Le 737 MAX a déjà coûté à Boeing la somme colossale de 18,4 milliards de dollars

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  532  mots
(Crédits : Reuters)
Le constructeur américain a publié ce mercredi 29 janvier sa première perte nette annuelle depuis 1997 et indiqué que les coûts liés à l'interdiction de vol imposée à son 737 MAX devraient dépasser les 18 milliards de dollars (16,4 milliards d'euros).

Plus de 18 milliards de dollars (18,4 milliards exactement). C'est le coût pharaonique à ce jour de l'immobilisation du B737 MAX, à l'arrêt depuis mars dernier à la suite de deux accidents en l'espace de cinq mois qui ont fait 346 morts, pour lesquels le système anti-décrochage de l'avion est impliqué. Ce montant colossal équivaut ni plus ni moins à celui nécessaire pour lancer des nouveaux programmes d'avions, un exercice plutôt rare en raison de l'ampleur des sommes engagées.

Indemnisations des compagnies

Ce mercredi 29 janvier, à l'occasion de la publication de ses résultats financiers 2019, Boeing a annoncé de nouvelles charges d'environ 9,2 milliards de dollars, un doublement par rapport à ce qui avait été annoncé jusqu'ici. Sur ces 18,4 milliards de dollars, près de la moitié porte sur les indemnisations des compagnies aériennes qui ont dû annuler des dizaines de milliers de vols. L'autre moitié est liée aux coûts de la production qui a été maintenue au rythme élevé de 42 avions par mois jusqu'à fin décembre et aux aides à certains sous-traitants. Et ce n'est peut-être pas terminé. Tout dépendra du calendrier de la remise en service de l'appareil prévu par Boeing, à l'heure actuelle, pour cet été.

"Je pense que nous pouvons tenir ces délais", a assuré  sur CNBC David Calhoun, aux commandes du groupe depuis le 13 janvier.

Pour faire face aux coûts galopants, Boeing a sécurisé un prêt d'au moins douze milliards de dollars auprès de grandes banques américaines, selon l'AFP.

La crise du B737 MAX a fait plonger Boeing dans le rouge, une première depuis 1997. Le constructeur américain a en effet annoncé une perte nette de 636 millions de dollars en 2019, contre un bénéfice net de 10,5 milliards de dollars un an plus tôt. Le chiffre d'affaires a quant à lui dégringolé de 24%, à 76 milliards de dollars.

Hausse des bénéfices dans la Défense et l'Espace

Les pertes auraient été beaucoup plus lourdes sans les bénéfices de l'activité Défense, Espace et Sécurité, qui ont augmenté de près d'un milliard de dollars, à 2,668 milliards, pour un chiffre d'affaires quasiment stable à 26,4 milliards de dollars. Car les résultats de la branche « aviation commerciale » sont en chute libre. Elle a essuyé une perte opérationnelle de 6,6 milliards de dollars, contre un bénéfice de quasiment 8 milliards en 2018. En raison de l'arrêt des livraisons du MAX qui avait suivi le crash d'Ethiopian Airlines le 10 mars, le chiffre d'affaires a reculé l'an dernier de 25 milliards de dollars, à 57,5 milliards de dollars. Les livraisons ont fondu de 53%, passant de 806 appareils en 2018 à 380 en 2019.

Alors qu'il ne peut compter que sur son long-courrier B787 pour faire entrer du cash, Boeing a décidé de réduire la cadence de production de cet appareil en la faisant passer de 14 appareils par mois aujourd'hui à 12 fin 2020 puis 10 en 2021. Une bonne nouvelle pour Airbus. Car le maintien par Boeing de cette cadence élevée engendrait une agressivité tarifaire dans les campagnes commerciales.

Le cours de Bourse de Boeing gagnait plus de 2% dans la journée. Une grande partie des analystes avaient en effet prévu une ardoise supérieure pour le B737 MAX.