L'aéronautique, le principal atout de la France à l'exportation

Par Pierre-André Buigues  |   |  545  mots
La France est le deuxième exportateur mondial dans l'aéronautique avec 22 % des parts du marché mondial, après les Etats-Unis (35 %). (Photo d'un A330 acheté par la compagnie chinoise China Southern)
L'aéronautique au sens large, civil et militaire et y compris le spatial dégage les excédents les plus importants de la balance française. Mais elle n'est pas sans risque. Par Pierre-André Buigues, Professeur à la Toulouse Business School.

Le secteur aéronautique a évité le pire à la balance commerciale française ces dernières années. L'aéronautique au sens large, civil et militaire et y compris le spatial dégage les excédents les plus importants de la balance française avec un surplus commercial extérieur supérieur à 20,2 milliards d'euros ces dernières années.

La France est le deuxième exportateur mondial dans l'aéronautique avec 22 % des parts du marché mondial, après les Etats-Unis (35 %). L'Allemagne est le troisième exportateur avec 14 % du marché mondial. Contrairement à des secteurs comme l'agroalimentaire ou l'automobile la France a vu sa part de marché augmenter en 10 ans de 8 points. Cependant, un certain nombre de défis s'annonce dans les années qui viennent.

Le pivot français

Le marché mondialisé du transport aérien est de plus en plus celui de l'Asie et un nouvel acteur pourrait venir concurrencer le duopole bien établi Airbus/Boeing. En Europe, le site de production France pourrait aussi perdre certains de ses avantages comparatifs alors que le secteur peine à trouver en France les employés dont il a cruellement besoin.

La  France joue en Europe un rôle pivot d'assembleur. Elle importe des pièces et équipements aéronautiques principalement d'Europe (balance commerciale déficitaire) et exporte des avions entiers (balance largement excédentaire). Depuis l'an 2000 avec le rôle grandissant de Hambourg pour l'assemblage du A320, l'Allemagne prend un poids grandissant dans l'aéronautique européenne.

Le poids de l'Allemagne dans les exportations aéronautiques européennes a fortement augmenté. Ce renforcement de l'Allemagne s'explique bien entendu par le rôle de plus en plus important joué par Hambourg comme lieu d'assemblage pour les A320.

La France conserve son leadership

À l'intérieur même d'Airbus, la question se pose de savoir si le leadership en R&D est passé de la France vers l'Allemagne. Au début des années 2000, la partie française d'Airbus représentait 1,5 fois les dépenses en R&D de la partie allemande, 10 ans plus tard, la partie allemande représentait 1,1 fois les dépenses en R&D de la partie française d'Airbus.

Plus précisément, l'Allemagne est responsable de fabriquer une partie significative du fuselage des appareils Airbus, ainsi que de la cabine et elle a aussi le leadership sur les matériaux utilisés mais la France a gardé le leadership sur des points essentiels comme le cockpit, le pilotage, la navigation et le trafic management.

L'industrie française aéronautique et spatiale est aussi un des rares secteurs industriel où l'emploi évolue positivement et où l'emploi qualifié domine, les ingénieurs et cadres représenteraient 41 % d'emploi total. Cependant, le système de formation à la française ne permet pas de fournir à l'aéronautique les techniciens, les soudeurs, les chaudronniers que ce secteur recherche. Et les problèmes de recrutement sont beaucoup plus difficiles pour les PME, sous-traitants dans l'aéronautique que pour Airbus.

Enfin, cette industrie comporte aussi des risques considérables, étant donné les investissements considérables exigés par le lancement d'un nouvel appareil. On a pu ainsi craindre un échec de l'A380. Chaque lancement d'un nouvel appareil peut aussi poser de gros problèmes techniques comme le montre l'A400M actuellement.

________