike Schmidt de l'armée de l'air américaine, responsable du programme au Joint Program Office du F-35, « le F-35 est l'une des capacités les plus létales, interopérables et évolutives de l'inventaire du DoD. »

Le F-35 a connu plusieurs succès récents dans des appels d'offres internationaux pour la fourniture de chasseurs à réaction, notamment en Finlande, en Suisse et en Allemagne. Parmi les clients potentiels figurent la Grèce et la République tchèque.

(avec Reuters et AFP)